L'Arianisme et le Symbole de Nicée : les exigences de la foi (1/2)
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Pouvons-nous imaginer la joie des évêques qui se réunissent à Nicée en 325 sur la demande de l’empereur Constantin ? Pendant trois siècles environ, ils ont été victimes d’injustices et de persécutions de la part du pouvoir impérial et de la société païenne. Certains évêques présents gardent encore les traces des dernières persécutions. Le Concile de Nicée est probablement ressenti comme un triomphe de l’Église sur le paganisme. Contre toute attente, David a encore renversé Goliath. Qui peut expliquer une telle victoire ? Les douze apôtres qu’a envoyés Notre Seigneur Jésus-Christ ont battu les légions romaines et terrassé l’empire de César. Qui l’aurait cru au lendemain des martyrs de Saint Pierre et de Saint Paul ? Qui l’aurait imaginé après la terrible persécution de Néron ou de Dioclétien ? Pourtant, ce premier concile a un goût amer. Les évêques ne sont pas réunis pour célébrer leur victoire. Si elle n’est plus victime de violences ou de haines de la part des païens ou des juifs, l’Église doit affronter une terrible épreuve qui la divise, celle de la première grande hérésie, l’arianisme.
Le déclenchement de l’affaire
out commence en Égypte. Arius est prêtre d’une paroisse du port d’Alexandrie. Il est reconnu comme étant un brillant orateur. Pourtant ses sermons inquiètent des chrétiens. « Il était un temps où il n’était pas », dit-il en parlant du Verbe. Tout part en effet de cette constatation. Dieu le Père est unique et Il est le seul inengendré. Il a engendré le Fils comme l’énonce la Sainte Écriture. Or « si le Père a engendré le Fils, celui-ci a donc dû commencer à exister ; par conséquent il y eut un moment où il n’existait pas »[1]. Arius refuse alors de reconnaître la divinité du Verbe.
Avant d’étudier plus précisément sa doctrine, voyons comment s’enchaînent les événements. Très instructifs, ils révèlent en particulier les démarches en usage dans l’Église pour garantir la communion de foi des communautés chrétiennes.
Troublés par les discours d’Arius, des paroissiens en appellent à Saint Alexandre, l’évêque d’Alexandrie. Ce dernier rassemble alors son clergé pour juger les idées d’Arius. Elles sont reconnues comme étant erronées. Elle s’oppose notamment à une profession de foi en usage à Alexandrie. Cette profession de baptême a été probablement rédigée pour répondre aux erreurs gnostiques qui voyaient en Jésus-Christ un démiurge.
Nous voyons donc que la réaction des paroissiens est de se tourner vers l'évêque. C'est lui l'autorité capable de juger si l'enseignement d'Arius est conforme à la foi. A son tour, l'évêque s'entoure de son clergé et à partir d'un texte ancien, jugé indiscutable, il prononce sa décision.
Le sacrement de baptême nécessite de la part du catéchumène une profession de foi publique. Elle est une formulation des articles de foi à laquelle doit adhérer fermement toute personne qui veut devenir chrétien et entrer dans l’Église. Elle garantit la communion de foi entre les fidèles. Le symbole est une des voix les plus antiques de la Sainte Tradition. C’est donc à la lumière de cette profession de foi que nous pouvons en particulier juger de l’orthodoxie d’une doctrine.
Excommunication d'Arius
Condamné, Arius est prié de se rétracter. Il refuse. Devant son attitude obstinée, Saint Alexandre réunit vers 280 un concile régional qui regroupe les évêques d’Égypte et de Lybie. Refusant de nouveau de se soumettre à ses décisions, il est alors excommunié et expulsé de la ville. Il finit par quitter l’Égypte pour se réfugier chez des amis très influents auprès de la famille impériale. Parmi ses amis et partisans, nous pouvons citer Eusèbe, évêque de Nicomédie et Eusèbe, évêque de Césarée. Sous la protection de personnalités si importantes, il peut répandre ses idées dans l’empire. Tout un parti arien assez puissant se constitue alors.
Selon l’usage de l’époque, Saint Alexandre informe par lettre tous les principaux évêques de l’excommunication d'Arius et de ses partisans en expliquant les raisons de leur condamnation. Il les prie de ne pas les recevoir à la communion ecclésiastique et de lui répondre en renvoyant des lettres de communion. Ces lettres ont un rôle important pour maintenir l’union de foi entre les différents sièges épiscopaux dispersés dans l’Empire romain et au-delà. Suite à cette lettre, l’évêque d’Antioche aurait aussi réuni un concile régional et condamné à son tour la doctrine d'Arius.
Arius fait de même. Il envoie des lettres aux principaux sièges épiscopaux de l’époque pour se défendre et se justifier. Il fait réunir des évêques gagnés à sa cause à Nicomédie qui confirment l’orthodoxie de sa doctrine et dénoncent l’injustice dont il est victime de la part de l’évêque d’Alexandrie. Les membres de ce concile envoient à leur tour une lettre synodale aux principaux évêques
Points importants
La participation à la communion eucharistique est signe de communion de foi. Ce sacrement manifeste ainsi l’unité de l’Église. Il la réalise aussi. Nous retrouvons l’idée du Corps du Christ qui se réalise et vit par ce sacrement ;
l'envoi de lettres synodales entre les sièges épiscopaux est un usage fréquent pour informer des décisions prises dans une région. Elles appellent leurs destinataires à une réponse officielle pour confirmer la communion de foi. Il y a bien des échanges entre les communautés chrétiennes, y compris hors de l’empire romain ;
l'usage des conciles régionaux pour juger de l’orthodoxie d’une doctrine est classique. Ils rassemblent tous les évêques rattachés à un siège important d’une région. Ils permettent d’entendre et de juger les personnes, leurs comportements et leurs doctrines, de trouver des solutions à des problèmes, etc. Toute déviation de foi constatée appelle alors à une rétraction publique. En cas de refus, la personne est excommuniée, c’est-à-dire exclue de la communauté et de la communion eucharistique. La confirmation des sièges épiscopaux fait que cette personne est finalement exclue de l’Église et de toute communion.
Tout cela montre l’importance de la communion de foi pour les évêques qui n’hésitent pas à exclure des personnes lorsque qu’elles persistent dans leurs erreurs. Il y a bien une volonté de préserver la foi de toute déviation. Ce souci n’est pas une nouveauté. Il est en effet particulièrement visible au temps apostolique.
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Pouvons-nous imaginer la joie des évêques qui se réunissent à Nicée en 325 sur la demande de l’empereur Constantin ? Pendant trois siècles environ, ils ont été victimes d’injustices et de persécutions de la part du pouvoir impérial et de la société païenne. Certains évêques présents gardent encore les traces des dernières persécutions. Le Concile de Nicée est probablement ressenti comme un triomphe de l’Église sur le paganisme. Contre toute attente, David a encore renversé Goliath. Qui peut expliquer une telle victoire ? Les douze apôtres qu’a envoyés Notre Seigneur Jésus-Christ ont battu les légions romaines et terrassé l’empire de César. Qui l’aurait cru au lendemain des martyrs de Saint Pierre et de Saint Paul ? Qui l’aurait imaginé après la terrible persécution de Néron ou de Dioclétien ? Pourtant, ce premier concile a un goût amer. Les évêques ne sont pas réunis pour célébrer leur victoire. Si elle n’est plus victime de violences ou de haines de la part des païens ou des juifs, l’Église doit affronter une terrible épreuve qui la divise, celle de la première grande hérésie, l’arianisme.
Cette histoire qui remonte aux premiers temps du christianisme est encore d’une très grande importance. Elle fait partie de notre culture. Elle est aussi une connaissance précieuse pour nous éloigner de l’erreur arienne puisque l’arianisme a tendance à renaître quand la foi sommeille. Elle est en effet encore d’actualité. Si elle est mal comprise, cette histoire peut aussi induire des erreurs et se retourner contre notre foi. La notion de développement dogmatique pourrait être mal comprise. Cet article a donc pour but de rafraîchir ou d’enrichir nos connaissances dans un but apologétique.
Nous connaissons l’arianisme et le déroulement du Concile de Nicée grâce à des documents officiels (symbole, liste des évêques, lettre synodale, décret), à des témoins catholiques et ariens, et à des historiens proches de l'événement. Ils ont aussi donné lieu à de nombreuses études tant dogmatiques qu’historiques. Les sources reconnues généralement authentiques sont particulièrement abondantes.Le déclenchement de l’affaire
out commence en Égypte. Arius est prêtre d’une paroisse du port d’Alexandrie. Il est reconnu comme étant un brillant orateur. Pourtant ses sermons inquiètent des chrétiens. « Il était un temps où il n’était pas », dit-il en parlant du Verbe. Tout part en effet de cette constatation. Dieu le Père est unique et Il est le seul inengendré. Il a engendré le Fils comme l’énonce la Sainte Écriture. Or « si le Père a engendré le Fils, celui-ci a donc dû commencer à exister ; par conséquent il y eut un moment où il n’existait pas »[1]. Arius refuse alors de reconnaître la divinité du Verbe.
Avant d’étudier plus précisément sa doctrine, voyons comment s’enchaînent les événements. Très instructifs, ils révèlent en particulier les démarches en usage dans l’Église pour garantir la communion de foi des communautés chrétiennes.
Troublés par les discours d’Arius, des paroissiens en appellent à Saint Alexandre, l’évêque d’Alexandrie. Ce dernier rassemble alors son clergé pour juger les idées d’Arius. Elles sont reconnues comme étant erronées. Elle s’oppose notamment à une profession de foi en usage à Alexandrie. Cette profession de baptême a été probablement rédigée pour répondre aux erreurs gnostiques qui voyaient en Jésus-Christ un démiurge.
Nous voyons donc que la réaction des paroissiens est de se tourner vers l'évêque. C'est lui l'autorité capable de juger si l'enseignement d'Arius est conforme à la foi. A son tour, l'évêque s'entoure de son clergé et à partir d'un texte ancien, jugé indiscutable, il prononce sa décision.
Le sacrement de baptême nécessite de la part du catéchumène une profession de foi publique. Elle est une formulation des articles de foi à laquelle doit adhérer fermement toute personne qui veut devenir chrétien et entrer dans l’Église. Elle garantit la communion de foi entre les fidèles. Le symbole est une des voix les plus antiques de la Sainte Tradition. C’est donc à la lumière de cette profession de foi que nous pouvons en particulier juger de l’orthodoxie d’une doctrine.
Excommunication d'Arius
Condamné, Arius est prié de se rétracter. Il refuse. Devant son attitude obstinée, Saint Alexandre réunit vers 280 un concile régional qui regroupe les évêques d’Égypte et de Lybie. Refusant de nouveau de se soumettre à ses décisions, il est alors excommunié et expulsé de la ville. Il finit par quitter l’Égypte pour se réfugier chez des amis très influents auprès de la famille impériale. Parmi ses amis et partisans, nous pouvons citer Eusèbe, évêque de Nicomédie et Eusèbe, évêque de Césarée. Sous la protection de personnalités si importantes, il peut répandre ses idées dans l’empire. Tout un parti arien assez puissant se constitue alors.
Selon l’usage de l’époque, Saint Alexandre informe par lettre tous les principaux évêques de l’excommunication d'Arius et de ses partisans en expliquant les raisons de leur condamnation. Il les prie de ne pas les recevoir à la communion ecclésiastique et de lui répondre en renvoyant des lettres de communion. Ces lettres ont un rôle important pour maintenir l’union de foi entre les différents sièges épiscopaux dispersés dans l’Empire romain et au-delà. Suite à cette lettre, l’évêque d’Antioche aurait aussi réuni un concile régional et condamné à son tour la doctrine d'Arius.
Arius fait de même. Il envoie des lettres aux principaux sièges épiscopaux de l’époque pour se défendre et se justifier. Il fait réunir des évêques gagnés à sa cause à Nicomédie qui confirment l’orthodoxie de sa doctrine et dénoncent l’injustice dont il est victime de la part de l’évêque d’Alexandrie. Les membres de ce concile envoient à leur tour une lettre synodale aux principaux évêques
Points importants
La participation à la communion eucharistique est signe de communion de foi. Ce sacrement manifeste ainsi l’unité de l’Église. Il la réalise aussi. Nous retrouvons l’idée du Corps du Christ qui se réalise et vit par ce sacrement ;
l'envoi de lettres synodales entre les sièges épiscopaux est un usage fréquent pour informer des décisions prises dans une région. Elles appellent leurs destinataires à une réponse officielle pour confirmer la communion de foi. Il y a bien des échanges entre les communautés chrétiennes, y compris hors de l’empire romain ;
l'usage des conciles régionaux pour juger de l’orthodoxie d’une doctrine est classique. Ils rassemblent tous les évêques rattachés à un siège important d’une région. Ils permettent d’entendre et de juger les personnes, leurs comportements et leurs doctrines, de trouver des solutions à des problèmes, etc. Toute déviation de foi constatée appelle alors à une rétraction publique. En cas de refus, la personne est excommuniée, c’est-à-dire exclue de la communauté et de la communion eucharistique. La confirmation des sièges épiscopaux fait que cette personne est finalement exclue de l’Église et de toute communion.
Tout cela montre l’importance de la communion de foi pour les évêques qui n’hésitent pas à exclure des personnes lorsque qu’elles persistent dans leurs erreurs. Il y a bien une volonté de préserver la foi de toute déviation. Ce souci n’est pas une nouveauté. Il est en effet particulièrement visible au temps apostolique.
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