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    Cathéchisme de TRENTE première partie

    Paul Pierre
    Paul Pierre


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    Cathéchisme de TRENTE  première partie Empty Cathéchisme de TRENTE première partie

    Message par Paul Pierre Lun 28 Fév - 11:48

    PREMIÈRE PARTIE — DU SYMBOLE DES APOTRES


    Chapitre premier — De la Foi et du Symbole en général


    I— De la Foi

                  Le  mot  de  Foi  dans  la  Sainte  Ecriture  a  plusieurs  significations.  Ici  nous  le  prenons pour cette vertu par laquelle nous donnons un assentiment plein et entier aux vérités révélées de Dieu. Personne ne peut raisonnablement douter que cette Foi dont nous parlons ne soit nécessaire pour le salut, car il est écrit: Sans la Foi, il est impossible de plaire à Dieu. En effet, la fin dernière de l’homme c’est-à-dire  le  bonheur  auquel  il  doit  tendre —  est  beaucoup  trop  élevée  pour  qu’il puisse la découvrir par les seules lumières de son esprit. Il était donc nécessaire que Dieu Lui-même  lui  en  donnât  la connaissance. Or cette connaissance n’est autre chose que la Foi, par laquelle, et sans hésitation aucune, nous tenons pour certain tout ce que l’autorité de la Sainte Eglise notre mère nous propose comme révélé  de  Dieu.  Car  il  est  impossible  de  concevoir  le  moindre  doute  sur  les  choses qui viennent de Dieu, puisqu’Il est la Vérité même. De là, il est facile de comprendre combien la Foi que nous avons en Dieu est différente de celle que nous  accordons  au  témoignage  des  historiens  qui  nous  racontent  des  faits purement  naturels.  Mais  si  la  Foi  admet  des  degrés  divers  en  étendue  et  en  excellence, comme il paraît dans ces passages de l’Ecriture: Homme de peu de Foi,  pourquoi  avez-vous  douté?
    —  Votre  Foi  est  grande.  
    —  Augmentez  en  nous la Foi.
    — La Foi sans les œuvres est une Foi morte.
    — La Foi qui opère par  la  charité.
    —  elle  ne  reconnaît  aucune  diversité  d’espèces,  et  la  même  définition convient parfaitement à tous les degrés qu’elle peut avoir. Quant aux fruits qu’elle produit et aux avantages qu’elle nous procure, nous le dirons dans l’explication de chacun des articles.

    II —  DU SYMBOLE.

                 Ce  que  les  Chrétiens  doivent  savoir  tout  d’abord,  ce  sont  les  vérités  que  les  Saints  Apôtres,  nos  maîtres  et  nos  guides  dans  la  Foi,  inspirés  par  l’Esprit  de  Dieu,  ont  renfermées  dans  les  douze  articles  du  Symbole.  Après  avoir  reçu  de  Notre-Seigneur l’ordre d’aller remplir pour lui les fonctions d’ambassadeurs, et de se répandre dans le monde entier pour prêcher l’Evangile à toute créature, 7ils  jugèrent  convenable  de  composer  une  formule  de  Foi  chrétienne,  afin  que  tous  eussent  la  même  croyance  et  le  même  langage,  qu’il  n’y  eût  ni  division schisme  parmi  ceux  qu’ils  -allaient  appeler  à  la  même  Foi,  et  que  tous  fussent  consommés  dans  un  même  esprit  et  un  même sentiment. Et cette profession de Foi et d’Espérance chrétienne qu’ils avaient composée, ils l’appelèrent Symbole, soit  parce  qu’ils  la  formèrent  de  l’ensemble  des  vérités  différentes  que  chacun  d’eux  formula,  soit  parce  qu’ils  voulurent  s’en  servir  comme  d’une  marque,  et  d’un  mot  d’ordre,  qui  leur  ferait  distinguer  aisément  les  vrais  soldats  de  Jésus-Christ  des  déserteurs  et  des  faux  frères,  qui  se  glissaient  dans  l’Eglise,  pour corrompre l’Evangile.

    III — ARTICLES DU SYMBOLE.

                   Les  vérités  due  la  Foi  chrétienne  enseigne  et  que  les  Fidèles  sont  obligés  de  croire  fermement,  sort  en  particulier,  soit  en  général,  sont  assez  nombreuses.  Mais  la  première  et  la  plus  essentielle  de  toutes,  celle  qui  est  en  même  temps  comme  le  fondement  et  le  faîte  de  l’édifice,  et  que  eu  Lui-même  nous  a enseignée, c’est l’unité de l’Essence divine, la distinction des trois Personnes, et la  diversité  des  opérations  que  l’on  attribue  plus  particulièrement  à  chacune  d’Elles.  Le  Pasteur  montrera  que  toute  la  doctrine  de  ce  Mystère  est renfermée en  abrégé  dans  le  Symbole  des  Apôtres.  En  effet,  ainsi  que  l’ont  remarqué  nos  ancêtres,  qui  ont  traité  ces  matières  avec  beaucoup  de  soin  et  de  piété,  le Symbole  semble  précisément  avoir  été  divisé  en  trois  parties,  afin  que  dans  la  première  il fut question de la première Personne divine et de l’œuvre admirable de la Création; dans la Seconde, de la seconde Personne divine et du mystère de la  Rédemption  des  hommes;  dans  la  troisième  enfin,  de  la  troisième  Personne  divine, source et principe de notre Sanctification. Ces trois parties sont distinctes quoique  liées  entre  elles.  D’après  une  comparaison  souvent  employée  par  les  Pères, nous les appelons articles. De même, en effet, que dans nos membres il y a certaines articulations  qui  les  distinguent et les séparent, de même, dans cette profession  de  Foi,  on  a  donné  avec  beaucoup  de  justesse  et  de  raison  le  nom  d’articles  aux  vérités  que  nous  devons  croire  en  particulier  et  d’une  manière  distincte.
    Paul Pierre
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    Cathéchisme de TRENTE  première partie Empty Re: Cathéchisme de TRENTE première partie

    Message par Paul Pierre Lun 28 Fév - 11:50


    Chapitre deuxième — Premier article du Symbôle



    JE CROIS EN DIEU LE PÈRE TOUT PUISSANT,CRÉATEUR DU CIEL ET DE LA TERRE.



                          Voici  le  sens  de  ces  paroles:  je  crois  fermement  et  je  confesse  sans  aucune hésitation  Dieu  le  Père,  c’est-à-dire  la  première  Personne  de  la  Sainte  Trinité,  qui par sa vertu toute puissante  a  créé  de  rien  le  ciel  et  la  terre  et  tout  ce  qu’ils  renferment, et qui, après avoir tout créé, conserve et gouverne toutes choses. Et non seulement je  crois  en  Lui  de  cœur  et  je  Le  confesse  de  bouche, mais encore je tends à Lui de toute l’ardeur et de toute la force de mon âme, comme au Bien souverain et parfait. Ce premier article n’est pas long; mais chacun des mots qui le composent cache de grands mystères. Et ces mystères, c’est au Pasteur à les approfondir  et  à  les  expliquer  avec  le  plus  grand  soin,  afin  que  les  Fidèles  ne  viennent,  s’il  plaît  à  Dieu,  qu’avec  crainte  et  tremblement,  contempler  la  gloire  de son infinie Majesté.  

    I. — JE CROIS. 

                                  Croire  ici  n’est  pas  la  même  chose  que  penser,  imaginer,  avoir  une  opinion.  C’est, selon l’enseignement de nos Saints Livres, un acquiescement très ferme, inébranlable  et  constant  de  notre  intelligence  aux  mystères  révélés  de  Dieu.  Ainsi, en ce qui nous occupe en ce moment, celui-là croit qui s’est formé sur une vérité quelconque une conviction et une certitude exemptes de tout doute. Et qu’on n’aille pas s’imaginer que la connaissance qui nous vient de la Foi soit moins certaine, sous le prétexte que nous ne voyons pas les vérités qu’elle nous propose  à  croire.  Si  la  lumière  divine  qui  nous  les  fait  connaître  ne  nous  en  donne  pas  l’évidence,  cependant  elle  ne  nous  permet  pas  d’en  douter:  Car  le  même  Dieu  qui  a  fait  sortir  la  lumière  des  ténèbres,  a  éclairé  assez  nos  cœurs  pour que l’Évangile ne fût point voilé pour nous, comme il l’est pour ceux qui périssent.Il suit de là que celui qui est en possession de cette connaissance céleste de la Foi,  est  délivré  du  désir  des  investigations  de  pure  curiosité.  Car  lorsque  Dieu  nous a ordonné de croire, Il ne nous a point proposé de scruter ses jugements, ni d’en  examiner  les  raisons  et  les  motifs,  mais  Il  nous  a  commandé  cette  Foi immuable  par  laquelle  notre  esprit  se  repose  entièrement  dans  la  connaissance  qu’il a de la vérité éternelle. En effet, Dieu seul est véritable, dit  l’Apôtre,et tout homme est menteur. Si donc il y a de l’orgueil et de l’insolence à ne point ajouter  foi  aux  affirmations  d’un  homme  sage  et  prudent,  et  à  exiger  qu’il prouve ce qu’il avance par des raisons ou par des témoins, quelle ne sera pas la témérité,  ou  plutôt  la  folie  de  celui  qui,  entendant  la  voix  de  Dieu  Lui-même,osera  demander  lek  preuves  de  la  céleste  doctrine  du  salut?  II  faut  donc  faire  notre acte de Foi, non seulement sans aucun doute, mais encore sans chercher de démonstration. Le Pasteur enseignera également que celui qui dit: Je  crois, exprimant par cette parole  l’assentiment  intime  de  son  esprit,  qui  est  l’acte  intérieur  de  la  Foi,  ne  doit point se borner à cet acte de Foi, mais qu’il est tenu de manifester au dehors par  une  profession  ouverte  les  sentiments  qu’il  porte  dans  son  cœur,  comme  aussi  de  les  avouer  et  de  les  publier  devant  tout  le  monde  avec  joie  et empressement.  tous  les  Fidèles  doivent  avoir  cet  esprit  qui  inspirait  le  Prophète  quand  il  disait:J’ai  cru,  et  c’est  pourquoi  j’ai  parlé.  Ils  doivent  imiter  les  Apôtres  qui  répondaient  aux  princes  du  peuple:  4Nous ne pouvons pas ne pas dire  ce  que  nous  avons  vu  et  entendu,  et  s’encourager  soit  par  ces  admirables  paroles de Saint Paul: 5Je ne rougis point de l’Évangile, car il est la force et la vertu de Dieu  pour  sauver  tous  les  croyants;  soit  par  celles-ci  qui  prouvent  particulièrement  la  vérité  que  nous  établissons: 6On  croit  de  cœur  pour  être  justifié, mais on confesse de bouche pour être sauvé

    II. — EN DIEU.

                             Ces  paroles  nous  font  connaître  immédiatement  l’excellence  et  la  dignité  de  la  sagesse chrétienne, et par là même tout ce que nous devons à la bonté divine, qui daigne  nous  élever  par  les  vérités  de  la  Foi,  comme  par  autant  de  degrés,  à  la  connaissance  de  l’objet  le  plus  sublime  et  le  plus  désirable.  Il  y  a  en  effet  une  différence  énorme  entre  la  philosophie  chrétienne  et  la  sagesse  du  siècle.  Cette  dernière, guidée par la seule lumière naturelle, peut bien, il est vrai, s’élever peu à peu, à l’aide des effets et des perceptions des sens; mais elle ne parvient qu’à force  de  travaux  et  de  peines  à  contempler  les  choses  invisibles  de  Dieu,  à  Le  reconnaître et à Le comprendre comme la cause et l’Auteur de tout ce qui existe. La  première,  au  contraire,  augmente  tellement  la  pénétration  naturelle de l’esprit,  qu’il  peut  aisément  s’élever  jusqu’au  ciel,  et  là,  grâce  à  la  splendeur  divine qui l’éclaire, contempler tout d’abord le foyer éternel de toute lumière, et ensuite  les  autres  choses  placées  au-dessous  de  lui.  nous  éprouvons  alors  avec  une  joie  parfaite  que  nous  avons  été  appelés  réellement  des  ténèbres  à  une admirable  lumière,  comme  dit  le  prince  des  Apôtres,  et  que  notre Foi nous cause un ravissement ineffable. C’est donc avec raison que les Fidèles font d’abord profession de croire en Dieu, dont  la  Majesté,  selon  l’expression  de  Jérémie est  incompréhensible,  qui habite, dit à son tour l’Apôtre , une lumière inaccessible, que personne n’a vu ni ne peut voir; Dieu enfin que nul homme ne pourrait voir sans mourir, comme II  le  dit  lui-même  à  Moïse.  C’est  qu’en  effet,  pour  que  notre  âme  puisse  s’élever  jusqu’à  Dieu  qui  est  infiniment  au-dessus  de  tout,  il  faut  de  toute  nécessité  qu’elle  soit  entièrement  dégagée  des  sens.  Mais  cela  ne  lui  est  pas possible naturellement en cette vie. Malgré tout, Dieu ne s’est pas laissé Lui-même sans témoignage, dit l’Apôtre, car  c’est  Lui  qui nous  fait  du  bien,  qui  nous  envoie  les  pluies  du  ciel  et  les  saisons  favorables  aux,  fruits;  c’est  Lui  qui  nous  donne  en  abondance  la nourriture  dont  nous  avons  besoin  et  qui  remplit  nos  cœurs  de  joie.  Voilà  pourquoi  les  philosophes  n’ont  pu  concevoir  en  Lui  rien  d’imparfait;  ils  ont repoussé bien loin comme indigne de Lui toute idée de corps, de mélange et de composition.  Ils  ont  placé  en  Lui  la  plénitude  de  tous  les  biens,  et  ils  L’ont regardé comme cette source inépuisable et perpétuelle de bonté et de charité qui répand  sur  toutes  les  créatures  ce  que  nous  y  voyons  de  beau  et  de  parfait;  ils  L’ont  appelé  le  Sage,  l’Auteur  et  l’Ami  de  la  vérité,  le  Juste,  le  Bienfaiteur suprême. Ils Lui ont donné plusieurs autres noms qui renferment la souveraine et absolue perfection. Enfin ils ont reconnu en Lui une puissance immense, infinie, qui s’étend à tout et partout. Mais ces vérités sont bien plus solidement établies, et plus clairement exprimées dans  nos  saintes  Lettres,  comme  par  exemple  dans  ces  passages:Dieu est esprit; ou bien, soyez parfait comme votre Père céleste est parfait. — tout est à nu et à découvert devant ses yeux. — Profondeur des trésors de la sagesse et de la science de Dieu. — Dieu est Vérité.— Je suis la Voie, la Vérité et la Vie. — Votre droite, Seigneur, est pleine de justice. — Vous ouvrez la main et Vous remplissez de bénédictions tout ce qui respire. — Où irai-je  pour me cacher à votre esprit? Où fuirai-je devant votre face? Si je monte au ciel, Vous y  êtes;  si  je  descends  dans  les  enfers,  je  Vous  y  trouve;  si  le  matin  je  prends  mes  ailes  pour  voler  jusqu’aux  extrémités  de  la  mer,  c’est  votre  main  qui  m’y  conduit. Enfin Dieu nous dit Lui-même: est-ce que Je ne remplis pas le ciel et la terre?
    Telles sont les conceptions vraiment grandes et magnifiques que les philosophes eux-mêmes  se  sont  formées  de  la  nature  de  Dieu  par  l’observation  du  monde  créé,  et  qui  se  trouvent  si  conformes  à  l’enseignement  de  nos  Livres  saints.  Et  cependant, pour comprendre combien nous avions besoin, même sur ce point, de la  révélation  d’en  haut,  il  nous  suffira  de  remarquer  que  ce  qui  fait  l’excellence  de  la  Foi,  ce  n’est  pas  seulement,  comme  nous  l’avons  déjà  dit,  de  dévoiler  promptement  et  sans  peine  aux  plus  ignorants  et  aux  plus  grossiers  la  science  que  de  longues  études  seules  pourraient  faire  connaître  aux  savants;  mais  de plus la connaissance qu’elle nous donne de la vérité est bien plus certaine, plus claire  et  plus  exempte  d’erreur,  que  si  elle  était  le  résultat  des  raisonnements  humains. Mais c’est surtout dans la notion qu’elle nous fournit de la substance divine   que   nous   touchons   du   doigt   sa   supériorité.   En   effet,   la   simple contemplation  de  la  nature  ne  peut  pas  faire  connaître  Dieu  à  tout  le  monde,  tandis  que  la  lumière  de  la  Foi  Le  révèle  toujours  d’une  manière  infaillible  à  ceux qui croient. Or,  tout  ce  que  la  Foi  nous  enseigne  sur  Dieu  est  contenu  dans  les  articles  du  Symbole. nous y trouvons l’unité dans l’Essence divine et la distinction dans les trois  Personnes.  nous  y  voyons  de  plus  que  Dieu  est  notre  fin  dernière  et  que  c’est  de  Lui  que  nous  devons  attendre  un  bonheur  céleste  et  éternel,  selon  la  parole  de  Saint  Paul,  que Dieu  récompense  ceux  qui  Le  cherchent.  Et bien longtemps  avant  l’Apôtre,  le  Prophète  Isaïe,  pour  faire  entendre  quelle  est  la  grandeur  de  cette  béatitude,  et  combien  l’intelligence  humaine  est  incapable  de  la  connaître  par  elle-même, avait soin de nous dire: Non, depuis l’origine des siècles, les hommes n’ont point conçu, l’oreille n’a point entendu, aucun œil n’a vu, excepté vous, Seigneur, ce que Vous avez préparé à ceux qui Vous aiment.D’après ce que nous venons de dire, il faut faire profession d’admettre qu’il n’y a  qu’un  seul  Dieu,  et  non  plusieurs.  nous  reconnaissons  que  Dieu  est  la  bonté  souveraine et la perfection même. Or, il est impossible que la perfection absolue convienne  à  plusieurs.  Car  celui  qui  manque  de  la  moindre  chose  pour  arriver  jusqu’au  souverain  et  à  l’absolu,  est  par  là  même  imparfait,  donc  il  ne  saurait  être  Dieu.  Cette  vérité  est  affirmée  en  maints  endroits  dans  la  sainte  Ecriture.  Ainsi, il est écrit: Ecoute  Israël,  le  Seigneur  notre  Dieu  est  le  seul  Dieu.  De plus, c’est un précepte du Seigneur: Vous n’aurez point d’autres dieux devant Moi. Souvent Dieu nous fait entendre par le Prophète Isaïe qu’Il est le premier et le dernier, et qu’il n’y a point d’autre Dieu que Lui. Enfin l’Apôtre Saint Paul atteste aussi très nettement qu’il n’y a qu’un Seigneur, une Foi, un Baptême.
    L’Ecriture  sainte  donne  parfois  le  nom  de  dieux  à  des  êtres  créés.  n’en  soyons  pas étonnés. Car lorsqu’elle appelle dieux les Prophètes et les Juges, ce n’est pas dans  le  sens  absurde  et  impie  des  païens  qui  se  sont  forgé  plusieurs  divinités,  c’est  simplement  pour  exprimer,  selon  cette  façon  habituelle  de  parler,  ou quelque qualité éminente, ou bien une fonction sublime à laquelle Dieu les avait élevés. —  La  Foi  chrétienne  croit  donc  et  professe  qu’il  n’y  a  qu’un  seul  Dieu,  par nature, par substance et par essence. C’est la définition même du Concile de Nicée,  qui  a  voulu  confirmer  cette  vérité  dans  son  Symbole.  Puis,  s’élevant  encore  plus  haut,  cette  même  Foi  chrétienne  reconnaît  l’unité  de  Dieu,  tout en adorant en même temps la Trinité dans son unité, et l’unité dans sa Trinité. C’est le  Mystère  dont  nous  avons  maintenant  à  nous  occuper,  d’après  les  termes suivants du Symbole

    III. — LE PÈRE.

                                  On  donne  à  Dieu  le  nom  de  Père  pour  plusieurs  raisons.  Il  convient  donc d’expliquer  tout  d’abord  en  quel  sens  on  le  Lui  attribue  plus  spécialement  ici.  Quelques-uns, même de ceux dont la Foi n’avait pas éclairé les ténèbres, avaient compris cependant que Dieu est une substance éternelle, que tout émane de Lui, qu’Il  gouverne  et  conserve,  par  sa  Providence,  l’ordre  et  l’état  de  tout  ce  qui  existe.  Et  de  là,  voyant  que  les  hommes  appellent  Père  celui  qui  est  l’auteur  d’une famille, et qui continue de la diriger par ses conseils et par son autorité, ils donnèrent  également  ce  nom  de  Père  à  Dieu,  qu’ils  reconnaissaient  comme  le  Créateur et le Gouverneur de toutes choses. Les Saintes Ecritures elles-mêmes emploient ce mot lorsque, en parlant de Dieu elles  Lui  attribuent  la  Création,  la  Puissance  suprême  et  cette  Providence qui régit  si  admirablement  l’univers.  nous  y  lisons  en  effet: N’est-ce  pas  le Seigneur  qui  est  votre  Père,  qui  est  votre  Maître  qui  vous  a  faits  et  tirés  du  néant? Et aussi:N’est-ce pas Lui qui est notre seul Père? n’est-ce pas Dieu seul qui nous a créés?Mais  c’est  dans  les  livres  du  nouveau  testament  qu’Il  est  appelé  bien  plus souvent  et  d’une  manière  bien  plus  spéciale  le  Père  des  Chrétiens,  puisqu’ils n’ont pas reçu l’esprit de servitude qui fait vivre dans la crainte, mais l’esprit d’adoption des enfants de Dieu, par lequel nous crions: Père!  Père! Car le  Père  nous  a  témoigné  tant  d’amour  que  nous  sommes  appelés,  et  que  nous  sommes réellement les enfants de Dieu. Que si nous sommes enfants, nous sommes héritiers de Dieu, et cohéritiers de Jésus Christ , qui est le premier-né de plusieurs frères et qui ne rougit pas de nous appeler ses frères.
    Ainsi,  soit  que  l’on  considère  Dieu  d’une  manière  générale  par  rapport  à  la création  et  à  la  Providence,  soit  qu’on  s’arrête  spécialement  à  l’adoption spirituelle  (qu’il  a  faite)  des  Chrétiens,  c’est  à  bon  droit  que  les  Fidèles  font  profession de Le reconnaître pour leur Père. Mais outre ces explications que nous venons de donner, le Pasteur ne manquera pas d’avertir les Fidèles qu’en entendant prononcer ce nom de Père, ils doivent élever leurs âmes vers des mystères plus sublimes encore. En effet tout ce qu’il y a de plus caché et de plus impénétrable dans cette lumière inaccessible que Dieu habite, ce que la raison et l’intelligence humaine ne pouvaient ni atteindre, ni même soupçonner, les oracles divins commencent à nous le faire entrevoir par ce nom de Père. Ce  nom  nous  indique  qu’il  faut  admettre  dans  l’Essence  divine,  non  une  seule  Personne,  mais  plusieurs  réellement  distinctes.  Il  y  a  en  effet  trois  Personnes  dans  une  seule  et  même  Divinité:  celle  du  Père  qui  n’est  engendré  d’aucune autre;  celle  du  Fils  qui  est  engendré  du  Père  avant  tous  les  siècles;  celle  du  Saint  Esprit  qui  procède  du  Père  et  du  Fils,  de  toute  éternité.  Le  Père  est  dans  l’unité  de  la  nature  divine  la  première  Personne,  et  avec  son  Fils  unique  et  le  Saint  Esprit  il  forme  un  seul  Dieu,  un  seul  Seigneur non  point  une  seule  Personne,  mais  une  seule  nature  en  trois  Personnes.  Et  il  n’est  pas  permis  de  penser  qu’il  y  ait  entre  ces  Personnes  la  moindre  différence,  la  moindre inégalité:  toute  la  distinction  que  l’on  peut  concevoir  entre  elles  vient  de  leurs  propriétés  respectives.  Le  Père  n’est  point  engendré;  le  Fils  est  engendré  du Père; le Saint Esprit procède de l’un et de l’autre. Ainsi nous reconnaissons une seule  et  même  nature,  une  seule  et  même  substance  pour  les  trois  Personnes,  38mais de telle sorte que dans notre profession de Foi relative au Dieu véritable et éternel,   nous   adorons   avec   toute   la   piété   et   tout   le   respect   possibles,   la distinction  dans  les  Personnes,  l’unité  dans  la  Substance,  et  l’égalité  dans  la  Trinité. Voilà pourquoi, lorsque nous disons que le Père est la première Personne, il ne faut  pas  croire  que  nous  entendons  supposer  dans  la  Trinité  quelque  chose  de  premier  et  de  dernier,  de  plus  grand  et  de  plus  petit.  A  Dieu  ne  plaise  qu’une  pareille  impiété  entre  jamais  dans  l’esprit  des  Fidèles,  puisque  la  Religion chrétienne proclame dans les trois Personnes la même éternité, la même gloire et la  même  majesté.  Mais  comme  le  Père  est  le  principe  sans  principe,  nous affirmons  avec  vérité  et  sans  aucune  hésitation  qu’Il  est  la  première  Personne; et parce qu’Il n’est distingué des autres Personnes que par la propriété de Père, c’est  à  Lui seul  aussi  qu’il  appartenait  d’engendrer  le  Fils  de  toute  éternité.  Aussi c’est pour nous faire souvenir en même temps que Dieu a toujours été, et qu’Il a toujours été Père que nous joignons ensemble, dans cette profession de Foi, et le nom de Dieu et le nom de Père. Mais comme il n’y a rien de plus périlleux que de chercher à pénétrer des vérités si  hautes  et  si  délicates,  ni  de  plus  grave  que  de  se  tromper  en  voulant  les  exprimer,  le  Pasteur  aura  soin  d’enseigner  aux  Fidèles  qu’ils  doivent  retenir scrupuleusement les mots d’Essence et de Personne, consacrés en quelque sorte à  l’expression  propre  de  ce  Mystère,  et  ne  point  oublier  que  l’unité  est  dans  l’Essence et la distinction dans les Personnes. De plus, il faut éviter sur ce point les  recherches  subtiles  et  curieuses,  selon  cette  parole: Celui  qui  voudra scruter  la  majesté  sera  accablé  par  l’éclat  de  la  gloire.  Il  doit  nous  suffire  de  savoir  d’une  manière  certaine  par  la  Foi  que  Dieu  Lui-même  nous  a  enseigné  cette vérité, (car ne pas croire à ses oracles serait une insigne folie et un malheur extrême). Allez,  dit  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  à  ses  Apôtres, enseignez toutes  les  nations,  baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. —Et  l’Apôtre  Saint  Jean  nous  dit  également: Il  y  en  a  trois  qui  rendent témoignage dans le ciel, le Père, le Verbe et l’Esprit, et ces trois ne font qu’Un.Que celui donc qui par la grâce de Dieu croit ces vérités, prie avec persévérance et conjure Dieu le Père qui a créé toutes choses de rien, qui dispose tout pour notre  bonheur,qui  nous  a  donné  le  pouvoir  de  devenir  ses  enfants,  qui  a  révélé  à  l’esprit  de  l’homme  le  mystère  de  la  Sainte  Trinité,  oui,  qu’il  demande  sans  cesse  la  grâce  d’être  admis  un  jour  dans  les  tabernacles  éternels,  pour  y  contempler cette  ineffable  fécondité  du  Père  qui,  en  se  considérant  et  en  se connaissant Lui-même,  engendre  un  Fils  qui  Lui  est  égal  et  semblable; pour y contempler aussi ce bien éternel et indissoluble par lequel l’esprit de charité qui est  l’Esprit-Saint, amour parfaitement égal du Père et du Fils, procédant de l’un et  de  l’autre,  unit  ensemble  et  toujours  Celui  qui  engendre  et  Celui  qui  est engendré; pour y voir enfin l’unité d’Essence dans la Trinité divine et la parfaite distinction dans les trois Personnes

    IV. — TOUT PUISSANT

                                   Les Saintes Ecritures emploient ordinairement différents mots pour exprimer la Puissance  infinie  de  Dieu  et  sa  Majesté  souveraine,  afin  de  nous  montrer  avec  quelle religion et quelle piété nous devons honorer ce nom trois fois saint. Mais le  Pasteur  aura  soin  d’enseigner  avant  tout  que  la  perfection  qui  Lui  est  le  plus  fréquemment attribuée est celle de Tout-Puissant. Parlant de Lui-même Dieu dit Je  suis  le  Seigneur  Tout-Puissant.  Et  Jacob  envoyant  ses  fils  vers  Joseph faisait cette prière: Puisse mon Dieu Tout-Puissant le fléchir à votre égard! Il est écrit dans l’Apocalypse: Le Seigneur Tout-Puissant qui est, qui était et qui doit venir. Ailleurs: Le  grand  jour  est  appelé  le  jour  du  Dieu  Tout Puissant. D’autres  fois,  plusieurs mots  servent  à  signifier  la  même  chose.  Ainsi  par exemple: Rien n’est impossible à Dieu .La main de Dieu peut-elle, être impuissante? Vous pouvez, Seigneur, tout ce que Vous voulez. Et plusieurs autres   expressions   qui,   sous   des   formes   différentes,   sont   de   véritables synonymes du mot Tout-Puissant. Nous  entendons  donc  par  là  qu’il  n’existe  rien,  que  l’esprit  ne  peut  rien concevoir, que l’imagination ne peut rien se figurer, que Dieu n’ait le pouvoir de réaliser.  Car  non  seulement  il  peut  opérer  tous  ces  prodiges  qui  tout  grands qu’ils sont, ne dépassent pas néanmoins nos conceptions d’une manière absolue, comme  de  faire  tout  rentrer  dans  le  néant,  ou  de  créer  de  rien,  en  un  instant,  plusieurs  autres  mondes;  mais  sa  Puissance  s’étend  aussi  à  une  foule d’autres choses  beaucoup  plus  hautes  que  la  raison  et  l’intelligence  de  l’homme  ne peuvent pas même soupçonner. Cependant,  quoique  Tout-Puissant,  Dieu  ne  peut  ni  mentir,  ni  tromper,  ni  être  trompé,  ni  pécher,  ni  périr,  ni  ignorer  quoi  que  ce  soit.  Ces  choses  ne  se rencontrent que chez les êtres dont l’action est imparfaite. Et précisément parce que l’action de Dieu est toujours d’une perfection infinie on dit qu’Il ne peut pas les faire. Réellement une pareille faculté est un effet de la faiblesse, et non d’un pouvoir souverain et illimité, tel qu’Il le possède. Ainsi donc nous croyons que Dieu  est  Tout-Puissant,  mais  en  ayant  grand  soin,  dans  notre  pensée,  d’écarter  loin de Lui tout ce qui ne serait pas en harmonie et en rapport avec la perfection suprême de sa nature. Mais  que  le  Pasteur  montre  bien  que  l’on  a  eu  les  plus  sages  raisons  d’omettre  dans le Symbole les autres attributs de Dieu, et de ne proposer à notre Foi que celui  de  sa  toute-Puissance.  En  effet,  dès  que  nous  Le  reconnaissons  comme  Tout-Puissant,  nous  avouons  par  là  même  qu’Il  a  la  science  de  tout  et  que  tout  est  soumis  à  son  empire  et  à  sa  volonté.  De  plus,  si  nous  croyons  fermement  qu’Il  peut  tout  faire,  nous  sommes  obligés  par  une  conséquence  nécessaire  de  tenir  pour  certaines  en  Lui  ces  autres  perfections  sans  lesquelles  il  nous  serait  impossible de concevoir sa Puissance souveraine. Enfin  rien  n’est  plus  propre  à  affermir  notre  Foi  et  notre  espérance  que  la conviction  profondément  gravée  dans  nos  âmes  que  rien  n’est  impossible  à Dieu.  Car  tout  ce  qu’on  nous  proposera  ensuite  à  croire,  les  choses  les  plus  grandes,  les  plus  incompréhensibles,  aussi  bien  que  les  plus  élevées  au-dessus  Gênes., des lois ordinaires de la nature, dès que notre raison aura seulement l’idée de la toute-Puissance divine, elle les admettra facilement et sans hésitation aucune. Et même,  plus  les  oracles  divins  annonceront  des  choses  prodigieuses,  plus  nous  nous  sentirons  portés  et  empressés  à  les  accepter;  que  s’il  s’agit  de  biens  à  espérer,  jamais  la  grandeur  de  l’objet  promis  à  nos  désirs  ne  rebutera  notre  confiance. Au contraire, nous verrons s’agrandir nos désirs et nos espérances, en nous rappelant souvent que rien n’est impossible à un Dieu Tout-Puissant. Et  cette  Foi  doit  nous  soutenir  et  nous  fortifier,  surtout  lorsque  nous  aurons  à faire  une œuvre  difficile  (une  sorte  de  miracle),  pour  le  bien  et  l’utilité  du prochain,  ou  que  nous  voudrons  obtenir  de  Dieu  par  la  prière  quelque  grâce  spéciale.  Notre-Seigneur  a  voulu  nous  enseigner  lui-même  le  premier  de  ces  devoirs  lorsque  reprochant  à  ses  Apôtres,  leur  incrédulité,  Il  leur  disait: Si vous  avez  de  la  Foi  comme  un  grain  de  sénevé,  vous  direz  à  cette  montagne Passe  d’ici  là,  et  elle  y  passera,  et  rien  ne  vous  sera  impossible.  Et l’Apôtre Saint Jacques nous rappelle ainsi le second: Que celui qui prie le fasse avec Foi et sans hésiter; car celui qui hésite est semblable au flot de la mer qui est agité  et  poussé  par  le  vent  de  tous  les  côtés.  Que  cet  homme  donc  ne s’imagine pas qu’il recevra quelque chose du Seigneur.D’ailleurs, sous d’autres rapports, cette Foi nous est également très utile et très avantageuse. D’abord elle nous forme admirablement, et en toutes choses, à la modestie  et  à  l’humilité  de  l’âme,  selon  cette  parole  du  Prince  des  Apôtres: Humiliez-vous sous la main puissante de Dieu. De plus, elle nous apprend à ne pas trembler là où il n’existe aucun sujet d’effroi, et à ne craindre que Dieu seul, qui nous tient en son pouvoir, nous et tous nos biens.  et notre Sauveur Lui-même  n’a-t-il  pas  dit: Je  vous  montrerai  qui  vous  devez  craindre: craignez  celui  qui  après  avoir  tué  le  corps  peut  vous  précipiter  dans  l’enfer. Enfin cette même Foi nous sert à nous rappeler et à célébrer avec reconnaissance les  immenses  bienfaits  de  Dieu  envers  nous.  Car  il  pourrait  croire  à  la  toute-Puissance  de  Dieu,  et  en  même  temps  être  assez  ingrat  pour  ne  pas  s’écrier  souvent: Le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. Au surplus, si, dans cet article, nous appelons le Père «tout Puissant», personne ne doit s’imaginer car ce serait une erreur — que nous lui attribuons ce nom, à  Lui-seul,  et  que  nous  refusons  de  le  donner  également  au  Fils  et  au  Saint-Esprit. Car de même que nous disons que le Père est Dieu, que le Fils est Dieu, que  le  Saint-Esprit  est  Dieu,  sans  dire  pour  cela  qu’il  y  a  trois  Dieux,  mais  en confessant  réellement  un  seul  Dieu;  de  même  lorsque  nous  affirmons  que  le  Père est tout Puissant, que le Fils est tout Puissant, que le Saint Esprit est tout Puissant,  nous  ne  reconnaissons  pas  trois  tout  puissants,  mais  un  seul.  Et  nous  attribuons cette qualité au Père pour cette raison particulière qu’Il est la source de  tout  ce  qui  existe;  comme  nous  disons  du  Fils  qu’il  est  la  Sagesse,  parce qu’Il  est  le  Verbe  éternel  du  Père,  et  du  Saint-Esprit,  qu’il  possède  la  bonté,  parce qu’Il est l’amour du Père et du Fils. Et cependant ces qualités, et toutes les autres   semblables,   selon   l’enseignement   de   la   Foi   catholique,   peuvent s’appliquer également aux trois Personnes divines

    V. — CRÉATEUR DU CIEL ET DE LA TERRE.

                                  Ce que nous avons à dire maintenant de la création de toutes choses, nous fera aisément  comprendre  combien  il  était  nécessaire  de  donner  tout  d’abord  aux Fidèles  la  notion  d’un  Dieu  Tout-Puissant.  Car  il  est  d’autant  plus  facile d’admettre  une  œuvre  si  prodigieuse  que  l’on  doute  moins  de  la  puissance infinie  du  Créateur.  Or  Dieu  n’a  pas  formé  le  monde  avec  une  matière préexistante, Il l’a tiré du néant, sans nécessité ni contrainte, librement et de son plein  gré.  Le  seul  motif  qui  L’a  déterminé  à  l’œuvre  de  la  création,  c’est  sa bonté,  qu’Il  voulait  répandre  sur  les  êtres  qu’Il  allait  produire.  Car  Dieu, souverainement  heureux  en  Lui-même  et  par  Lui-même,  n’a  besoin  de  rien,  ni  de  personne,  comme  le  proclame  David  en  ces  termes: J’ai  dit  à  mon Seigneur,  Vous  êtes  mon  Dieu,  et  Vous  n’avez  pas  besoin  de  mes  biens.  Et comme il n’a obéi qu’à sa bonté, quand Il a fait tout ce qu’Il a voulu, de même pour  former  l’univers,  Il  n’a  pris  ni  modèle  ni  dessein  qui  ne  fût  en  Lui.  Son  intelligence  infinie  possède  en  elle-même l’idée exemplaire de toute choses. Et c’est  en  considérant  au  dedans  de  Lui  cette  idée  exemplaire,  c’est  en  la reproduisant pour ainsi dire, que l’Ouvrier par excellence, avec cette Sagesse et cette  Puissance  suprêmes  qui  Lui  sont  propres,  a  créé  dès  le  commencement  l’universalité des choses qui existent. Il a dit, et tout a été fait; il a ordonné, et tout a été créé . Par  ces  mots  «le  ciel  et  la  terre»,  on  entend  tout  ce  que  le  ciel  et  la  terre  renferment.  Car  non  seulement  Dieu  a  formé  les  cieux  dont  le  Prophète  a  dit  qu’ils sont l’ouvrage de ses doigts,  mais  c’est  Lui  qui  les  a  ornés  de  la  clarté  du  soleil,  de  la  lune  et  de  tous  les  autres  astres,  pour les faire servir de signes, afin  de  distinguer  les  saisons.  les  jours  et  les  années.  C’est  Lui  aussi  qui  a  donné à tous les globes célestes un cours si constant et si réglé, qu’on ne peut rien voir de plus rapide que leurs perpétuels mouvements, ni de plus régulier que ces mouvements eux-mêmes.
    Dieu créa également de purs esprits et des Anges innombrables pour en faire ses serviteurs et ses ministres. Il les orna et les enrichit des dons de sa grâce et de sa puissance. Quand la Sainte Ecriture nous raconte que le démon ne demeura pas dans  la  vérité,  Elle  nous  fait  entendre  clairement  que  lui  et  les  autres  anges  apostats  avaient  reçu  la  grâce  dès  le  commencement  de  leur  existence.  Saint  Augustin  l’affirme  nettement:  Dieu,  dit-il, créa  les  Anges  avec  une  volonté  droite, c’est-à-dire avec un chaste amour qui les unissait à Lui, formant à la fois leur nature, et y ajoutant la grâce comme un bienfait. D’où il faut conclure que les Anges saints ne perdirent jamais cette volonté droite, c’est-à-dire l’amour de Dieu.  Quant  à  leur  science,  voici  le  témoignage  de  nos  Saints  Livres. 65O mon Seigneur  et  mon  Roi,  Vous  avez  la  sagesse  d’un  Ange  de  Dieu,  et  Vous connaissez tout ce qui est sur la terre. Pour exprimer leur puissance, le saint roi David nous dit: Les Anges sont puissants en vertu, et ils exécutent les ordres de  Dieu. Aussi  l’Ecriture  sainte  les  appelle  souvent les  vertus,  et  l’armée  du  Seigneur.Mais,  bien  qu’ils  eussent  tous  reçu  ces  dons  célestes  qui  faisaient  leur  gloire,  plusieurs  cependant,  pour  avoir  abandonné  Dieu  leur  Père  et  leur  Créateur,  furent  bannis  de  leurs  sublimes  demeures,  et  renfermés  dans  une  prison  très  obscure,  au  centre  de  la  terre,  où  ils  subissent  la  peine  éternelle  due  à  leur  orgueil. Ce qui a fait dire au prince des Apôtres: Dieu n’a point épargné les anges pécheurs, mais Il les a précipités dans l’enfer et chargés de chaînes, pour y être tourmentés, et pour y attendre le jugement. Dieu  affermit  aussi  la  terre  sur  sa  base,  et  par  sa  parole  Il  lui  fixa  sa  place  au  milieu  du  monde.  Il  éleva  les  montagnes,  Il  creusa  les  vallées,  et  pour  que  la violence des eaux ne pût l’inonder, Il posa des bornes à la mer pour l’empêcher de  la  submerger.  Ensuite  Il  la  revêtit  et  la  para  de  toutes  sortes  d’arbres,  de plantes  et  de  fleurs,  Il  la  peupla  d’animaux  de  toute  espèce,  comme  il  avait  fait  auparavant pour la mer et les airs. Enfin Il forma le corps de l’homme du limon de la terre et, par un pur effet de sa bonté, Il lui accorda le don de l’immortalité et de l’impassibilité, qui n’était pas essentiellement attaché à sa nature. Quant à l’âme , Il la fit à son image et à sa ressemblance,  la  dota  du  libre  arbitre,  et  régla  si  bien  tous  les  mouvements  et  tous  les  désirs  du  cœur,  qu’ils  devaient  toujours  être  soumis  à  l’autorité  de  la  raison. A cela Il voulut joindre le don admirable de la justice originelle, et enfin Il lui soumit tous les animaux. Pour  instruire  les  fidèles  de  ces  vérités,  le  Pasteur  n’aura  d’ailleurs  qu’à consulter l’histoire sacrée de la Genèse. Ainsi  donc  ces  mots  de  création  du  ciel  et  de  la  terre  doivent  s’entendre  de  la  création de toutes choses. Déjà le Prophète David l’avait dit en ce peu de mots: Les cieux sont à Vous, et la terre Vous appartient. C’est Vous qui avez formé le globe de la terre et tout ce qui le remplit. Mais les Pères du Concile de Nicée l’ont exprimé bien plus brièvement encore en ajoutant au Symbole ces simples mots: visibles  et  invisibles.  Et  en  effet  tout  ce  que  renferme  l’ensemble  des choses,  tout  ce  que  nous  reconnaissons  comme  l’œuvre  de  Dieu,  peut,  ou  bien  tomber  sous  les  sens,  et  nous  l’appelons  visible,  ou  seulement  être  aperçu  par  l’intelligence et la raison, et alors nous l’appelons invisible

    VI. — PROVIDENCE.

                                          Mais  en  reconnaissant  que  Dieu  est  l’Auteur  et  le  Créateur  de  toutes  choses, n’allons  pas  croire  que  son  œuvre  une  fois  achevée  et  terminée  par  Lui,  ait  pu  subsister sans sa Puissance infinie. De même en effet que pour exister, tout a eu besoin de la souveraine Puissance, de la Sagesse et de la Bonté du Créateur, de même  il  est  nécessaire  que  l’action  de  la  Providence  s’étende  constamment  surtout ce qu’Il a créé. Et s’Il ne conservait son œuvre avec cette même force qu’Il a  employée  pour  la  former  au  commencement,  elle  rentrerait  aussitôt  dans  le  néant.  L’Ecriture  nous  le  déclare  en  termes  formels,  lorsqu’elle  dit  à  Dieu Comment  quelque  chose  pourrait-il  subsister,  si  Vous  ne  le  vouliez  ainsi? Ce que Vous n’avez pas appelé, comment se conserverait-il?Et  non  seulement  Dieu,  par  sa  Providence,  soutient  et  gouverne  toute  la création;  mais  c’est  Lui  qui  en  réalité  communique  le  mouvement  et  l’action à tout  ce  qui  se  meut  et  à  tout  ce  qui  agit;  et  de  telle  sorte  qu’Il  prévient,  sans  l’empêcher,  l’influence  des  causes  secondes.  C’est  une  vertu  cachée,  mais  qui  s’étend  à  tout,  et  comme  dit  le  Sage,  qui agit fortement depuis une extrémité jusqu’à l’autre et qui dispose tout avec la douceur convenable. Ce qui a fait dire à l’Apôtre en prêchant aux Athéniens le Dieu qu’ils adoraient sans Le connaître: Il n’est pas éloigné de chacun de nous; c’est en Lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être.Nous en avons assez dit sur ce premier article. toutefois, il nous reste à ajouter que   l’œuvre   créatrice   est   commune   aux   trois   Personnes   de   la   Sainte   et indivisible   Trinité.   Car   si,   d’après   l’enseignement   des   Apôtres   dans   leur Symbole,  nous  savons  et  proclamons  que  le  Père  est  Créateur  du  ciel  et  de  la  terre, d’autre part nous lisons du Fils dans les saintes Ecritures: que tout a été fait  par  Lui;  et  du  Saint-Esprit: que  l’Esprit  du  Seigneur  était  porté  sur  les  eaux.  Et  encore  que  les  cieux  ont  été  affermis  par  le  Verbe  de.  Dieu,  et  que  toute leur beauté est l’effet du Souffle de sa bouche.
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    Cathéchisme de TRENTE  première partie Empty Re: Cathéchisme de TRENTE première partie

    Message par Paul Pierre Mar 1 Mar - 9:49

    Chapitre troisième Du second article du Symbole


    ET EN JÉSUS-CHRIST SON FILS UNIQUE, NOTRE SEIGNEUR.


    Le genre humain trouve dans la foi et la confession de cet Article des avantages immenses  et  merveilleux.  nous  en  avons  une  preuve  dans  cette  parole  de l’Apôtre  Saint  Jean:   Quiconque  confessera  que  Jésus  est  le  Fils  de  Dieu,  demeurera  en  Lui,  et  lui  en  Dieu.  Mais  notre  Seigneur  Jésus-Christ  Lui-même avait  pris  soin  de  nous  en  donner  une  autre,  lorsqu’Il  avait  proclamé  d’une manière si éclatante le bonheur du prince des Apôtres: Tu es heureux, Simon fils  de  Jonas,  car  ce  n’est  ni  la  chair  ni  le  sang  qui  te  l’ont  révélé,  mais  mon  Père qui est dans les cieux. C’est ici en effet le fondement le plus solide de notre Salut et de notre Rédemption.

    I. — PÉCHÉ ORIGINEL.  

                Pour  mieux  apprécier  les  fruits  merveilleux  que  nous  recueillons  de  cet  Article,  il  faut  nous  rappeler  la  perte  lamentable  que  firent  nos  premiers parents de cet état si heureux dans lequel Dieu les avait placés. Que le Pasteur s’applique donc à  bien  expliquer  aux  Fidèles  la  cause  commune  de  nos  misères  et  de  nos malheurs.  A  peine  Adam  eut-il désobéi à Dieu et transgressé le précepte qui lui disait: Tu  peux  manger  de  tous  les  fruits  du  jardin,  mais  ne  touche  pas  à  l’arbre de la science du bien et du mal; car le jour où tu mangeras de son fruit tu mourras de mort; aussitôt il tomba dans cet affreux malheur qui lui fit perdre la sainteté et la justice dans lesquelles il avait été créé, et lui-même devint sujet à une foule d’autres maux que le Saint Concile de Trente a énumérés tout au long .  D’autre  part  il  ne  faut  pas  oublier  que  ce  péché  et  son  châtiment  ne  se  sont  point  arrêtés  en  Adam,  mais  qu’il  a  été,  lui,  comme  la  source  et  le  principe  qui  les a fait passer justement à toute sa postérité. Cependant  le  genre  humain  étant  tombé  de  si  haut,  rien  ne  pouvait  le  relever  et  le remettre dans son premier état, ni les forces des hommes, ni celles des Anges. A ses malheurs, à sa ruine il ne restait de remède que le Fils de Dieu Lui-même, avec  sa  Puissance  infinie.  Seul  Il  pouvait,  en  se  revêtant  de  l’infirmité  de  notre  chair, détruire la malice infinie du péché, et nous réconcilier avec Dieu dans son sang.
    Or la foi et la confession de ce mystère de la Rédemption est, et a toujours été si nécessaire  aux  hommes  pour  les  conduire  au  salut,  que  Dieu  a  voulu  le  révéler  dès le commencement: Au moment de la condamnation générale qui suivit de si prés  le péché, Il fit briller l’espérance de la Rédemption dans les paroles dont Il se  servit  pour  prédire  au  démon  sa  propre  ruine,  par  la  délivrance  même  de  l’homme: Je  mettrai  des  inimitiés  entre  toi  et  la  femme,  entre  ta  race  et  la  sienne. Elle te brisera la tête, et toi tu chercheras à la blesser au talon. Souvent,  dans  la  suite,  Dieu  confirma  cette  promesse,  et  fit  connaître  ses desseins  d’une  manière  plus  positive,  surtout  lorsqu’il  voulait  témoigner  à certains   hommes   une   bonté   particulière.   Abraham   entre   autres   parmi   les patriarches, reçut plusieurs fois de Lui la révélation de ce mystère. Mais ce fut principalement  à  l’heure  oh  il  allait  immoler  son  fils  Isaac  pour  Lui  obéir,  qu’il  Le connut clairement. Dieu lui dit en effet: Puisque  vous  avez  fait  cela, et que vous  n’avez  point  épargné  votre  fils  unique,  Je  vous  bénirai,  et  Je  multiplierai  votre  race  comme  les  étoiles  et  comme  le  sable  qui  est  sur  le  bord  de  la  mer.  Votre  postérité  possédera  les  villes  de  vos  ennemis,  et  toutes  les  nations  de  la  terre seront bénies en votre race, parce que vous avez obéi à ma voix. De telles paroles   faisaient   aisément   conclure   qu’un   des   descendants   d’Abraham délivrerait  un  jour  le  genre  humain  de  l’effroyable  tyrannie  de  Satan,  et  lui apporterait le salut.
    Or ce Libérateur annoncé ne pouvait être que le Fils de Dieu, sorti,  comme  homme,  de  la  race  d’Abraham.  Peu  de  temps  après,  le  Seigneur,  pour conserver le souvenir de cette promesse, refit la même alliance avec Jacob, petit-fils d’Abraham. En effet ce patriarche vit dans un songe une échelle dont le pied  reposait  sur  la  terre,  dont  le  sommet  touchait  le  ciel,  et  le  long  de  laquelle  les  Anges  de  Dieu  montaient  et  descendaient .  Et  Dieu  Lui-même  appuyé  sur  cette échelle lui disait: Je suis le Seigneur Dieu d’Abraham ton père, et le Dieu d’Isaac. La terre sur laquelle tu dors, Je te la donnerai à toi et à ta postérité, et tes  descendants  seront  comme  la  poussière  de  la  terre.  tu  t’étendras  vers l’Orient et vers l’Occident, vers le nord et vers le Midi, et toutes les tribus de la terre seront bénies en toi et en ta race. Et  dans  la  suite  Dieu  continua  de  renouveler  le  souvenir  de  sa  promesse  et d’exciter  l’attente  du  Sauveur,  non  seulement  chez  les  descendants  d’Abraham,  mais  chez  beaucoup  d’autres  hommes.  Dès  que  le  gouvernement  juif,  avec  sa  religion,  fut  bien  établi,  le  peuple  connut  plus  clairement  cette  promesse.  Car  d’une  part  des  objets  muets  figuraient,  et  de  l’autre  des  hommes  prédisaient  les  biens extraordinaires que Jésus-Christ  notre  Sauveur  et  Rédempteur  devait nous apporter.  Les  Prophètes,  dont  l’esprit  était  éclairé  par  une  lumière  céleste, annoncèrent  d’avance  au  peuple  la  naissance  du  Fils  de  Dieu,  ses  œuvres admirables,  (œuvres  qu’Il  a  opérées  pendant  sa  vie  humaine),  sa  doctrine,  ses  mœurs,  sa  vie,  sa  mort,  sa  résurrection.  Et  tous  ses  autres  mystères.  Et  ils  parlaient clairement de toutes ces choses, comme s’ils les avaient eues sous les yeux.  De  sorte  que  si  nous  supprimons  la  distance  qui  existe  entre  le  passé  et  l’avenir,   nous   confondrons   ensemble   les   prédictions   des   Prophètes   et   les prédications des Apôtres, la Foi des anciens patriarches et notre propre Foi:Mais il est temps d’expliquer chacun des mots de ce second article

    II. — EN JESUS-CHRIST. 

                    Jésus est le nom propre de celui qui est Dieu et homme tout ensemble. Il signifie Sauveur;  et  ce  n’est  ni  le  hasard,  ni  le  jugement  et  la  volonté  des  hommes  qui  Lui ont donné ce nom, mais l’ordre et le dessein même de Dieu. L’Ange Gabriel en effet avait dit à Marie, en annonçant qu’elle serait sa Mère: Voilà que vous concevrez  dans  votre  sein.  Et  vous  enfanterez  un  fils,  et  vous  L’appellerez  du  nom  de  Jésus.  Plus  tard  ce  même  Ange,  non  seulement  fit  un  devoir  à  Joseph,  Epoux de la Sainte Vierge, de donner ce nom à l’Enfant, mais encore il lui apprit pourquoi  Il  devait  être  ainsi  nommé  «Joseph,  fils  de  David,  lui  dit-il , ne craignez  point  de  prendre  avec  vous  Marie  votre  épouse,  car  ce  qui  est  né  en  elle  est  du  Saint-Esprit.  Elle  enfantera  un  fils,  et  vous  L’appellerez  du  nom  de  Jésus, parce que c’est Lui qui délivrera son peuple de ses péchés.»Il est vrai que plusieurs personnages de nos Saintes Ecritures ont aussi porté ce nom.  tel  fut  Josué,  fils  de  Navé,  qui  remplaça  Moise,  et  qui  eut  le  privilège,  refusé  à  son  prédécesseur,  d’introduire  dans  la  terre  promise  le  peuple  que  ce  dernier  avait  tiré  de  la  servitude  d’Egypte.  tel  fut  également  Jésus,  fils  de Josédech, le grand-prêtre.

    Mais n’est-ce pas avec infiniment plus de justesse que ce nom de Jésus convient à  notre  Sauveur?  Lui  qui  a  donné  la  lumière,  la  liberté  et  le  salut  non  plus  à  un  seul  peuple,  mais  à  tous  les  hommes  de  tous  les  siècles:  qui  ne  les  a  pas seulement  délivrés  de  la  faim  et  de  la  domination  de  l’Egypte  et  de  Babylone,  mais qui les a tirés des ombres de la mort où ils étaient assis, qui a brisé les liens si  durs  du  péché  et  du  démon;  qui  leur  a  rendu,  après  l’avoir  reconquis  pour  eux,  le  droit  à  l’héritage  du  royaume  céleste,  et  les  a  réconciliés  avec  Dieu  le  Père.  Les  personnages  appelés  aussi  Jésus  n’étaient  que  la  figure  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  qui  a  comblé  le  genre  humain  de  tous  les  bienfaits  que  nous  venons  de  rappeler.  De  plus,  tous  les  autres  noms  sous  lesquels  les Prophètes avaient prédit que Dieu voulait désigner son Fils, sont renfermés dans le  seul  nom  de  Jésus.  Car  chacun  d’eux  n’exprime  que  sous  un  point  de  vue  spécial  le  salut  qu’Il  devait  nous  apporter,  au  lieu  que  le  nom  de  Jésus  exprime,  à Lui seul, toute l’étendue et tous les effets de la Rédemption du genre humain.

    Au  nom  de  Jésus  on  a  ajouté  celui  de Christ  qui  signifie  oint.  C’est  tout ensemble un titre d’honneur, et un mot qui désigne une fonction. Ce n’est pas un nom propre, car il est commun à beaucoup de personnes. Ainsi, dans l’antiquité, nos  pères  appelaient  Christs  les  Prêtres  et  les  rois,  parce  que,  à  cause  de  la  dignité de leur charge, Dieu avait ordonné qu’ils reçussent l’onction sacrée. Ce sont  les  Prêtres  en  effet  qui  doivent  recommander  le  peuple  à  Dieu  par  des  prières  assidues,  ce  sont  eux  qui  Lui  offrent  des  sacrifices  et  apaisent  son courroux  par  leur  intercession.  Les  rois  sont  chargés  de  gouverner  les  peuples; c’est  à  eux  qu’il  appartient  de  faire  respecter  les  lois,  de  protéger  la  vie  des  innocents   et   de   punir   l’audace   des   coupables.   Et   comme   chacun   de   ces ministères  semble  représenter  ici-bas  la  majesté  du  très  Haut,  ceux  que  l’on choisissait  pour  en  faire  des  Prêtres  ou  des  rois  devaient  recevoir  l’onction  de  l’huile  sainte.  Ce  fut  également  la  coutume  de  conférer  cette  onction  aux Prophètes, véritables interprètes et ambassadeurs du Dieu immortel, chargés de nous découvrir les secrets du ciel, et de nous exhorter à la réforme de nos mœurs par des instructions salutaires et par la prédiction de l’avenir.

    Or Jésus-Christ  notre  Sauveur  en  venant  dans  le  monde  a  pris  tout  à  la  fois  ces trois charges, ces trois fonctions de Prophète, de Prêtre et de Roi. Voilà pourquoi Il a reçu le nom de Christ, et l’onction propre à ces trois ministères. Et Il a reçu cette onction non de la main des hommes, mais par la vertu même de son Père céleste, non pas une onction d’huile terrestre, mais d’huile purement spirituelle; c’est-à-dire  que  la  grâce,  les  dons  et  la  plénitude  du  Saint-Esprit se répandirent dans  son  âme  très  sainte  avec  une  telle  abondance,  que  jamais  aucune  autre  créature  ne  sera  capable  de  les  recevoir  à  un  si  haut  degré.  C’est  ce  que  le  Prophète exprime très bien, lorsque s’adressant au Rédempteur Lui-même, il Lui dit: Vous  avez  aimé  la  justice  et  haï  l’iniquité;  c’est  pourquoi  Dieu,  votre  Dieu  Vous  a  donné  urge  onction  de  joie  plus  excellente  qu’à  tous  ceux  qui  la  partagent avec Vous. C’est ce que nous montre plus clairement encore Isaïe par ces paroles qu’il fait dire au Sauveur: L’Esprit du Seigneur est sur Moi parce que  le  Seigneur  m’a  donné  l’onction,  et  qu’Il  m’a  envoyé  pour  L’annoncer à ceux qui sont doux.

    Jésus-Christ  a  donc  été  le  Prophète  et  le  Maître  suprême  qui  nous  a  enseigné  la  volonté de Dieu, et dont la doctrine a fait connaître au monde son Père céleste. Et ce nom de Prophète lui convient avec d’autant plus de vérité et de justice, que tous  ceux  qui  ont  eu  l’honneur  de  le  porter  comme  Lui,  n’ont  été  que  ses disciples,  envoyés  spécialement  pour  annoncer  la  venue  de  ce  grand  Prophète  qui, Lui, venait sauver les hommes. Le Christ a été Prêtre aussi, non selon l’ordre des prêtres de la tribu de Lévi dans l’ancienne Loi, mais comme l’a chanté David: Vous êtes prêtre éternel, selon l’ordre de Melchisédech. Saint Paul, dans son épître aux Hébreux, explique cette parole avec le plus grand soin .

    Enfin nous reconnaissons en Jésus-Christ  un  Roi.  non  seulement  comme  Dieu,  mais  comme  homme  et  revêtu  de  notre  propre  nature.  n’est-ce  pas  de  lui que l’Ange a dit: Il régnera à jamais dans la maison de Jacob, et son règne n’aura point  de  fin.  Or,  ce  règne  est  un  règne  spirituel  et  éternel.  Il  commence  sur  la  terre pour se consommer dans le ciel. Et on peut dire que tous les devoirs que la royauté  Lui  impose,  Jésus-Christ  les  remplit  d’une  manière  admirable  envers  son  Eglise.  Il  la  gouverne,  Il  la  protège  contre  les  attaques  et  les embûches de ses  ennemis;  Il  lui  communique  non  seulement  la  sainteté  et  la  justice,  mais  encore la force et les moyens de persévérer. Et bien que tous les hommes, bons et  méchants,  soient  également  compris  dans  ce  royaume,  bien  que  tous  sans exception soient de droit ses sujets et Lui appartiennent, cependant ceux d’entre eux qui observent ses préceptes et mènent une vie pure et innocente, éprouvent d’une  manière  particulière  les  effets  de  la  bonté  et  de  la  bienfaisance  infinie  de  notre  Roi.  Au  reste  si ce  royaume  Lui  est  échu,  ce  n’est  ni  par  droit  de succession,  parce  qu’Il  descendait  de  rois  illustres,  ni  par  aucun  autre  droit  humain. II est Roi, parce que Dieu a réuni dans sa personne tout ce que la nature humaine peut renfermer de puissance, de dignité et de grandeur. Oui, c’est Dieu qui a mis entre ses mains l’empire du monde, et si, dès cette vie, Il commence à exercer son autorité sur toutes les créatures, ce n’est qu’au jour du jugement que cette autorité obtiendra une soumission pleine et entière.



    III. — SON FILS UNIQUE. 

                   Ces mots nous proposent à croire et à contempler en Jésus-Christ des mystères plus  sublimes  encore,  à  savoir  qu’il  est  Fils  de  Dieu,  et  vrai  Dieu  comme  son  Père   qui   L’a   engendré   de   toute   éternité.   De   plus,   nous   reconnaissons   et confessons en Lui la seconde Personne de la Sainte Trinité, parfaitement égale en toutes choses aux deux autres; car aucune inégalité, aucune dissemblance ne peuvent exister, ni même se concevoir entre les Personnes divines, puisque nous faisons  profession  de  croire  qu’elles  n’ont  toutes  trois  qu’une  seule  et  même  essence,  une  seule  et  même  Volonté,  une  seule  et  même  Puissance.  nous  avons  la  preuve  de  cette  vérité  dans  un  grand  nombre  de  textes  de  la  Sainte  Ecriture,  mais  surtout  dans  cette  parole  de  Saint  Jean,  qui  est  si  lumineuse : Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu.
    Mais lorsqu’on nous dit que Jésus est le Fils de Dieu, il faut bien nous garder de penser qu’il y a quelque chose de mortel et de terrestre dans sa naissance. L’acte par lequel Dieu le Père engendre son Fils de toute éternité est incompréhensible et  dépasse  absolument  notre  intelligence.  nous  devons  le  croire  fermement,  l’honorer  avec  la  plus  sincère  piété,  et,  frappés  d’étonnement  devant  un tel mystère, nous écrier avec le Prophète: Qui pourra raconter sa génération?Ce qu’il faut donc croire, c’est que le Fils est de même nature que le Père, qu’Il possède  la  même  Puissance  et  la  même  Sagesse,  ainsi  que  nous  le  confessons  d’une manière plus explicite dans ces paroles du Symbole de Nicée: Et en Jésus Christ, son Fils unique, né du Père avant tous les siècles, Dieu de Dieu, Lumière de  Lumière,  vrai  Dieu  de  vrai  Dieu,  engendré  et  non  créé,  consubstantiel  au  Père, par qui tout a été fait.

    On  a  coutume  d’employer  un  certain  nombre  de  comparaisons  pour  essayer d’expliquer  le  mode  et  la  nature  de  cette  génération  éternelle,  la  plus  juste semble  être  celle  qui  se  tire  de  la  formation  de  notre  pensée  dans  notre  âme.  Aussi  Saint  Jean  donne-t-il au Fils  de  Dieu  le  nom  de  Verbe  .  De  même  en  effet  que  notre  esprit,  en  se  comprenant  et  en  se  contemplant,  forme  de  lui-même  une  image,  que  les  théologiens  appellent  Verbe,  ainsi  nous  pouvons  dire  —  autant  que  les  choses  divines  et  les  choses  humaines  peuvent se comparer entre  elles  —  que  Dieu,  en  se  connaissant  et  en  se  contemplant  Lui-même, engendre  son  Verbe  éternel.  Au  reste  il  est  préférable  de  s’arrêter  simplement  à  ce  que  la  Foi  propose,  c’est-à-dire  croire  et  confesser  avec  sincérité  que  Jésus-Christ  est  vrai  Dieu  et  vrai  homme  tout  ensemble;  que  comme  Dieu  Il  est engendré  du  Père  avant  tous  les  siècles,  que  comme  homme  Il  est  né  dans  le  temps   de   la   Vierge   Marie   sa   mère.   toutefois,   en   admettant   cette   double naissance, nous ne reconnaissons qu’un seul Fils. Car Jésus-Christ n’est qu’une seule et même Personne, qui réunit en elle la nature divine et la nature humaine
    Du  côté  de  la  génération  divine,  Il  n’a  ni  frères  ni  cohéritiers,  puisqu’Il  est  le  Fils  unique  du  Père,  tandis  que  nous,  nous  ne  sommes  que  ses  créatures  et  le  fragile  ouvrage  de  ses  mains.  Du  côté  de  sa  génération  humaine,  il  en  est beaucoup  à  qui  non  seulement  Il  donne  le  nom  de  frères,  mais  qu’Il  traite réellement  comme  tels,  puisqu’Il  les  admet  à  partager  avec  Lui  la  gloire  de l’héritage de son Père. Ce sont ceux qui. L’ont reçu par la Foi, et qui manifestent cette Foi qu’ils professent, par leur conduite et par les œuvres de la charité. C’est pourquoi l’Apôtre l’appelle le premier né d’un grand nombre de frères.

    IV. — NOTRE-SEIGNEUR.  

                    Parmi toutes les choses que la Sainte Ecriture nous dit de notre Sauveur, il n’est pas  difficile  de  reconnaître  que  les  unes  Lui  conviennent  comme  Dieu,  et  les  autres  comme  homme.  Car  II  a  reçu  nécessairement  de  ces  deux  natures distinctes  leurs  propriétés  différentes.  Ainsi  nous  disons  de  Lui  qu’Il  est  Tout-Puissant,  éternel,  immense,  parce  qu’il  est  Dieu.  Et  nous  disons  de  Lui  qu’Il  a  souffert,  qu’Il  est  mort,  qu’Il  est  ressuscité,  parce  que  ces  vérités  ne  peuvent  s’appliquer évidemment qu’à la nature humaine. Mais il y a certains attributs qui conviennent aux deux natures, comme par exemple le nom de Seigneur que nous Lui donnons ici. Et si ce nom de Seigneur peut s’appliquer à la nature divine et à la nature humaine, c’est avec grande raison que nous appelons Jésus-Christ notre Seigneur

    Et d’abord, de même qu’Il est Dieu éternel comme le Père, ainsi, comme le Père, Il est le maître de toutes choses. Et comme Lui et son Père ne sont pas l’un un Dieu,  et  l’autre  un  autre  Dieu,  mais  absolument  le  même Dieu, ainsi Lui et son Père  ne  sont  pas  deux  Seigneurs  différents,  mais  le  même  Seigneur.  Ensuite  les  raisons  ne  manquent  pas  pour  Lui  faire  donner  comme  homme  le  nom  de Seigneur.  En  premier  lieu,  par  cela  seul  qu’Il  a  été  notre  Rédempteur  et  qu’Il  nous a délivrés de nos péchés, II a conquis sur nous assez de puissance pour être vraiment  notre  Seigneur  et  pour  en  porter  le  titre.  C’est  ce  que  l’Apôtre  nous  enseigne: Il s’est humilié Lui-même; Il s’est fait obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix: c’est pourquoi Dieu L’a élevé, et Lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchît, au ciel, sur  la  terre  et  dans  les  enfers,  et  que  toute  langue  reconnût  que  le  Seigneur Jésus est dans la gloire de Dieu le Père. Enfin Lui-même, après sa Résurrection, n’a-t-il pas dit: Toute puissance M’a été donnée au ciel et sur la terre? — en second  lieu,  on  L’appelle  encore  Seigneur,  parce  qu’Il  a  réuni  en  Lui,  dans  une  seule  Personne,  la  nature  divine  et  la  nature  humaine.  Union  admirable  qui  Lui  méritait, même sans mourir pour nous, d’être établi comme souverain Seigneur de toutes les créatures en général, et spécialement des Fidèles qui Lui obéissent, et qui Le servent de toute l’affection de leur cœur.
    Le Pasteur devra donc exhorter les Fidèles à ne jamais perdre de vue, que c’est de  Jésus-Christ  que  nous  avons  pris  notre  nom  de  Chrétiens,  que  nous  ne pouvons  ignorer  les  immenses  bienfaits  dont  Il  nous  a  comblés,  puisque  Lui-même  a  bien  voulu  nous  les  faire  connaître  par  la  Foi,  et  que,  par  conséquent  nous sommes tenus en conscience, et plus que tous les autres hommes, de nous consacrer  pour  toujours  à  notre  Rédempteur  et  Seigneur,  et  à  nous  dévouer  à  Lui, comme des esclaves à leur maître.
    Nous  l’avons  en  effet  promis  à  la  porte  de  l’Eglise,  lorsque  nous  avons  reçu l’initiation chrétienne par le Baptême. nous avons déclaré que nous renoncions à Satan  et  au  monde,  pour  nous  donner  entièrement  à  Jésus-Christ. Mais si, pour mériter  d’appartenir  à  la  milice  chrétienne,  nous  avons  dû  nous  vouer  à  Notre-Seigneur par des serments si solennels et si sacrés, de quel supplice ne serions-nous pas dignes si après être entrés dans l’Eglise, après avoir connu la Volonté de  Dieu  et  sa  Loi,  après  avoir  reçu  la  grâce  des  Sacrements,  nous  avions  le  malheur  de  vivre  selon  les  maximes  et  les  préceptes  du  monde  et  du  démon,  comme si, au jour de notre purification baptismale, nous nous étions donnés au monde   et   au   démon   et   non   pas   à   Jésus-Christ   notre   Seigneur   et   notre Rédempteur?  Quel  cœur  ne  se  sentirait  enflammé  d’amour  pour  un  Maître  si  grand, et en même temps si bon pour nous, si dévoué à notre bonheur? Car bien qu’Il  nous  tienne  en  sa  puissance  et  sous  sa  domination,  comme  des  esclaves  qu’Il a rachetés par son Sang, cependant Il nous témoigne tant de charité, qu’Il daigne  nous  appeler  ses  amis et  ses  frères,  et  non  point  ses  esclaves.  Voilà  sans  contredit  une  des  raisons  les  plus  fortes,  et  peut-être  même  la  meilleure,  pour nous obliger à Le reconnaître, à L’honorer et à Le servir toujours, comme notre véritable Seigneur.
    Paul Pierre
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    Cathéchisme de TRENTE  première partie Empty Re: Cathéchisme de TRENTE première partie

    Message par Paul Pierre Mar 1 Mar - 9:50

    Chapitre quatrième — Du troisième article du Symbole




    QUI A ÉTÉ CONÇU DU SAINT-ESPRIT, EST NÉ DE LA VIERGE MARIE.


                     Les explications que nous venons de donner (dans l’article précédent) sont très suffisantes  pour  faire  comprendre  aux  Fidèles  quelle  grâce  immense  et  quel bienfait  signalé  Dieu  a  accordés  au  genre  humain,  en  nous  arrachant  à  la servitude  du  plus  cruel  tyran,  et  en  nous  rendant  la  liberté.  Mais  si  cous réfléchissons aux voies et moyens qu’Il a employés spécialement pour arriver à ce but, nous ne trouverons rien de plus frappant, rien de plus magnifique que sa bonté et sa libéralité envers nous. Ce  sera  donc  dans  ce  troisième  article  que  le  Pasteur  commencera  à  montrer  la  grandeur  de  ce  Mystère  que  l’Ecriture  Sainte  nous  invite  si  souvent  à  méditer,  comme  le  fondement  même  de  notre  Salut.  Et  d’abord,  il  enseignera,  suivant  le  sens  des  paroles  qui  l’expriment,  que  nous  croyons,  et  faisons  profession  de croire que Jésus-Christ notre Seigneur et le Fils unique de Dieu, en prenant pour nous un corps humain dans le sein d’une Vierge, n’a pas été conçu comme les autres  hommes,  humainement,  mais  par  une  intervention  surnaturelle,  par  la vertu seule du Saint-Esprit 1.  De  sorte  que  la  même  Personne  demeurant  Dieu,  comme  elle  l’était  de  toute  éternité,  est  devenue  homme  ce  qu’elle  n’était  pas  auparavant 2. Et ce qui prouve clairement que ces paroles ont bien ce sens, c’est la profession de foi du Saint Concile de Constantinople: Jésus-Christ, dit-il, est descendu des cieux pour nous autres hommes, et pour notre salut; Il s’est incarné dans le sein de la Vierge Marie, par le Saint-Esprit, et Il s’est fait homme. C’est également de cette manière que Saint Jean l’Evangéliste a expliqué ce profond mystère. Il en avait puisé la connaissance sur le sein même du Sauveur. Après avoir déclaré la nature du Verbe divin en ces termes: 3Au commencement était le Verbe, et le Verbe  était  en  Dieu,  et  le  Verbe  était  Dieu,  il  termine  par  ceux-ci: et le Verbe s’est  fait  chair,  et  Il  a  habité  parmi  nous.  En  effet  le  Verbe,  qui  est  une  des  Personnes divines, a pris la nature humaine d’une manière si complète, que les deux natures n’ont plus fait en Lui qu’une seule et même hypostase, une seule et même  Personne.  Et  toutefois  dans  cette  admirable  union,  chacune  des  deux natures  a  conservé  ses  opérations  et  ses  propriétés,  et  l’illustre  Pontife  Saint  Léon a eu raison de dire: La gloire de la nature divine n’a point absorbé la nature humaine,  et  l’élévation  de  la  nature  humaine  n’a  rien  fait perdre  à  la  nature  divine.

    I. — QUI A ÉTÉ CONÇU DU SAINT-ESPRIT.  

                           Mais  comme  il  est  essentiel  de  bien  expliquer  les  mots,  le  Pasteur  aura  soin  d’enseigner  que  si  nous  disons  que  le  Fils  de  Dieu  a  été  conçu  du  Saint-Esprit, nous ne prétendons pas dire pour cela que cette Personne de la Sainte Trinité ait seule opéré le mystère de l’Incarnation. II est vrai que le Fils seul a pris la nature humaine,  mais  les  trois  Personnes  divines,  le  Père,  le  Fils  et  le  Saint-Esprit ont eu part à ce Mystère. C’est  en  effet  une  règle  absolue  de  la  Foi  chrétienne  que  dans  les  choses  que  Dieu  fait  hors  de  Lui,  tout  est  commun  aux  trois  Personnes;  que  l’une  n’agit  point sans l’autre. La seule chose qui ne soit pas commune aux trois Personnes divines, et qui ne puisse pas l’être, c’est le mode de procession. En effet, le Fils n’est engendré que du Père, tandis que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils. Mais  dans  tout  ce  qu’elles  produisent  hors  d’elles.  les  trois  Personnes  agissent  également  et  sans  aucune  différence.  Et ceci s’applique précisément au mystère de l’Incarnation. Il  n’en  est  pas  moins  vrai  que  parmi  les  choses  quisont  communes  aux  trois  Personnes,  c’est  un  usage  dans  nos  Saints  Livres,  d’attribuer  les  unes  à  telle  Personne, les autres à telle autre, par exemple au Père la souveraine Puissance, au  Fils  la  Sagesse,  et  l’Amour  au  Saint-Esprit.  Et  comme  le  mystère  de l’Incarnation  est  la  preuve  sans  réplique  de  l’amour  immense  et  particulier  que  Dieu  a  pour  nous,  c’est  pour  cela  que  nous  l’attribuons  spécialement  au  Saint-Esprit. Au reste, il convient de remarquer que dans ce mystère certaines choses sont au-dessus  de  la  nature,  tandis  que  d’autres  lui  sont  entièrement  conformes.  Ainsi  nous  croyons  que  le  corps  de  Jésus-Christ  a  été  formé  du  sang  très  pur  de  laVierge sa mère. Et nous ne voyons en cela qu’une œuvre purement naturelle, car c’est le propre de tout corps humain d’être formé du sang de la mère. Mais ce qui  dépasse  l’ordre  naturel  et  même  l’intelligence  de  l’homme,  c’est  que  la Bienheureuse  Vierge  n’eut pas plus tôt donné son consentement aux paroles de l’Ange, en disant: 4 Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole,  que  sur-le-champ  le  corps  très  saint  de  Jésus-Christ  fut  formé  en  elle,  qu’une âme jouissant pleinement de la raison fut unie à ce corps et que dans un seul et même instant Il fut Dieu parfait et homme parfait. Or personne ne saurait douter  que  cet  effet  si  extraordinaire  et  si  admirable  ne  soit  l’œuvre  du  Saint  Esprit.  Car  selon  les  lois  ordinaires  de  la  nature,  l’âme  raisonnable  ne  vient  s’unir au corps qu’après un temps déterminé. Ce  qui  n’est  pas  moins  digne  de  notre  admiration,  c’est  que,  au  moment  même  où l’âme de Jésus-Christ s’unissait à son corps, la divinité s’unissait également à l’un et à l’autre: et ainsi comme le corps fut aussitôt animé que formé, de même aussitôt la divinité fut unie au corps et à l’âme. 4 Luc., 1, 38.
    D’où  il  suit  que  dans  le  même  instant  Jésus-Christ  fut  Dieu  parfait  et  homme  parfait,  et  que  la  très  Sainte  Vierge  put  vraiment  et  proprement  être  appelée  Mère  de  Dieu,  et  Mère  d’un  homme,  puisque  dans  le  même  moment  elle  avait  conçu un Dieu homme. C’est ce que l’Ange lui avait bien marqué, en lui disant: 5Voilà que vous concevrez dans votre sein et que vous enfanterez un fils à qui vous  donnerez  le  nom  de  Jésus.  Il  sera  grand,  et  on  L’appellera  Fils  du  Très  Haut. L’événement d’ailleurs ne faisait que confirmer la prophétie d’Isaïe: 6 Une Vierge  concevra  et  enfantera  un  fils.  Sainte  Elisabeth  avait  la  même  pensée,  lorsque, remplie du Saint-Esprit  et instruite par Lui de la conception du Fils de Dieu, elle disait à Marie: 7D’où me vient ce bonheur que la mère de mon Dieu daigne venir me visiter? Mais de même que le corps de Jésus-Christ fut formé, comme nous venons de le dire,  du  plus  pur  sang  de  la  plus  pure  des  Vierges,  et  cela  non  humainement,  niais  par  la  vertu  seule  du  Saint-Esprit; de même aussi son âme, dès le premier instant de sa conception, reçut la plénitude de l’Esprit de Dieu, avec l’abondance de tous ses dons. Car, selon le témoignage de Saint Jean, 8Dieu ne Lui donna pas  son  esprit  avec  mesure,  comme  Il  fait  pour  les  autres  hommes  qu’Il  veut  bien  enrichir  et  sanctifier  par  sa  grâce,  mais  Il  versa  dans  son  âme  une  telle  abondance de grâces, qu’il nous est possible à tous de recevoir de sa plénitude.9Cependant  il  ne  faut  pas  dire  que  Jésus-Christ  est  le  Fils  adoptif  de  Dieu,  quoiqu’Il ait reçu cet esprit qui confère aux Saints la qualité d’enfants adoptifs de Dieu. Il est Fils de Dieu par nature, et dès lors ni la grâce de l’adoption, ni le titre de fils adoptif ne peuvent aucunement Lui convenir. Telles  sont  les  explications  que  nous  avons  cru  devoir  donner  sur  l’admirable  Mystère de la conception du Fils de Dieu. Et  si  les  Fidèles  veulent  en  retirer  des  fruits  salutaires,  ils  doivent  se  rappeler  souvent et méditer dans leur cœur ces vérités si importantes: que Celui qui a pris notre  chair  est  Dieu,  qu’Il  s’est  fait  homme  d’une  manière  si  surnaturelle  que  notre  esprit  ne  peut  comprendre  ce  mystère,  et  encore  moins  l’expliquer; qu’enfin Il a voulu se faire homme, pour nous faire redevenir enfants de Dieu. Et après avoir bien réfléchi, et avec attention, sur les mystères renfermés dans cet article,  qu’ils  s’appliquent  à  les  croire  et  à  les  adorer  d’un  cœur  humble  et soumis,  sans  chercher  à  les  scruter  et  à  les  pénétrer.  (Ces  sortes  de  curiosités  sont rarement sans danger.)

    II. — QUI EST NÉ DE LA VIERGE MARIE-  

                           C’est  la  seconde  partie  de  notre  article.  Le  Pasteur  l’expliquera  avec  le  plus  grand  soin.  Car  les  Fidèles  Sont  obligés  de  croire,  non  seulement  que  Notre-Seigneur  Jésus  Christ  a  été  conçu  par  l’opération  du  Saint-Esprit, mais encore qu’il  est  né  de  la  Vierge  Marie,  et  que  «est  elle  qui  L’a  mis  au  monde.
     C’est  avec  une  joie  profonde  et  une  vive  allégresse  que  nous  devons  méditer  ce  mystère  de  notre  Foi. La parole de  l’Ange qui  le  premier  en  fit  connaître  au  monde l’heureux accomplissement  nous  y  invite.  
    Je  vous  annonce,  dit-il, un grand  sujet  de  joie  pour  tout  le  peuple.  Et  avec  cette  parole,  le  cantique  des  Anges: Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de  bonne  volonté.  Alors  en  effet  commençait  à  s’accomplir  la  magnifique promesse que Dieu avait faite à Abraham  de bénir un jour toutes les nations dans  sa  postérité.  Car  Marie  que  nous  reconnaissons  hautement  et  que  nous honorons comme véritable Mère de Dieu, puisque la personne qu’elle a enfantée est Dieu et homme tout ensemble, Marie descendait de David.
    Mais si la conception du Sauveur est au-dessus de toutes les lois de la nature, sa naissance ne l’est   pas   moins;   elle   est   divine.   Et   ce   qui   est   absolument prodigieux, ce qui dépasse toute pensée et toute parole, c’est qu’il est né de sa Mère  qui  est  demeurée  toujours  Vierge.  De  même  que  plus  tard  Il  sortit  de  son  tombeau, sans briser le sceau qui Le tenait fermé, de même qu’il entra, les portes fermées,  dans  la  maison  où  étaient  ses  disciples,  de  même  encore pour prendre nos comparaisons dans les phénomènes ordinaires que les rayons du soleil  traversent  le  verre  sans  le  briser  ni  l’endommager,  ainsi,  mais  d’une manière   beaucoup   plus   merveilleuse,   Jésus-Christ  naquit  de  sa  Mère   qui conserva  le  privilège  de  la  Virginité.  nous  avons  donc  bien  raison  d’honorer Marie à la fois comme Mère et comme Vierge.
    Ce privilège inouï fut l’œuvre de l’Esprit  Saint,  suivant  la  profession  de  foi  du  Saint  Concile  de  Constantinople  citée plus haut: «Jésus-Christ s’est incarné dans le sein de la Vierge Marie, par le Saint-Esprit, et Il s’est fait homme». L’Apôtre  Saint  Paul  appelle  quelquefois  Jésus-Christ le  nouvel  Adam,  et  Le compare  au  premier.  En  effet,  de  même  que  tous  les  hommes  sont  morts  dans  celui-ci, ainsi tous sont rappelés à la vie dans Celui-là. Et de même encore que le premier a été le père du genre humain, selon l’ordre de la nature, de même le second  est  pour  tous  les  hommes  l’Auteur  de  la  grâce  et  de  la  gloire.
     Par analogie,  nous  pouvons  également  comparer  la  Vierge-Mère  à  Eve,  et  montrer  les  rapports  qui  existent  entre  la  première  Eve,  et  Marie  qui  est  la  seconde; comme nous venons de le faire entre le premier Adam et le second qui est Jésus-Christ. Eve, en croyant au serpent,  attira sur le genre humain la malédiction et la  mort;  Marie,  en  ajoutant  foi  aux  paroles  de  l’Ange,  obtint  pour  les  hommes,  de la bonté de Dieu, la bénédiction et la vie.  Par Eve, nous naissons enfants de colère; par Marie, nous recevons Jésus-Christ,  qui  nous  fait  renaître  enfants  de  la  grâce.  A  Eve  il  a  été  dit:   tu  enfanteras  dans  la  douleur;  Marie  donne naissance  à  notre  Seigneur  Jésus-Christ  et  elle  ne  souffre  pas,  et,  comme  nous  l’avons dit tout à l’heure, elle conserve le privilège de la Virginité parfaite.
    Mais  puisque  la  conception  et  la  naissance  du  Rédempteur  devaient  renfermer  des  merveilles  si  grandes  et  si  profondes,  ne  convenait-il  pas  que  la  divine Providence nous en instruisît d’avance par des figures nombreuses et des oracles formels? C’est pourquoi les Saints Docteurs ont appliqué à ce mystère beaucoup de textes de  la  Sainte  Écriture,  et  principalement  ceux-ci: cette  porte  du  sanctuaire  qu’Ezéchiel  vit  fermée; cette  pierre  qui,  dans  Daniel  se  détache  de  la montagne,  sans  que  les  hommes  y  mettent  la  main,  et  devient  elle-même  une grande  montagne  qui  couvre  toute  la  terre; cette  verge  d’Aaron  qui  fleurit  seule au milieu de toutes les verges des chefs d’Israël;  enfin ce buisson que Moïse vit brûler sans se consumer.
    Quant à la naissance même du Sauveur, elle est racontée par Saint Lue dans tous ses  détails.  nous  n’avons  donc  pas  à  y  insister  ici  davantage.  Le  Pasteur  la  trouvera  dans  cet  Evangéliste.  Ce  qui  devra  l’occuper  surtout  sera  de  graver  fortement  dans  l’esprit  et  le  cœur  des  Fidèles  la  connaissance  de  ces  mystères  qui ont été écrits pour notre instruction;  afin que d’une part, le souvenir d’un si grand bienfait les porte à la reconnaissance envers Dieu, qui en est l’auteur, et d’autre part, que le spectacle d’une humilité si étonnante et si parfaite, devienne pour eux un exemple à imiter. En  effet,  quoi  de  plus  utile,  quoi  de  plus  propre  à  réprimer  l’orgueil  et  la  vanité  de  notre esprit,  que  la  pensée  fréquente  (et  comme  la  vue)  d’un  Dieu  qui s’humilie  jusqu’à  communiquer sa  gloire  aux  hommes,  et  se  revêtir  de  leur faiblesse  et  de  leur  fragilité?  d’un  Dieu  qui  daigne se  faire  homme?  d’une Majesté  souveraine  et  infinie  qui  s’abaisse  à  servir  l’homme,  pendant  que  les  colonnes du ciel, comme dit l’Ecriture tremblent de frayeur au moindre signe de  sa  Volonté,  et  qui  consent  à  naître  et  à  vivre  sur  la  terre,  pendant  que  les  Anges L’adorent dans le ciel? Or, puisque c’est pour nous que Dieu a fait toutes ces choses, que ne devons-nous pas faire, nous, de notre côté, pour Lui obéir? Avec  quel  empressement,  avec  quelle  allégresse  ne  devons-nous  pas  aimer,  embrasser  et  remplir  tous  les  devoirs  que  l’humilité  nous  impose?
     Ah!  de grâce, recueillons les salutaires leçons que Jésus-Christ nous donne en naissant, et avant même d’avoir prononcé une seule parole! Il naît pauvre; Il naît comme un étranger, dans un lieu qui ne Lui appartient pas; Il naît dans une vile étable; Il  naît au milieu de l’hiver. Car voici ce que nous rapporte Saint Luc: Pendant qu’ils étaient là, il arriva que le temps s’accomplit où elle devait enfanter, et elle mit au monde son fils premier-né; elle l’enveloppa de langes, et elle le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait point de place pour Lui dans l’hôtellerie.
    L’Évangéliste  pouvait-il  cacher  sous  des  termes  plus  humbles,  cette  majesté  et  cette  gloire  qui  remplissent  le  ciel  et  la  terre? Il ne dit pas seulement qu’il n’y avait  point  de  place  dans  l’hôtellerie, mais qu’il  n’y  en  avait  point  pour  Lui, pour Celui qui a dit: La terre est à Moi et tout ce qu’elle renferme. Et un autre Évangéliste a dit également: Il est venu chez lui, et les siens ne L’ont pas reçu.
    En contemplant ces mystères, les Fidèles n’oublieront pas que si Dieu a daigné se revêtir de la bassesse  et  de  l’infirmité  de  notre  nature,  c’était  pour  élever  le  genre  humain  au  plus  haut  degré  de  gloire.  En  effet,  pour  bien  comprendre l’éminente  dignité,  même  la  supériorité  que  Dieu,  dans  sa  bonté,  a  voulu accorder  à  l’homme,  ne  suffit-il  pas  de  reconnaître  que  Jésus-Christ,  qui  est véritablement Dieu, est aussi véritablement homme? Et cela est si vrai qu’il nous est permis de nous glorifier que le Fils de Dieu est réellement  notre  chair  et  nos  os,  privilège  qui  n’appartient  pas  aux  esprits bienheureux, car dit l’apôtre, Jésus-Christ ne s’est point approprié la nature angélique, mais celle des enfants d’Abraham.
    Enfin  prenons  garde  qu’il  ne  nous  arrive  pour  notre  malheur  ce  qui arriva  à  Bethléem,   et   que,   comme   notre   Seigneur   ne   trouva   point   de   place   dans l’hôtellerie pour y naître, de même Il n’en trouve pas davantage dans nos cœurs pour  y  prendre  naissance,  non  plus  selon  la  chair,  mais  selon  l’esprit.  Car  Il  souhaite ardemment de venir en nous, à cause de l’extrême désir qu’il a de notre salut.  Et  de  même  encore  qu’il  s’est  fait  homme,  qu’Il  est  né,  qu’il  a  été sanctifié,  qu’il  a  été  la  sainteté  même  par  la  vertu  du  Saint-Esprit,  et  d’une manière toute surnaturelle, ainsi il faut que nous naissions non du sang et de la volonté de la chair, mais de Dieu; qu’ensuite nous marchions comme des créatures  nouvelles  dans  un  esprit  nouveau,  et  que  nous  conservions  cette sainteté et cette pureté de cœur, qui conviennent si bien à des hommes régénérés par  l’esprit  de  Dieu.  De  cette  manière  nous  pourrons  reproduire  en  nous-mêmes quelque  image  de  cette  Conception  et  de  cette  naissance  si  sainte  du  Fils  de Dieu,  que  nous  croyons  d’une  Foi  ferme,  et  que  nous  adorons  et  admirons  en  même temps comme la Sagesse de Dieu qui est cachée dans ce Mystère.
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    Cathéchisme de TRENTE  première partie Empty Re: Cathéchisme de TRENTE première partie

    Message par Admin Lun 21 Mar - 12:17

    Chapitre cinquième — Du quatrième article du Symbole


    QUI A ÉTÉ CONÇU DU SAINT-ESPRIT, EST NÉ DE LA VIERGE MARIE.


                Pour  montrer  combien  la  connaissance  de  cet  article  est  nécessaire, et avec quel zèle  le  Pasteur  doit  exhorter  les  Fidèles  à  se  rappeler  le  plus  souvent  possible  la  Passion du Sauveur, il suffit de citer ces paroles du grand Apôtre dans lesquelles 1il  fait  profession  de  ne  savoir  rien  autre  chose  que  Jésus-Christ  crucifié. Le Pasteur  devra  donc  employer  tous  ses  soins  et  tous  ses  efforts  à  bien  faire  ressortir cette vérité, afin que le souvenir d’un si grand bienfait fasse impression sur  les  Fidèles  et  les  porte  à  reconnaître  et  à  admirer  sans  réserve  la  bonté  et  l’amour de Dieu pour nous.

    I. — I QUI A SOUFFERT SOUS PONCE-PILATE 

                          La première partie de cet article (on parlera de la seconde un peu plus loin) nous propose à croire que notre Seigneur Jésus-Christ a été crucifié dans le temps où Ponce  Pilate  gouvernait  la  Judée,  au  nom  de  l’empereur  tibère.  En  effet  Il  fut  arrêté, accablé de railleries et d’injures, tourmenté de diverses manières, et enfin attaché à une croix. Et il n’est pas permis de douter que son âme, dans sa partie inférieure,  n’ait  été  sensible  à  ces  tourments.  Car  par  le  seul  fait  qu’Il  avait  revêtu  la  nature  humaine,  nous  sommes  obligés  de  reconnaître  qu’Il  ressentit  dans son âme la plus vive douleur. Aussi dit-il Lui-même: mon âme est triste à en  mourir. Sans doute la nature humaine se trouvait unie en Lui à une personne divine,  mais  il  n’en  est  pas  moins  vrai  qu’Il  souffrit  toute  l’amertume  de  sa Passion, comme si cette union n’avait pas existé. Les propriétés des deux natures furent  conservées  dans  la  Personne  unique  de  Jésus-Christ.  Par  conséquent ce qui,  en  Lui,  était  passible  et  mortel,  demeura  passible  et  mortel; et ce qui était impassible  et  immortel,  c’est-à-dire  la  nature  divine,  ne  perdit  rien  de  ses qualités essentielles. Quant  au  soin  particulier  avec  lequel  on  a  voulu  rappeler  ici  que  Jésus-Christ souffrit  dans  le  temps  où  Ponce  Pilate  gouvernait  la  Judée,  réduite  en  province  romaine,  le  Pasteur  ne  manquera  pas  d’en  donner  la  raison;  c’est  que  la connaissance  d’un  événement  si  considérable,  et  en  même  temps  si  nécessaire  pour  l’humanité, devenait beaucoup plus facile pour tous, en précisant l’époque certaine  de  son  accomplissement.  C’est  ce  que  l’Apôtre  Saint  Paul  avait  fait. De  plus, il  faut  voir  dans  ces  paroles  l’accomplissement  de  cette  prophétie  du  Sauveur  disant  de  Lui-même: Ils  le  livreront  aux  Gentils  pour  être  outragé,  flagellé et crucifié.
    Ce fut également par un conseil particulier de Dieu qu’Il voulut mourir sur une croix. Ne fallait-il pas que la vie nous revînt par où la mort nous était venue? Le serpent qui avait triomphé de nos premiers parents avec le fruit d’un arbre, fut  vaincu  à  son  tour  par  Jésus-Christ  sur  l’arbre  de  la  Croix.  Les  Saints  Pères  ont  longuement  développé  un  bon  nombre  de  raisons  que  nous  pourrions reproduire,  pour  faire  comprendre  toutes  les convenances de ce genre de mort, plutôt  que  tout  autre.  Mais  le  Pasteur  avertira  les  Fidèles  qu’il  leur  suffit  de  croire que Jésus-Christ a choisi la Croix pour y mourir, parce qu’il la trouvait la plus  convenable et la  mieux  appropriée  à  la  Rédemption  du  genre  humain.  
    En  effet,  il  n’y  avait  rien  de  plus  honteux  ni  de  plus  humiliant.  Et  ce  n’étaient  pas  seulement les païens qui regardaient ce supplice comme abominable, et Plein de honte  et  d’infamie;  la  loi  de  Moïse  elle-même  prononçait  l’anathème  contre celui qui est pendu au bois.
    Le  Pasteur  n’oubliera  pas  non  plus  de  raconter  l’histoire  des  souffrances  de Jésus-Christ, si soigneusement décrites par les Évangélistes. tout au moins il fera connaître  aux  Fidèles  les  points  principaux  de  ce  mystère,  c’est-à-dire ceux qui semblent  plus  nécessaires  pour  confirmer  la  vérité  de  notre  Foi.  C’est  sur  cet  article  en  effet,  que  la  Foi  et  la  Religion  chrétienne  reposent  comme  sur  leur  base. Si l’on a soin de bien l’établir, tout le reste se soutient parfaitement. Car si l’esprit  humain  trouve  ailleurs  des  difficultés,  c’est  sans  contredit  dans  le mystère  de  la  Rédemption  qu’il  en  rencontre  le  plus.  nous  avons  peine  à concevoir que notre salut dépende de la Croix et de Celui qui s’y laissa clouer pour notre amour. Mais  c’est  en  cela  même,  selon  l’enseignement  de  l’Apôtre,  qu’il faut admirer la souveraine Providence de Dieu.
    Car voyant que le monde, avec sa sagesse, ne L’avait point reconnu dans les œuvres de sa divine Sagesse, il lui a plu de sauver par la folie de la prédication ceux qui croiraient. Il n’y a donc pas lieu d’être surpris que les Prophètes, avant son arrivée dans le monde et  les  Apôtres,  après  sa  Mort  et  sa  Résurrection,  aient  fait  tant  d’efforts  pour  persuader aux hommes que Jésus-Christ est leur Rédempteur, et pour les amener à reconnaître la puissance de ce Crucifié, et à Lui obéir. On peut dire que le mystère de la Croix, humainement parlant, est plus que tout le reste, en dehors des conceptions de la raison; voilà pourquoi, depuis le péché d’Adam,  Dieu  n’a  point  cessé  d’annoncer  la  mort  de  son  Fils,  tantôt  par  des  figures,  tantôt  par  des  oracles  de  ses  Prophètes.
    Ainsi,  pour  dire  un  mot  des figures, Abel  tué  par  la  jalousie  de  son  frère,  Isaac offert  par  son  père  en  sacrifice, l’agneau immolé par les Hébreux à leur sortie d’Égypte, le serpent d’airain  que  Moïse  fit  élever  dans  le  désert,  voilà  bien  autant  de  figures  qui représentaient  par  avance  la  Passion  et  la  Mort  de  notre  Seigneur  Jésus-Christ! Quant aux Prophètes, presque tous les ont prédites; et leurs prophéties sont trop connues pour que nous ayons à les rapporter ici. Mais outre celles de David , qui  a  embrassé  dans  ses  Psaumes  tous  les  mystères  de  notre  Rédemption,  est-il possible d’en trouver de plus claires et de plus évidentes que celles d’Isaïe?  et ne  dirait-on  pas  que  ce  voyant  raconte  des  faits  accomplis,  bien  plus  qu’il  ne  prophétise des événements futurs?

    II. — EST MORT, ET A ÉTÉ ENSEVELI.

                 Le  Pasteur  enseignera  que  ces  paroles  nous  obligent  à  croire  que  Jésus-Christ, après  avoir  été  crucifié,  mourut  véritablement  et  fut  enseveli.  Et  ce  n’est  pas  sans  raison  que  les  Apôtres  ont  fait  de  cette  vérité  un  article  spécial  de  leur  Credo. Car il s’est trouvé des hommes, et en certain nombre, pour soutenir que notre  Seigneur  n’était  pas  mort  sur  la  Croix.
     Les  Apôtres,  ces  personnages  si  saints  et  si  vénérables,  ont  donc  fait  preuve  de  sagesse  en  établissant  ce  point  particulier  de  notre  Foi  pour  repousser  cette  erreur.  Du  reste,  l’authenticité  du  fait  ne  laisse  aucune  place  au  doute.  tous  les  Évangélistes  sont  d’accord  pour  dire que Jésus-Christ rendit l’esprit. Au surplus, notre Sauveur étant vraiment et parfaitement  homme  pouvait  par  là  même  mourir  véritablement.  
    Or  l’homme  meurt,  lorsque  son  âme  se  sépare  de  son  corps.  Ainsi  lorsque  nous  disons  que  Jésus-Christ est mort, nous entendons que son âme a été séparée de son Corps. Mais  nous  n’admettons  pas  que  la  Divinité  en  ait  été  séparée.  non,  car  nous  croyons fermement, au contraire, et nous faisons profession de croire qu’après la séparation  du  Corps  et  de  l’Âme,  la  divinité  demeura  inviolablement  unie  au  Corps dans le sépulcre, et à l ’Âme dans les enfers. Or Il convenait que le Fils de Dieu mourût, afin que par sa mort, Il détruisît celui qui avait l’empire de la mort,  c’est-à-dire  le  démon,  et  qu’Il  délivrât  ceux  que  la  crainte  de  la  mort  tenait pendant toute la vie dans un état de servitude. Mais  ce  qu’il  y  a  d’extraordinaire  dans  la  Mort  de  Jésus-Christ,  c’est  qu’Il mourut  précisément  en  Maître  de  la  mort,  au  moment même où Il avait décrété de mourir, et de plus que sa mort fut l’effet de sa volonté, et non de la violence de  ses  ennemis.  Il  avait,  en  effet,  non  seulement  réglé  et  arrêté  sa  mort,  mais  encore Il en avait fixé le lieu et le moment. Isaïe avait dit de Lui: Il a été offert (c’est-à-dire immolé), parce qu’Il l’a voulu. Lui-même, avant sa Passion disait à son tour: Je laisse mon âme pour la reprendre de nouveau. Personne ne Me l’enlève mais je la quitte de Moi-même. J’ai le pouvoir de la quitter, et J’ai le pouvoir de la reprendre.
    Et pour le temps et le lieu de sa mort, voici comment Il s’en  explique  lorsque  Hérode  Lui  tendait  des  embûches  pour  Le  faire  périr:  Allez  dire  à  ce  renard  Je  chasse  les  démons,  et  J’opère  des  guérisons aujourd’hui et demain et le troisième jour Je mourrai.
    Et cependant il faut que Je  marche  aujourd’hui  et  demain  et  le  jour  suivant:  car  il  ne  faut  pas  qu’un  Prophète périsse hors de Jérusalem.
    Ce  ne  fut  donc  ni  malgré  Lui  ni  par  contrainte,  ce  fut  au  contraire  par  sa  pleine volonté  qu’Il  s’offrit  Lui-même,  et  qu’il  dit  en  s’avançant  vers  ses  ennemis:  c’est  Moi! et ce fut de son plein gré qu’Il endura tous les tourments injustes et cruels dont ils L’accablèrent. Rien n’est plus capable de nous émouvoir et de nous toucher profondément que le souvenir et la méditation de toutes ses souffrances et de toutes ses tortures.
    Si quelqu’un  avait  souffert  pour  nous  toutes  sortes  de  douleurs,  non  pas volontairement, mais par nécessité et par contrainte, peut-être pourrions-nous ne voir dans ces souffrances qu’un bienfait relatif. Mais au contraire, s’il s’agissait de quelqu’un qui, pour nous, uniquement pour nous, aurait bien voulu souffrir la mort de son plein gré, et lorsqu’ Il pouvait s’y soustraire, ce trait de bonté serait si  beau et si grand, que le cœur le plus reconnaissant, non seulement ne saurait exprimer,  mais  même  ressentir,  toute  la  gratitude  qu’Il  mériterait.
     Quelle  est donc l’excellence de la charité de Jésus-Christ envers nous, et comment mesurer tout ce qu’il y a d’immense et de divin dans le bienfait de la Rédemption? Nous confessons ensuite qu’Il a été enseveli. Mais nous ne considérons pas ces paroles  comme  une  vérité  particulière  qui  offrirait  des  difficultés  nouvelles, après les explications que nous avons données sur sa mort. En effet dès lors que nous  croyons  que  Jésus-Christ  est  véritablement  mort,  il  n’est  plus  difficile  de  nous persuader qu’Il a été enseveli.
    Si donc on a ajouté ces mots, c’est d’abord afin de supprimer tout prétexte de doute sur sa mort, car l’une des plus grandes preuves  de  la  mort  d’un  homme,  c’est  le  fait  même  de  sa  sépulture.  C’est  en  second  lieu  afin  de  rendre  plus  sensible  et plus  éclatant  le  miracle de sa Résurrection. Mais  par  ces  paroles  nous  ne  reconnaissons  pas  seulement  que  le  Corps  de Jésus-Christ a été enseveli, nous admettons de plus, et surtout ainsi que l’Église nous  le  propose  à  croire ,  que  c’est  un  Dieu  qui  a  reçu  la  sépulture,  comme  nous  disons  en  toute  vérité,  selon  la  règle  de  la  Foi  catholique,  que  Dieu  est  mort, que Dieu  est  né  d’une  Vierge.  Et  de  fait,  puisque  la  Divinité  de  Jésus-Christ n’a pas été séparée de son Corps renfermé dans le tombeau, nous avons le droit de dire que Dieu a été enseveli.
    En  ce  qui  regarde  le  genre  et  le  lieu  de  cette  sépulture,  le  Pasteur  se contentera du  texte  des  saints  Évangiles.  toutefois  il  fera  ici  deux  observations  très importantes:  la  première,  que  le  Corps  de  Jésus-Christ  dans  le  tombeau  fut exempt de toute corruption, ainsi que le Prophète l’avait annoncé en ces termes: Vous ne permettrez point, Seigneur, que votre Saint éprouve la corruption. La seconde,  c’est  que  toutes  les  parties  de  cet  article,  la  Sépulture,  la  Passion  et  la  Mort  ne  conviennent  à  Jésus-Christ  qu’en  tant  qu’Il  est  homme,  et  non  en  tant  qu’Il  est  Dieu.  Car  la  souffrance  et  la  mort  sont  le  triste  apanage  de  la  nature  humaine.  Cependant  ces  choses  sont  attribuées  à  Dieu  dans  le  Symbole,  parce  qu’il est clair qu’on peut les dire avec raison de la Personne qui est tout à la fois Dieu parfait et homme parfait.

    III. — CAUSES DE LA MORT DE JÉSUS-CHRIST.

                 Ces vérités ainsi exposées, les Pasteurs auront soin de développer, sur la Passion et  la  mort  de  Jésus-Christ,  certaines  considérations  propres  à  faire  méditer  aux  Fidèles, la profondeur d’un si grand mystère. Et  d’abord,  ils  diront  quel  est  Celui  qui  a  enduré  toutes  ces  souffrances.  C’est  Celui  dont  la  dignité  est  telle  que  nous  ne  pouvons  ni  la  comprendre  ni l’expliquer -, Celui dont Saint Jean a dit qu’Il est le Verbe qui était en Dieu; Celui dont l’Apôtre Saint Paul a fait ce magnifique éloge , qu’il a été établi de Dieu héritier de toutes choses, que les siècles ont été faits par Lui; qu’Il est la splendeur  de  la  gloire  et  le  caractère  de  la  substance  du  Père; qu’Il soutient tout par la parole de sa Puissance, qu’Il nous a purifiés de nos péchés, et qu’en conséquence,  Il  est  assis  à  la  droite  de  la  Majesté  suprême,  au  plus  haut  des  cieux. Et, pour tout dire en un mot, Celui qui a souffert pour nous, c’est Jésus-Christ, Dieu et homme tout ensemble.
    Oui, c’est le Créateur qui souffre pour ses créatures;  c’est le  Maître  qui  souffre  pour  ses  esclaves.  C’est  Celui  qui  a  créé  les Anges, les hommes, le ciel et tous les éléments, enfin Celui en qui, par qui, et  de  qui  toutes  ces  choses  subsistent.  Il  ne  faut  donc  pas  nous  étonner  que  lorsque  l’Auteur  de  la  nature  fut  si  violemment  agité  par  tant  de  tourments,  l’édifice  tout  entier  n’ait  été  ébranlé,  et  que,  selon  le  récit  de  l’Ecriture,  la terre ait tremblé, que les rochers se soient fendus, que les ténèbres aient couvert toute la surface de la terre, et que le soleil se soit obscurci. Mais si ces créatures muettes  et  insensibles  ont  pleuré  la  mort  de  leur  Créateur,  quelles  larmes  ne  doivent  pas  verser  les  Fidèles,  et  de  quelle  douleur  ne  doivent-ils  pas  être pénétrés, eux qui sont les pierres vivantes de la maison de Dieu?
    Il  faut  ensuite  exposer  les  causes  de  la  Passion,  afin  de  rendre  plus  frappantes  encore  la  grandeur  et  la  force  de  l’Amour  de  Dieu  pour  nous.  Or,  si  on  veut  chercher le motif qui porta le Fils de Dieu à subir une si douloureuse Passion, on trouvera  que  ce  furent,  outre  la  faute  héréditaire  de  nos  premiers  parents,  les  péchés  et  les  crimes  que  les  hommes  ont  commis  depuis  le  commencement  du  monde  jusqu’à  ce jour, ceux  qu’ils commettront encore jusqu’à la consommation  des  siècles.  
    En  effet  le  Fils  de  Dieu  notre  Sauveur  eut  pour  but  dans  sa  Passion  et  dans  sa  Mort  de  racheter  et  d’effacer  les  péchés  de  tous  les  temps,  et  d’offrir  à  son  Père  pour  ces  péchés  une  satisfaction  abondante  et  complète.Il  convient  d’ajouter,  pour  donner  plus  de  prix  à  son  Sacrifice,  que  non seulement  ce  divin  Rédempteur  voulut  souffrir  pour  les  pécheurs,  mais  que  les  pécheurs  eux-mêmes  furent  les  auteurs  et  comme  les  instruments  de  toutes  les  peines  qu’Il  endura.  C’est  la  remarque  de  l’Apôtre  Saint  Paul  dans  son  épître  aux  Hébreux: Pensez,  dit-il, en  vous-mêmes  à  Celui  qui  a  Souffert  une  si  grande contradiction de la part des pécheurs élevés contre Lui, afin que vous ne vous découragiez point, et que vous ne tombiez point dans l’abattement.
    Nous devons donc regarder comme coupables de cette horrible faute, ceux qui continuent à retomber dans leurs péchés. Puisque ce sont nos crimes qui ont fait subir  à  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  le  supplice  de  la  Croix,  à  coup  sur  ceux qui se plongent dans les désordres et dans le mal crucifient de nouveau dans leur cœur, autant qu’il est en eux, le Fils de Dieu par leurs péchés, et Le couvrent de confusion. Et il faut le reconnaître, notre crime à nous dans ce cas est plus grand que celui des Juifs. Car eux, au témoignage de l’Apôtre, s’ils avaient connu le Roi de gloire, ils ne L’auraient jamais crucifié. Nous, au contraire, nous faisons profession  de  Le  connaître.  Et  lorsque  nous  Le  renions  par  nos  actes,  nous portons en quelque sorte sur Lui nos mains déicides. Enfin  la  Sainte  Écriture  nous  enseigne  que  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  a  été  livré  à  la  mort  par  son  Père  et  par  Lui-même. Le Prophète Isaïe fait dire à Dieu le Père: Je L’ai frappé à cause du crime de mon peuple.
    Et, quelques  lignes  plus  haut,  le  même  Prophète  plein  de  l’Esprit  de  Dieu,  voyant  dans  l’avenir  le  Sauveur  couvert  de  plaies  et  de  blessures,  s’écriait:  Nous nous sommes tous égarés comme des brebis. Chacun de nous a suivi sa voie, et le Seigneur a mis sur Lui les iniquités de nous tous. Puis en parlant de Dieu le Fils, il dit: S’Il sacrifie sa vie pour le péché, Il verra une longue postérité.
    Et l’Apôtre Saint Paul confirme cette vérité par des paroles encore plus décisives, tout en voulant nous montrer d’ailleurs ce que nous avons à espérer de la Miséricorde et de la Bonté infinie de Dieu: Celui, dit-il,  qui  n’a  pas  épargné  son  Propre  Fils,  mais  qui  L’a libéré pour nous tous, comment, avec Lui, ne nous aurait-il pas aussi donné toutes choses?

    IV. — DOULEURS DE JÉSUS-CHRIST DANS SON CORPS ET DANS SON ÂME.

                  Ici le Pasteur devra expliquer combien furent cruelles les douleurs de la Passion. Hélas!  nous  n’avons  qu’à  nous  rappeler  cette  sueur  qui  coulait  du  corps  du  Sauveur  jusqu’à  terre  en  gouttes  de  sang,  à  la  pensée  des  tortures  et  des supplices  qui  L’attendaient  pour  comprendre  qu’il  était  impossible  de  rien ajouter  à  de  pareilles  souffrances.
    Car  si  la  seule  pensée  des  tourments  qui  Le  menaçaient fut assez douloureuse pour exciter en Lui une sueur de sang, que ne souffrit-Il pas lorsqu’Il les endura réellement? Il est donc bien certain que notre Seigneur  Jésus-Christ ressentit dans son Corps et dans son Ame les plus cruelles douleurs.
    Et d’abord il n’y eut aucune partie de son Corps qui n’éprouvât des tourments extrêmes. Ses pieds et ses mains furent cloués à la Croix, sa tête fut percée par la couronne  d’épines  et  frappée  à  coups  de  roseau;  son  visage  fut  souillé  de  crachats, et meurtri par les soufflets; tout son Corps enfin fut battu de verges.
    Ce  n’est  pas  tout.  Des  hommes  de  tous  rangs  et  de  toutes  conditions conspirèrent  contre  le  Seigneur  et  contre  son  Christ.  Juifs  et  Gentils  furent  également les instigateurs, les auteurs et les ministres de sa Passion.
    Judas Le trahi.
    Pierre Le renia.
    tous ses autres disciples L’abandonnèrent.
    Voyons-Le  maintenant  sur  la  Croix.  Faut-il  déplorer  la  cruauté,  ou  l’ignominie  d’un tel supplice, ou ces deux choses ensemble? Certes, on ne pouvait inventer un genre de mort ni plus honteux, ni plus douloureux. Il était réservé aux grands criminels,  aux  derniers  des  scélérats,  et  la  lenteur  de  la  mort  y  rendait  encore  plus aigu le sentiment des douleurs les plus violentes. Mais ce qui  augmentait  également  l’intensité  de  ses  souffrances,  c’était  la constitution  et  les  qualités  même  du  Corps   de   Jésus-Christ.  
    Formé   par l’opération du Saint-Esprit ce Corps était incomparablement plus parfait et plus délicatement  organisé  que  celui  des  autres  hommes.  Voilà  pourquoi  aussi  sa  sensibilité  était  beaucoup  plus  vive,  et  Lui  faisait  ressentir  plus  profondément  tous ces tourments.
    Quant  aux  souffrances  intimes  de  l’âme,  personne  ne  peut  douter  qu’elles n’aient  été  extrêmes  en  Jésus-Christ.  Lorsque  les  Saints  avaient  à  subir  des  persécutions,  ou  étaient  livrés  aux  supplices,  leur  âme  recevait  de  Dieu  des  consolations  ineffables  qui  les  ranimaient  au  milieu  des  tourments  et  leur donnaient  la  force  d’en  supporter  patiemment  toutes  les  rigueurs.  On  en  vit même  quelquefois  qui  éprouvaient  alors  dans  leur  cœur  la  joie  la  plus  vive.  Je me  réjouis,  disait  l’Apôtre , dans  les  maux  que  j’endure  pour  vous,  et  je complète  dans  ma  chair  ce  qui  manque  aux  souffrances  de  Jésus-Christ,  en souffrant  moi-même  pour  son  Corps  qui est  l’Église.  Et  ailleurs  :  Je  suis  rempli  de  consolations,  et  je  surabonde  de  joie  dans  toutes  mes  tribulations. Mais Notre-Seigneur  Jésus-Christ voulut boire le calice amer de sa Passion, sans mélange  d’aucune  douceur.  Bien  plus,  Il  laissa  goûter,  en  quelque  sorte,  à  la  nature humaine dont Il s’était revêtu, toute la rigueur des tourments, comme s’Il n’avait été qu’un homme, et non pas un Dieu.

    V. — FRUITS DE LA MORT DE JÉSUS-CHRIST.

                     Arrivé  ici  le  Pasteur  n’a  plus  qu’à  expliquer  mais avec soin les avantages et les biens que la Passion du Sauveur nous a procurés.
    En  premier  lieu,  Jésus-Christ  par  ses  souffrances  nous  a  délivrés  du  péché.  Il nous a aimés, dit Saint Jean et Il nous a lavés de nos péchés dans son sang. Et encore,  comme  dit  l’Apôtre , Il  nous  a  fait  revivre  avec  Lui,  nous  remettant  tous  nos  péchés,  effaçant  l’arrêt  de  condamnation  écrit  et  porté  contre  nous,  l’abolissant et l’attachant à la Croix.
    Ensuite Il nous a arrachés à la tyrannie du démon. Voici maintenant le jugement du monde, dit  le  Sauveur  Lui-même , et  le  prince  de  ce  monde  va  en  être chassé, et Moi, quand j’aurai été élevé de la terre, J’attirerai tout à Moi. En troisième lieu, Il a payé la peine qui était due pour nos péchés. De  plus,  comme  on  ne  pouvait  offrir  à  Dieu  un  sacrifice  qui  fût  plus  digne  ou  plus  agréable,  Il  nous  a  réconciliés avec son Père , Il L’a apaisé, et nous L’a rendu favorable. Enfin,  en  enlevant  nos  péchés,  Il  nous  a  ouvert  la  porte  du  ciel  que  le  péché  commun  à  tous  les  hommes  avait  fermée.  C’est  ce  que  l’Apôtre  nous  marque  bien dans ces paroles: Nous  avons  la  confiance  d’entrer  dans  le  Sanctuaire,  par le Sang de Jésus-Christ. Et l’Ancien testament ne manquait pas de symboles et  de  figures  qui  exprimaient  la  même  vérité.  Ainsi les  citoyens  qui  ne pouvaient rentrer dans leur pays qu’à la mort du grand prêtre, étaient l’image des Justes  à  qui  l’entrée  dans  la  Céleste  Patrie  était  interdite,  malgré  toute  leur sainteté,  jusqu’à  la  Mort  du  Souverain  et  Eternel  Pontife,  Jésus-Christ.
    Mais  depuis que le Rédempteur l’a subie, cette Mort, les portes du ciel sont ouvertes à tous ceux qui, purifiés par les Sacrements, et possédant la Foi, l’Espérance et la Charité, deviennent participants des mérites de sa Passion.
    Le  Pasteur  montrera  que  tous  ces  avantages,  tous  ces  divins  Bienfaits  nous  viennent  de  la  Passion  de  notre seigneur. En premier lieu, parce que sa mort fut une  satisfaction  pleine  et  entière  qui  Lui  fournit  le  moyen  admirable  de  payer  à  Dieu son Père toute la dette de nos péchés. Et ce prix qu’Il paya pour nous, non seulement  égale  notre  obligation,  mais  lui  est  infiniment  supérieur.  En  second  lieu,  parce  que  le  sacrifice  de  la  Croix  fut  infiniment  agréable  à  Dieu.  A  peine  Jésus-Christ  l’eut-Il  offert  que  la  colère  et  l’indignation  de  son  Père  furent entièrement  apaisées.  Aussi  l’Apôtre  a-t-il  soin  de  nous  faire  remarquer  que  la  Mort  du  Sauveur  fut  un  vrai  Sacrifice  Jésus-Christ nous a aimés, dit-il, et Il s’est  livré  Lui-même  pour  nous  en  s’offrant  à  Dieu  comme  une  Victime  et  une  Oblation  d’agréable  odeur.
    En  troisième  lieu,  enfin,  parce  que  la  Passion  fut pour nous cette Rédemption dont parle le prince des Apôtres, quand il dit : ce n’est  ni  par  l’or  ni  par  l’argent  corruptibles  que  vous  avez  été  rachetés  de  la  vanité  de  votre  vie,  que  vous  avez  héritée  de  vos  pères,  mais  par  le  Sang précieux de l’Agneau Saint et Immaculé, Notre-Seigneur Jésus-Christ. Et Saint Paul dit à son tour : Jésus-Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, en devenant malédiction pour nous. Outre ces avantages si précieux, la Passion nous en fournit encore un autre d’un prix  inestimable.  Elle  met  sous  nos  yeux  les  exemples  les  plus  frappants  de toutes  les  vertus:  la  patience,  l’humilité,  une  charité  admirable,  la  douceur, l’obéissance, un courage surhumain à souffrir pour la justice, non seulement des douleurs,  mais  la  mort  elle-même.  Et  nous  pouvons  dire  en  vérité,  que  notre  Sauveur,  dans  le  seul  jour  de  sa  Passion,  voulut  représenter  en  Lui  toutes  les  vertus  dont  Il  avait  recommandé  la  pratique  pendant  le  cours  entier  de  sa prédication.
    Voilà  ce  que  nous  avions  à  dire  ici  sur  la  Passion  et  la  Mort  si  salutaires  de Notre-Seigneur Jésus-Christ! Puissions-nous méditer sans cesse ces mystères au fond de nos cœurs!  Puissions-nous apprendre par là à souffrir, à mourir, à être ensevelis  avec  ce  divin  Sauveur!  C’est  alors  que purifiés  des  souillures  du péché, et ressuscitant avec Lui à une vie nouvelle, nous mériterons, par sa Grâce et par sa Miséricorde, de participer un jour à la gloire de son Royaume céleste.
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    Cathéchisme de TRENTE  première partie Empty Re: Cathéchisme de TRENTE première partie

    Message par Admin Lun 21 Mar - 12:18

    Chapitre sixième — Du cinquième article du Symbole






    QUI EST DESCENDU AUX ENFERS, ET LE TROISIÈME JOUR EST RESSUSCITÉ DES MORTS .


    Il  importe  extrêmement,  disons-le  bien  haut,  de  connaître  la  gloire  de  la sépulture  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  dont  nous  venons  de  parler  dans l’article  précédent;  mais  il  importe  bien  plus  encore  de  connaître  les  victoires  éclatantes qu’Il a remportées sur le démon vaincu et sur l’enfer dépouillé! C’est ce  que  nous  allons  expliquer  en  même  temps  que  sa  Résurrection.  Sans  doute  ces  deux  vérités  pouvaient  fort  bien  être  séparées.  Mais  pour  suivre  l’usage  et  l’autorité des Pères, nous avons cru devoir les réunir.

    I. — IL EST DESCENDU AUX ENFERS.

                         La première partie de cet article nous propose à croire qu’aussitôt après la Mort de Jésus-Christ son âme descendit aux enfers, et y demeura aussi longtemps que son Corps resta dans le tombeau. Mais  ces  paroles  nous  obligent  aussi  à  reconnaître  et  à  croire,  que  la  même  Personne de Jésus-Christ était en même temps dans les enfers et au fond de son tombeau.  Et  ce  point  de  notre  Foi  n’étonnera  personne,  surtout  si  l’on  veut  se  rappeler  comme  nous  l’avons  dit  tant  de  fois,  que,  bien  que  l’Ame  eût  quitté  le  Corps  réellement,  jamais  pourtant  la  Divinité  ne  fut  séparée  ni  de  l’Ame  ni  du  Corps. Le  Pasteur  pourra  jeter  une  grande  lumière  sur  les  premiers mots de cet article, s’il  a  soin  d’apprendre  et  de  bien  expliquer  aux  Fidèles  ce  qu’ils  doivent entendre  par  cette  expression:  les  enfers,  qui  ne  signifient  pas  ici  le  sépulcre,  comme  quelques-uns  l’ont  pensé  avec  autant  d’impiété  que  d’ignorance.  En effet,  l’article  qui  précède  nous  enseigne  positivement  que  Notre-Seigneur Jésus-Christ a été enseveli. Par conséquent les Apôtres n’avaient aucune raison, en nous transmettant la règle de la Foi. de répéter la même vérité, d’une manière différente et beaucoup plus obscure. Ce mot: les enfers, désigne donc ici ces lieux, ces dépôts cachés où sont retenues prisonnières  les  âmes  qui  n’ont  pas  encore  obtenu  la  béatitude  céleste.  C’est dans  ce  sens  que  l’Ecriture  Sainte  l’emploie  dans  beaucoup  d’endroits.  Ainsi  nous lisons dans l’Apôtre Saint Paul:
    Like a Star @ heaven Au nom de Jésus, tout genou fléchit au ciel, sur la terre et dans les Enfers. Et dans le Livre des Actes, Saint Pierre nous assure que 2Jésus-Christ  ressuscita,  après  avoir  été  délivré  des  douleurs  de  l’Enfer.Mais  ces  lieux  ne  sont  pas  tous  semblables.  L’un  est  une  prison  affreuse  et  obscure,  où  les  âmes  des  damnés  sont  tourmentées  avec  les  esprits  immondes  par  un  feu  perpétuel  et  qui  ne  s’éteint  jamais.  Ce  lieu  porte  le  nom  de  géhenne,  d’abîme; c’est l’Enfer proprement dit. Il y a un autre enfer où est le feu du Purgatoire. C’est là que les Aines des justes se  purifient  dans  des  souffrances  qui  durent  un  temps  déterminé,  en  attendant  qu’elles  soient  dignes  d’entrer  dans  la  Patrie  éternelle,  car  rien  de  souillé  ne peut  y  pénétrer.  Cette  vérité  s’appuie  sur  le  témoignage  des  Écritures  et  sur  la  tradition  apostolique  en  même  temps  qu’elle  est  confirmée  par  les  décrets  des  saints Conciles.  Les Pasteurs auront soin de la prêcher souvent et de l’établir sur les raisons les plus solides. Car nous sommes dans un temps où les hommes ne veulent plus supporter la saine doctrine. Un troisième enfer est celui où étaient reçues les Aines des Saints avant la venue de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  et  où  elles  jouissaient  d’un séjour  tranquille,  exemptes  de  toute  douleur,  et  soutenues  par  l’heureuse  espérance  de  leur rédemption.  Or,  ce  sont  précisément  ces  Aines  saintes,  qui  attendaient  leur Libérateur dans le sein d’Abraham, que Jésus-Christ délivra lorsqu’Il descendit aux enfers. Et il ne faut pas s’imaginer que Notre-Seigneur descendit aux enfers uniquement par  sa  Puissance  et  par  sa  Vertu,  et  que  son  Ame  n’y  pénétra  pas  réellement.  nous  devons  croire  au  contraire,  et  de  la  manière  la  plus  formelle,  qu’elle  y  descendit  véritablement  et  qu’elle  y  fut  présente  substantiellement.  C’est  le témoignage positif de David:
    Like a Star @ heaven Vous ne laisserez pas mon Ame dans l’Enfer. Mais  en  descendant  aux  enfers,  Jésus-Christ  ne  perdit  rien  de  sa  Puissance; et l’éclat de sa Sainteté ne fut point obscurci. Au contraire, cet événement ne servit qu’à  mettre  en  évidence  la  vérité  des  magnifiques  descriptions  tracées  par  les  Prophètes, et à faire voir de nouveau qu’Il était vraiment le Fils de Dieu, comme Il  l’avait  déjà  prouvé  Lui-même  par  tant  de  prodiges.  C’est  ce  que  nous comprendrons   aisément,   si   nous   prenons   soin   de   comparer   ensemble   les différentes  causes  qui  ont  fait  descendre  aux  enfers  Jésus-Christ  et  les  autres  hommes. Les hommes y étaient venus en captifs. Lui, Il était libre au milieu des morts,  libre et vainqueur, puisqu’Il venait terrasser les démons qui y retenaient les hommes enfermés et enchaînés à cause de leurs péchés. Parmi  tous  ces  prisonniers,  les  uns  enduraient  les  peines  les  plus  cruelles; les autres,  quoique  exempts  de  châtiments, souffraient cependant de la privation de Dieu,  et  ne  pouvaient  qu’espérer  sans  cesse  la  Gloire  qui  devait  les  rendre heureux.  Jésus-Christ,  Lui,  non  seulement  n’y  souffrit  point,  mais  Il  n’y  parut  que  pour  délivrer  les  Saints  et  les  Justes  des  douleurs de leur triste captivité, et pour  leur  communiquer  les  fruits  de  sa  Passion.  Ainsi  donc  sa  descente  aux  enfers ne lui fit rien perdre de sa Dignité, ni de sa Puissance souveraine. Ces premières explications données, le Pasteur devra ensuite exposer que Notre-Seigneur  Jésus-Christ  descendit  aux  enfers,  non  seulement  pour  enlever  aux  démons leurs dépouilles, et briser les chaînes des saints Patriarches et des autres Justes, mais encore pour les introduire avec Lui dans le Ciel. Ce qu’Il fit d’une manière  admirable  et  infiniment  glorieuse.  Car  sa  seule  Présence  répandit immédiatement  au  milieu  d’eux  une  lumière  resplendissante,  les  remplit  d’une  joie  et  d’une  allégresse  ineffable,  et  les  mit  en  possession  de  cette  béatitude  qu’ils  désiraient  tant,  et  qui  consiste  dans  la  vue  de  Dieu.  Alors  se  trouva vérifiée la promesse que Notre-Seigneur avait faite au bon larron:
    Like a Star @ heaven Aujourd’hui même tu seras avec Moi en Paradis. Cette   délivrance   des   Justes,   le   Prophète   Osée   l’avait   prédite   longtemps auparavant:
    Like a Star @ heaven ô  Mort,  avait-il dit, je  serai  ta  mort;  ô  enfer,  je  te  déchirerai. Le Prophète Zacharie l’avait également annoncée en ces termes:
    Like a Star @ heaven Vous aussi, par le Sang de votre Alliance, vous avez tiré vos captifs de la fosse, où il n’y a point d’eau.  Et  enfin  l’Apôtre  Saint  Paul  exprime  la  même  vérité  en  disant  de  Notre-Seigneur Jésus-Christ:
    Like a Star @ heaven Il a désarmé les Principautés et les Puissances, Il les a exposées en spectacle avec une pleine autorité, après avoir triomphé d’elles en sa  propre  personne. Mais  pour  mieux  comprendre  encore  la  portée  de  ce Mystère, nous devons nous rappeler souvent que les Justes, non seulement ceux qui  vécurent  après  Notre-Seigneur,  mais  encore  ceux  qui  L’avaient  précédé depuis Adam, et ceux qui viendront après Lui jusqu’à la fin des siècles, tous ces justes,  sans  exception,  ont  été  sauvés  par  le  bienfait  de  sa  Passion.  Voilà pourquoi  avant  sa  Mort  et  sa  Résurrection,  les  portes  du  Ciel  n’avaient  jamais  été  ouvertes  à  personne.  Les  Ames  des  Justes,  en  se  séparant  de  leurs  corps,  étaient  portées  dans le  sein  d’Abraham,  ou  bien  comme  il  arrive  encore aujourd’hui  à  celles  qui,  en  quittant  ce  monde,  ont  quelque  souillure  à  laver  et  quelque dette à payer, elles allaient se purifier par le feu du Purgatoire. Enfin  une  dernière  raison  pour  laquelle  Notre-Seigneur  Jésus-Christ descendit aux enfers, c’est qu’Il voulait y manifester sa Force et sa Puissance, aussi bien qu’au  ciel  et  sur  la  terre,  afin  qu’il  fût  absolument  vrai  de  dire  qu’à son nom tout genou fléchit au Ciel, sur la terre et dans les Enfers. Qui  n’admirerait  ici  la  Bonté  infinie  de  Dieu  envers  les  hommes? qui ne serait saisi d’étonnement en voyant son Fils unique non seulement endurer pour nous la  mort  la  plus  cruelle,  mais  encore  pénétrer  jusqu’aux plus basses parties de la terre, afin d’en arracher  les  Ames  qui  lui  étaient  chères  et  de  les  conduire  au  séjour du bonheur?

    II — IL EST RESSUSCITÉ DES MORTS. 

    Cette  seconde  partie  de  l’article  cinquième  veut  être  expliquée  avec  le  plus grand  soin.  Le  Pasteur  y  prendra  garde.  C’est  l’avertissement  de  l’Apôtre:
    Like a Star @ heaven Souvenez-vous que Notre-Seigneur Jésus-Christ est ressuscité d’entre les morts. Or  cette  recommandation  de  Saint  Paul  à  Timothée  s’applique  évidemment  à  tous ceux qui ont charge d’âmes.
    Voici  maintenant  le  sens  de  cette  partie  de  l’article:
    Like a Star @ heaven  Après que Jésus-Christ,  le  sixième jour, à la neuvième heure, eut rendu l’esprit sur la Croix, et que le même jour,  vers  le  soir,  Il  eut  été  enseveli  par  ses  disciples —  lesquels  avec  la permission du Procurateur romain Ponce Pilate, avaient descendu son Corps de la  Croix,  et  L’avaient  transporté  dans  un  sépulcre  neuf,  au  milieu  d’un  jardin  voisin — le troisième jour après, qui était le Dimanche, de grand matin son âme se  réunit  de  nouveau  à  son  corps.  Ainsi,  après  être  resté  mort  durant  ces  trois  jours, Il reprit la vie qu’Il avait quittée en mourant, et ressuscita. Et,  par  ce  mot  de  Résurrection,  il  ne  faut  pas  seulement  entendre  que  Jésus-Christ s’est réveillé d’entre les morts, comme cela est arrivé à plusieurs autres, mais  qu’Il  est  ressuscité  par  sa  propre  Force,  par  sa  Puissance  personnelle,  ce  qui  ne  peut  convenir  qu’à  Lui  seul,  car  il  est  contraire  à  la  nature,  et  personne  n’a jamais eu ce pouvoir, de passer par sa propre vertu de la mort à la vie. Cela était réservé à Dieu seul, à sa souveraine Puissance.
    L’Apôtre nous le dit:
    Like a Star @ heaven S’Il a été crucifié dans son infirmité d’homme, c’est par sa Puissance de Dieu qu’Il est  revenu  à  la  vie.  Et  en  effet,  la  Divinité  n’ayant  jamais  été  séparée,  ni  du Corps  de  Jésus-Christ  pendant  qu’Il  était  dans  le  tombeau,  ni  de  son  Aine pendant qu’elle était descendue aux enfers, ce Corps et cette Aine conservaient une Vertu divine. Et c’est par cette Vertu divine que le Corps pouvait être réuni à  l’Aine,  que  l’Aine  pouvait  retourner  au  Corps,  et  que  Jésus-Christ  pouvait revivre et ressusciter des morts par sa propre puissance. David, rempli de l’Esprit de Dieu, avait annoncé ce prodige quand il avait dit:
    Like a Star @ heaven  Like a Star @ heaven Sa  droite  et  son  bras  puissant  l’ont  sauvé.  Notre-Seigneur  Lui-même  nous  en  avait  donné  l’assurance  de  sa  propre  bouche:
    Like a Star @ heaven Je  quitte  mon  âme  pour  la reprendre  de  nouveau.  J’ai  le  pouvoir  de  la  quitter,  et  J’ai  le  pouvoir  de  la  reprendre.
    C’est pour confirmer cette vérité qu’Il disait aux Juifs:
    Like a Star @ heaven Détruisez ce temple,  et  dans  trois  jours  Je  le  rebâtirai.  Sans  doute  les  Juifs  croyaient  qu’Il  parlait  de  ce  magnifique  temple  de  pierre  qu’ils  avaient  sous  les  yeux;  Lui,  voulait parler du temple de son corps, comme le dit saint Jean en termes formels.
    Et si nous lisons dans quelques passages de nos Saints Livres que Jésus-Christ a été ressuscité par son Père, ces paroles se rapportent à Lui, comme homme; de même qu’il faut rapporter à sa divinité ces autres paroles de la sainte Écriture Il s’est ressuscité par sa propre vertu. Il y a encore ceci de particulier dans la Résurrection de Jésus-Christ, c’est qu’Il a  été  le  premier  de  tous  qui  ait  participé  à  ce  bienfait  divin.  Voilà  pourquoi  la  Sainte Écriture L’appelle le premier né d’entre les morts, et le premier né des morts.
    Et Saint Paul nous dit de Lui:
    Like a Star @ heaven Le Christ est ressuscité d’entre les morts, comme  les  prémices  de  ceux  qui  dorment.  Car  si  la  mort  est  venue  par  un homme,  c’est  aussi  par  un  homme  qu’arrive  la  résurrection.  Et  de  même  que  tous meurent en Adam, ainsi tous revivront en Jésus-Christ, mais chacun dans son rang, Jésus-Christ d’abord comme les prémices, puis ceux qui sont à Jésus-Christ. Ces paroles doivent s’entendre de la résurrection parfaite, qui détruit pour nous toute espèce de nécessité de mourir une seconde fois, et nous met en possession d’une  vie  immortelle.  Or,  dans  ce  genre  de  résurrection,  Jésus-Christ  tient  le  premier rang. S’il n’était question en effet que de ce retour à la vie qui n’enlève pas la nécessité de mourir une seconde fois, plusieurs, avant Jésus-Christ, étaient ressuscités aussi; mais en revenant à la vie ils étaient toujours obligés de mourir de nouveau; Jésus-Christ, au contraire, vainquit et dompta tellement la mort par sa  Résurrection  qu’Il  ne  pouvait  plus  mourir.
    C’est  l’enseignement  formel  de  Saint  Paul:
    Like a Star @ heaven Jésus-Christ  ressuscité  des  morts  ne  meurt  plus.  Et  la  mort désormais n’aura plus d’empire sur Lui.

      III. — LE TROISIÈME JOUR. 

    Ces mots sont ajoutés à l’article. Le Pasteur aura soin de bien les expliquer aux Fidèles,   afin   qu’ils   ne   s’imaginent   point   que   Notre-Seigneur   Jésus-Christ demeura trois jours entiers dans le tombeau. En effet, Il n’y fut renfermé qu’un jour entier, une partie du jour précédent et une partie du jour suivant. Cela suffit pour  que  nous  puissions  dire  en  toute  vérité  qu’Il  resta  trois  jours  dans  le sépulcre et qu’Il ressuscita le troisième jour. Pour montrer qu’Il était Dieu, Il ne voulut pas différer sa Résurrection jusqu’à la fin  du  monde;  pour  prouver  qu’Il  était  vraiment  homme,  et  réellement  mort  Il  ne ressuscita pas immédiatement après sa mort, mais seulement le troisième jour après.  Cet  intervalle  de  temps  Lui  parut  suffisant  pour  garantir  la  réalité  de  sa  mort.

    Les  Pères  du  premier  concile  de  Constantinople  ont  ajouté  ceci:
    Like a Star @ heaven  selon  les Ecritures. Ces mots sont empruntés à l’Apôtre, et les Pères dont nous parlons ne les  ont  transportés  dans  le  Symbole  de  leur  Foi  que  parce  qu’ils  avaient  appris  du  même  Apôtre  combien  le  mystère  de  la  résurrection  était  nécessaire.  Si Jésus-Christ   n’est   pas   ressuscité, dit   Saint   Paul   aux   Corinthiens, notre prédication  est  vaine,  et  vaine  aussi  est  votre  Foi.  Et  encore:  Si  Jésus-Christ n’est pas ressuscité, votre Foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés. Aussi Saint Augustin plein d’admiration pour cet enseignement de notre Foi, s’écriait:
    Like a Star @ heaven   C’est  peu  de  croire  que  Jésus-Christ  est  mort;  les  païens,  les  Juifs,  les méchants  le  croient.  Oui,  tous  croient  qu’Il  est  mort,  mais  ce  qui  caractérise  la  Foi des Chrétiens, c’est sa Résurrection. Ce qui fait sa grandeur, c’est que nous croyons   qu’Il   est   ressuscité.   Voilà   pourquoi   Notre-Seigneur   parlait   si fréquemment  de  sa  Résurrection.  Et  même  Il  ne  s’entretenait  pour  ainsi  dire  jamais  de  sa  Passion  avec  ses  disciples,  sans  ajouter  quelques  mots  sur  sa Résurrection.
    Ainsi, après avoir dit:
    Like a Star @ heaven Le Fils de l’homme sera livré aux gentils, Il  sera  outragé,  fouetté,  couvert  de  crachats,  et  mis  à  mort  après  avoir  été  flagellé, Il terminait en disant: et  le  troisième  jour  Il  ressuscitera. Et lorsque les Juifs  Lui  demandaient  de  prouver  sa  doctrine  par  un  signe,  par  un  prodige quelconque,
    Il leur répondit:
    Like a Star @ heaven que nul autre signe ne leur serait donné que celui du prophète Jonas,et que comme Jonas avait été trois jours et trois nuits dans le ventre d’une baleine, ainsi le Fils de l’homme serait trois jours et trois nuits dans le sein de la terre.Mais  pour  mieux  pénétrer  la  profondeur  et  le  sens  de  cet  article,  nous  devons  étudier et savoir trois choses:
    Cathéchisme de TRENTE  première partie 1535170221  1° le pourquoi la Résurrection de Jésus-Christ était nécessaire;
    Cathéchisme de TRENTE  première partie 1535170221  2° quels étaient la fin et le but de cette Résurrection;
    Cathéchisme de TRENTE  première partie 1535170221  3° enfin, quels fruits et quels avantages nous en avons retirés.

    IV. — CAUSES, FIN ET FRUITS DE LA RÉSURRECTION.

    Et  d’abord,  il  était  nécessaire  que  Jésus-Christ  ressuscitât,  pour  faire  éclater  la  justice  de  Dieu.  En  effet,  Dieu  se  devait  à  lui-même de glorifier Celui qui, pour obéir, S’était volontairement humilié et avait accepté tous les outrages. C’est la raison  même  que  nous  donne  
    l’Apôtre  écrivant  aux  Philippiens:
    Like a Star @ heaven Il  s’est humilié Lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort et à la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu L’a élevé.Une  seconde  raison  de  la  Résurrection,  c’est  qu’elle  était  nécessaire  pour fortifier  en  nous  la  Foi  sans  laquelle  l’homme  ne  saurait  être  justifié.  Car  ce  qui prouve  le  mieux  que  Jésus-Christ  est  le  Fils  de  Dieu,  c’est  sa  Résurrection d’entre les morts, et par sa propre vertu. En  troisième  lieu,  la  Résurrection  de  Notre-Seigneur  était  nécessaire  pour nourrir  et  soutenir  notre  espérance.  En  effet,  par  le  seul  fait  que  Jésus-Christ est ressuscité, nous avons le droit d’espérer d’une manière certaine que nous aussi nous ressusciterons. Car les membres doivent, de toute nécessité, partager le sort de  la  tête.  C’est  à  cette  conclusion  que  l’Apôtre  veut  arriver  dans  ses  lettres  si  motivées aux Fidèles de Corinthe  et de Thessalonique;
    c’est également le raisonnement du Prince des Apôtres, qui nous dit:
    Like a Star @ heaven Béni soit Dieu le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés par  la  Résurrection  de  Jésus-Christ   d’entre   les   morts,   en   nous   donnant l’espérance vive d’un héritage incorruptible! Enfin, ajoutons que la Résurrection du Sauveur était nécessaire pour achever le mystère  de  notre  Salut  et  de  notre  Rédemption.  Par  sa  mort,  Jésus-Christ nous avait  délivrés  de  nos  péchés;  par  sa Résurrection,  Il  nous  rendait  ces  biens  précieux  que  le  péché  nous  avait  fait  perdre.  
    Voilà  pourquoi  l’Apôtre  n’a  pas  manqué de dire:
    Like a Star @ heaven Jésus-Christ  a  été  livré  pour  nos  péchés,  et  Il  est  ressuscité  Pour  notre  justification.  Afin  que  l’œuvre  de  notre  salut  fût  complète,  la Résurrection de Notre-Seigneur était donc nécessaire, aussi bien que sa mort. Par  tout  ce  que  nous  avons  dit  jusqu’ici,  il  est  facile  d’apprécier  les  avantages  considérables que la Résurrection de Notre-Seigneur nous a procurés. Et  d’abord,  nous  voyons  dans  ce  prodige  un  Dieu  immortel,  plein  de  gloire,  vainqueur  de  la  mort  et  du  démon,  car  tous  ces  titres  appartiennent  à  Jésus-Christ; nous le croyons fermement, et nous faisons profession de le croire. Ensuite  la  Résurrection  du  Sauveur  nous  mérite  et  nous  assure  notre  propre résurrection.  D’une  part  elle  en  est  la  cause  efficiente,  et  d’autre  part  elle  est  le  modèle  d’après  lequel  nous  devons  tous  ressusciter.  
    Voici  en  effet  ce  que  nous  affirme l’Apôtre en parlant de la résurrection des corps:
    Like a Star @ heaven La mort est venue par un homme, et la résurrection des morts arrivera aussi par un homme. Tant il est vrai que tout ce que Dieu a fait dans le mystère de notre rédemption, Il l’a fait en se  servant  de  l’humanité  de  son  Fils  comme  d’un  moyen  efficace.  Ainsi  sa résurrection  a  été  comme  un  instrument  pour  opérer  la  nôtre.  Et  nous  disons encore  qu’elle  est  le  modèle  de  la  nôtre,  parce  qu’elle  est  la  plus  parfaite.  De  même   que   le   corps   de   Jésus-Christ,   en   ressuscitant,   s’est   élevé   dans   sa transformation  à  une  gloire  immortelle,  de  même  aussi  nos  corps,  aujourd’hui  faibles   et   mortels,   seront,   après   la   résurrection,   revêtus   de   gloire   et
    d’immortalité.  Car,  dit  l’Apôtre,  34nous  attendons  le  Sauveur  Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui réformera notre corps humilié, en le rendant semblable à son corps de gloire.Ce  que  nous  venons  de  dire  du  corps  peut  s’appliquer  à  l’âme  morte  par  le  péché.  La  Résurrection  de  Jésus-Christ  est  le  modèle  de  la  sienne.  L’Apôtre nous l’enseigne clairement: 35De  même,  dit-il,  que  Jésus-Christ  est  ressuscité  d’entre les morts par la gloire de son Père, ainsi devrons-nous marcher nous-mêmes  dans  une  vie  nouvelle.  Car  si  nous  avons  été  entés  en  lui  par  la ressemblance de sa mort, nous y serons entés aussi par la ressemblance de sa Résurrection. Et un peu plus loin il dit encore 36: Nous savons que Jésus-Christ ressuscité d’entre les morts ne meurt plus, et que la mort n’aura plus d’empire sur Lui. Car s’Il est mort pour le péché, Il n’est mort qu’une fois; et maintenant qu’Il  vit,  Il  vit  pour  Dieu.  Ainsi  considérez-vous  vous-mêmes  comme  morts  au  péché, et comme ne vivant plus que pour Dieu en Jésus-Christ. Nous  avons  donc  deux  choses  à  faire  pour  imiter  la  Résurrection  de  Jésus-Christ.  D’abord,  après  nous  être  lavés  des  souillures  du  péché,  nous  devons embrasser  un  nouveau  genre  de  vie,  où  l’on  puisse  voir  briller  la  pureté  des  mœurs,  l’innocence,  la  sainteté,  la  modestie,  la  justice,  la  charité  et  l’humilité.  Ensuite,  il  est  nécessaire  de  persévérer  dans  cette  vie  nouvelle,  de  manière  à ne jamais nous écarter, avec la grâce de Dieu, de la voie de la justice. Or,  les  paroles  de  l’Apôtre  que  nous  venons  de  citer  ne  nous  apprennent  pas  seulement que la Résurrection de Jésus-Christ nous est proposée comme modèle de  la  nôtre,  mais  qu’elle  nous  donne  en  réalité  la  vertu  de  ressusciter  un  jour,  et  que,  en  attendant,  elle  nous  communique  les  lumières  et  les  forces  nécessaires  pour  persévérer  dans  la  sainteté,  dans  la  justice  et  dans  l’accomplissement  des  préceptes divins. De même en effet que la mort de notre Sauveur est un modèle de la mort au péché, et que, de plus, elle nous donne la vertu de réaliser en nous ce  genre  de  mort;  de  même  aussi  sa  Résurrection  nous  procure  les  forces suffisantes  pour  acquérir  la  justice,  pour  servir  Dieu  dans  la piété  et  dans  la  sainteté, et pour marcher définitivement dans cette vie nouvelle où nous entrons. Voilà en effet ce que Notre-Seigneur a surtout voulu obtenir par sa Résurrection, c’est que nous, qui auparavant étions morts avec Lui au péché et au monde, nous puissions ressusciter avec Lui à une vie toute nouvelle et parfaitement réglée. Quelles  sont  les  marques  principales  de  cette  résurrection  spirituelle? L’Apôtre a  voulu  nous  en  prévenir.  Si, dit-il,  vous  êtes  ressuscités  avec  Jésus-Christ, cherchez  ce  qui  est  en  haut,  où  Jésus-Christ  est  assis  à  la  droite  de  son  Père. C’est bien nous montrer clairement que ceux qui ne cherchent et désirent la vie, les  honneurs,  le  repos.  les  richesses  que  là  où  est  Jésus-Christ,  ceux-là  sont vraiment  ressuscités  avec Lui.
    Et quand il ajoute :
    Like a Star @ heaven Aimez les choses du ciel et non  celles  de  la  terre,  n’est-ce  pas  nous  donner  encore  une  autre  marque  pour  reconnaître  si  vraiment  nous  sommes  ressuscités  avec  Notre-Seigneur? Comme le  goût  indique  habituellement  les  dispositions du corps, et son degré de santé, de même dès que quelqu’un goûte tout ce qui est vrai, tout ce qui est honnête, tout  ce  qui  est  juste,  tout  ce  qui  est  saint,  dès  qu’il  éprouve  au  dedans  de  lui-même la suavité des choses célestes, c’est la preuve qu’il est vraiment ressuscité à une vie nouvelle et spirituelle, avec Notre-Seigneur Jésus-Christ.
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    Message par Admin Lun 21 Mar - 12:19

    Chapitre septième — Du sixième article du Symbole





    L EST MONTÉ AUX CIEUX, IL EST ASSIS A LA DROITE DE DIEU, LE PÈRE TOUT PUISSANT.


    Le  Prophète  David,  rempli  de  l’Esprit  de  Dieu,  et  contemplant  l’Ascension  si  heureuse et si glorieuse de Notre-Seigneur  Jésus-Christ, invite tous les hommes à  célébrer  ce  triomphe  avec  les  transports  de  la  joie  la  plus  vive,  de  l’allégresse  la  plus  entière,  et  il  s’écrie: 1Toutes  les  nations,  battez  des  moins  pour applaudir, louez Dieu, et poussez des cris de joie: Dieu est monté (au ciel) au milieu des acclamations. Ces paroles peuvent faire comprendre au Pasteur avec quel soin il doit expliquer ce mystère, et avec quel zèle il doit porter les Fidèles, non seulement à le connaître et à le croire, mais encore à l’exprimer autant qu’il est possible, avec la grâce de Dieu, dans leurs actes et dans toute leur conduite.

    I. — IL EST MONTÉ AU CIEL. 

                         Pour  expliquer  comme  il  convient  ce  sixième article, qui traite spécialement du grand mystère de l’Ascension, il faut d’abord prendre les premiers mots: Il est monté au ciel, et en faire voir clairement le sens et la portée. Or  voici  ce  que  les  Fidèles  doivent  croire  sans  hésiter  et  très  fermement sur la Personne  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ.  C’est  que,  après  avoir  achevé  et consommé le mystère de notre Rédemption, Il monta au ciel, comme homme, en corps  et  en  âme.?  Car,  comme  Dieu,  Il  y  avait  toujours  été,  puisque  par  sa divinité Il occupe et remplit tous les lieux. Mais que le Pasteur dise bien que Notre-Seigneur est monté au ciel par sa propre vertu  et  non  par  une  force  étrangère,  comme  Elie  2  qui  y  fut  transporté  sur  un  char de feu, ou comme le Prophète Habacuc 3, ou le diacre Philippe 4, qui portés en  l’air  par  la  puissance  divine,  parcoururent  ainsi  des  distances  considérables.  Et  ce  n’est  pas  seulement  comme  Dieu  que  Jésus-Christ  fit  son  ascension  par  cette  vertu  toute-puissante  qu’Il  tenait  de  sa  divinité  même,  mais  aussi  comme  homme.  Sans  doute  un  pareil  prodige  dépasse  les  forces  naturelles,  mais  la puissance dont son âme bienheureuse était douée, pouvait transporter son corps partout  où  elle  voulait.  Et  son  corps,  déjà  glorifié,  obéissait  sans  peine  aux  ordres de l’âme dans tous les mouvements qu’elle lui imprimait. Voilà  pourquoi  nous  croyons  que  Jésus-Christ  est  monté  au  ciel  par  sa  propre  vertu, et comme homme et comme Dieu. La seconde partie de notre article est celle-ci:

    II. — IL EST ASSIS A LA DROITE DU PÈRE TOUT-PUISSANT

         Remarquons tout d’abord que ces mots renferment un trope, c’est-à-dire  un  de  ces  changements  de  signification  très  usités  dans  la  Sainte  Écriture.  Pour s’accommoder à notre manière de nous représenter les choses, cette figure prête à  Dieu  des  membres  d’homme,  des  affections  humaines ,  bien  qu’il  soit impossible de rien concevoir en Lui de corporel, puisqu’Il est esprit. Mais parce que,  parmi  les  hommes,  placer  quelqu’un  à  sa  droite,  c’est  lui  donner  la  plus  grande  marque  d’honneur,  on  a  transporté  l’idée  de  cette  coutume  aux  choses  spirituelles,  et  pour  mettre  dans  tout  son  jour  la  gloire  que  Jésus-Christ  s’est acquise,  et  qui  L’élève  comme  homme  au-dessus  de  toutes  les  créatures,  nous  disons qu’Il est assis à la droite de son Père. De même encore cette expression être assis  ne  représente  pas  ici  la  forme  et  la  position du corps, elle signifie la possession ferme et constante de la puissance royale  et  de  la  gloire  infinie  que  Jésus-Christ  a  reçue  de  son  Père.  Car,  dit l’Apôtre , son Père, après L’avoir ressuscité d’entre les morts, L’a fait asseoir à  sa  droite  dans  le  ciel,  au-dessus  de  toutes  les  Principautés,  de  toutes  les Puissances, de toutes les Vertus, de toutes les Dominations et de tout ce que l’on peut trouver de plus grand, soit dans le siècle présent, soit dans le siècle futur, et Il a mis toutes choses sous ses pieds. De telle paroles font voir manifestement que  cette  gloire  est  tellement  propre  et  particulière  à  notre  Seigneur,  qu’elle  ne  peut convenir il aucune autre créature. Et c’est ce qui a fait dire ait même Apôtre dans un autre endroit : Qui est celui des Anges à qui Dieu a jamais dit: asseyez-vous à ma droite? Les  Pasteurs  auront  soin  d’expliquer  plus  longuement  le  sens  de  cet  article,  en  rapportant  l’histoire  de  l’Ascension,  telle  que  saint  Luc  l’a  décrite  avec  une  exactitude admirable au livre des Actes des Apôtres; et, dans leurs explications, ils  devront  faire  remarquer  avant  tout  que  les  autres  mystères  de  Jésus-Christ se rapportent à l’Ascension comme à leur fin, et qu’ils y trouvent leur perfection et leur  complet  achèvement.  De  même  en  effet  que  tous  les  mystères  de  notre  religion commencent à l’Incarnation, de même aussi le séjour du Sauveur parmi nous se termine à son Ascension. Les  autres  articles  du  Symbole  qui  s’appliquent  à  Notre-Seigneur  Jésus-Christ, nous  montrent  son  humilité,  et  ses  prodigieux  abaissements.  En  effet,  on  ne  saurait  rien  imaginer  de  plus  bas  et  de  plus  abject  pour  le  Fils  de  Dieu,  que  d’avoir pris notre nature avec toutes ses faiblesses, et d’avoir bien voulu souffrir et mourir pour nous. Mais aussi en proclamant dans l’article précédent qu’Il est ressuscité d’entre les morts, et, dans celui-ci, qu’Il est monté au ciel et qu’Il est assis à la droite de Dieu son Père, nous ne pouvons rien dire de plus magnifique ni de plus admirable pour célébrer sa Gloire et sa divine Majesté.
    Ces   développements   une   fois   donnés,   il   reste   à   expliquer   soigneusement pourquoi Jésus-Christ est monté aux cieux.

    III. — CAUSES ET RAISONS DE L’ASCENSION DE NOTRE-SEIGNEUR.

    Notre-Seigneur est monté au ciel, en premier lieu, parce que son Corps devenu glorieux et immortel par sa Résurrection, ne pouvait plus se contenter du séjour de  cette  terre  basse  et  obscure,  il  Lui  fallait  désormais  les  hauteurs  et  les splendeurs  du  ciel.  Et  cela,  non  seulement  pour  entrer  en  possession  de  ce Royaume et de ce trône de gloire qu’Il avait conquis par son Sang, niais encore pour y prendre soin de ce qui regarde notre Salut. En  second  lieu,  Jésus-Christ  est  monté  au  ciel  pour  prouver  que  son  Royaume n’était réellement pas de ce monde . Les royaumes de ce monde sont terrestres et passagers; ils ne se soutiennent que par l’argent et par l’épée. Le Royaume de Jésus-Christ  n’est  pas  terrestre,  comme  les  Juifs  l’attendaient;  il  est  spirituel  et  éternel. Et notre Sauveur nous a bien montré que ses trésors et ses richesses sont purement  spirituels,  puisqu’Il  a  voulu  placer  son  trône  dans  le  ciel,  dans  ce royaume où les plus riches, et ceux qui possèdent une plus grande abondance de biens sont ceux qui cherchent avec le plus de zèle les choses de Dieu. L’Apôtre Saint  Jacques  ne  nous  assure-t-il  pas  que  Dieu  a  choisi  les  pauvres  de  ce  monde, pour leur donner les richesses de la Foi et l’héritage du Royaume qu’Il a promis à ceux qui L’aiment?Il  est  une  troisième  raison  pour  laquelle  Jésus-Christ  est  monté  au  ciel,  c’est qu’Il voulait exciter dans nos cœurs la pensée et le désir de L’y suivre. De même qu’Il  nous  avait  laissé  dans  sa  Mort  et  dans  sa  Résurrection  le  modèle  d’une  mort  et  d’une  résurrection  spirituelles,  ainsi  par  son  Ascension,  Il  veut  nous  apprendre  et  nous  persuader  que  tout  en  restant  ici-bas,  nous  devons  par  la  pensée nous transporter jusque dans le ciel, et reconnaître, comme dit Saint Paul, que nous ne sommes sur la terre que des hôtes et des étrangers, à la recherche de notre patrie, et comme les membres de la cité des Saints et de la maison de Dieu. En effet, dit encore le même Apôtre , nous vivons déjà dans le ciel. Quant  aux  biens  ineffables  que  la  Bonté  de  Dieu  a  répandus  sur  nous  par  ce mystère,  le  divin  Prophète  David,  d’après  Saint  Paul  lui?même,  les  avait célébrés  longtemps  auparavant  quand  il  chantait: en  montant  au  ciel,  Il  a  emmené captifs une multitude d’esclaves, et Il a versé ses dons sur les hommes. En  effet,  dix  jours  après  son  Ascension,  Il  envoya  le  Saint-Esprit  qui,  par  sa vertu et sa fécondité, produisit cette multitude de fidèles que nous voyons.
    Il accomplit véritablement les magnifiques promesses qu’Il avait faites en disant à ses Apôtres: Il vous est avantageux que Je m’en aille, car si Je ne m’en vais point, le Consolateur ne viendra point vers vous, mais si Je m’en vais, Je vous L’enverrai. Il  est  encore  monté  au  ciel,  selon  la  pensée  de  l’Apôtre, afin de se présenter maintenant pour nous devant la Face de Dieu, et de remplir auprès de son Père l’office  d’Avocat,  Mes  petits  enfants,  dit  Saint  Jean,  je  vous  écris  ceci,  afin  que  vous  ne  péchiez  point;  mais  si  quelqu’un  pèche,  nous  avons  pour  Avocat  auprès  du  Père,  Jésus-Christ,  qui  est  juste,  et  qui  est  Lui-même  la  Victime  de  propitiation pour nos péchés. Or, rien n’est plus propre a inspirer une joie solide et  véritable  aux  Fidèles,  que  de  voir  Jésus-Christ  devenu  le  défenseur  de  leur  cause et leur intercesseur dans l’affaire du Salut, Lui qui jouit auprès de son Père d’un pouvoir et d’une faveur sans bornes. En  dernier  lieu,  Jésus-Christ nous a préparé dans le ciel la place qu’Il nous y avait  promise  et  c’est  au  nom  de  tous  et  comme  notre  Chef  qu’Il  a  pris possession de la gloire céleste. En entrant dans le ciel, Il nous en a ouvert les portes, que le péché d’Adam avait fermées,  et  Il  nous  a  préparé  un  chemin  sûr  pour  nous  conduire  au  bonheur  éternel,  ainsi  qu’Il  l’avait  prédit  à  ses  Apôtres  pendant  la  Cène.  Et  ce  fut  pour  montrer  encore  mieux  la  sincérité  de  ses  promesses  par  leur  accomplissement,  qu’après  avoir  arraché  à  l’enfer  les  âmes  des  Saints,  Il  les  emmena  avec  Lui dans le séjour de la béatitude éternelle. A tous ces dons célestes, si précieux et si nombreux, qui sont pour nous le fruit de   l’Ascension   du   Sauveur,   viennent   encore   se   joindre   plusieurs   autres avantages. D’abord, l’Ascension met le comble au mérite de notre Foi, car la Foi s’applique aux choses qui ne se voient point, et qui dépassent la raison et l’intelligence de l’homme.  C’est  pourquoi  notre  Foi  aurait  perdu  beaucoup  de  son  mérite,  si Notre-Seigneur  ne  nous  avait  pas  quittés,  puisque  Lui-même   proclame bienheureux ceux qui croient, quoiqu’ils n’aient point vu! Ensuite  l’Ascension  est  très  propre  à  confirmer  en  nous  la  vertu  d’Espérance.  C’est  qu’en  effet,  si  nous  croyons  que  Jésus-Christ, comme homme, est monté au ciel, et qu’Il a fait asseoir la nature humaine à la droite de Dieu le Père, nous avons  un  puissant  motif  d’espérer  que  nous,  qui  sommes  ses  membres, nous y monterons aussi, et que nous nous réunirons à notre Chef. Lui-même d’ailleurs nous en a donné l’assurance par ces paroles: Mon Père, Je veux que là où Je suis, ceux que Vous M’avez donnés soient avec moi. Un  des  plus  grands  avantages  que  nous procure  encore  l’Ascension,  c’est d’avoir entraîné vers le ciel l’amour de notre cœur et de l’avoir enflammé du feu du Saint-Esprit. On a dit très justement que là où est notre trésor, là aussi est notre cœur. Si donc Notre-Seigneur  Jésus-Christ  eÛt  continué à demeurer avec nous  sur  la  terre,  nous  aurions  borné  toutes  nos  pensées  à  Le  voir  dans  son humanité,  et  à  vivre  dans  sa  compagnie;  nous  n’aurions  regardé  en  Lui  que  l’homme,  qui  aurait  été  si  bon  pour  nous,  et  notre  affection  pour  Lui  eût  été  toute naturelle.  Mais  en  montant  au  ciel,  Il  a  spiritualisé  notre  amour,  et  par  le  fait comme nous ne pouvons plus être avec Lui que par la pensée à cause de son absence,  nous  l’honorons  et  nous  l’aimons  comme  Dieu.  C’est  ce  que  nous apprend, d’une part l’exemple des Apôtres: tant que le Sauveur fut avec eux, ils n’avaient pour Lui que des sentiments tout humains. C’est ce que nous confirme, d’autre part, le témoignage de Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même: Il vous est avantageux que Je m’en aille,  dit-il à ses Apôtres. Car cet amour imparfait qu’ils avaient pour Lui, pendant qu’Il était avec eux, devait être perfectionné par un amour divin, c’est-à-dire par la venue du Saint-Esprit en eux. Aussi ajoute-t-il aussitôt: si Je ne m’en vais point, le Consolateur ne viendra point vers vous. Il convient d’ajouter à ce que nous venons de dire que l’Ascension a marqué sur la  terre  le  véritable  développement  de  la  maison  de  Jésus-Christ, c’est-à-dire de son  Eglise,  qui  allait  être  dirigée  et  conduite  par  le  Saint-Esprit.  Pour  Le représenter  auprès  des  hommes,  il  mit  à  la  tête  de  cette  Eglise,  comme  premier  Pasteur  et  comme  souverain  Prêtre,  Pierre  le  prince  des  Apôtres,  et  de  plus  Il  établit des  Apôtres,  des  Prophètes,  des  Évangélistes,  des  Pasteurs  et  des  Docteurs: et de la droite de son Père où il est assis, Il ne cesse de distribuer à chacun les dons qui lui conviennent. C’est l’enseignement formel de l’Apôtre. La grâce,  dit-il, est donnée à chacun de nous selon la mesure du don de Jésus-Christ. Enfin  ce  que  nous avons dit précédemment de la Mort et de la Résurrection de Notre-Seigneur,  est  également  vrai  de  son  Ascension:  Il  faut  le  faire  remarquer  aux Fidèles. C’est qu’en effet, quoique nous soyons redevables de notre Salut et de notre Rédemption à la Passion du Sauveur, quoique ses mérites aient ouvert aux  justes  la  porte  du  ciel,  cependant  son  Ascension  n’est  point  seulement  un  modèle  placé  devant  nos  yeux  pour  nous  apprendre  à  élever  nos  âmes,  et  à  monter en esprit dans le ciel, elle nous donne aussi une force et une vertu divine qui nous rend capables d’atteindre réellement le but.
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    Message par Admin Lun 21 Mar - 12:20

    Chapitre huitième — Du septième article du Symbole




    D’OÙ IL VIENDRA JUGER LES VIVANTS ET LES MORTS.


    Notre-Seigneur Jésus-Christ  remplit  à  notre  égard  trois  offices,  trois  ministères d’une  importance  capitale,  et  bien  propres  à  relever  l’honneur  et  la  gloire  de l’Église, ce sont ceux de Rédempteur, d’Avocat et de Juge. Dans les articles qui précèdent nous avons fait voir que par sa Passion et sa Mort Il a racheté tous les hommes, que  par  son  Ascension  Il  est  devenu  à  jamais  leur  Avocat  et  leur Défenseur. Il nous reste à montrer maintenant qu’Il est aussi leur Juge.

    I. — CERTITUDE DU JUGEMENT. 

                        Voici  le  sens  et  la  portée  de  cet  Article:  Au  dernier  jour,  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  jugera  le  genre  humain  tout  entier.  Les  Saintes  Écritures,  en  effet, mentionnent  deux  avènements  du  Fils  de  Dieu:  le  premier,  lorsque  pour  nous  sauver  Il  a  pris  notre  nature,  et  s’est  fait  homme  dans  le  sein  d’une  vierge;  le  second,  quand,  à  la  consommation  des  siècles,  Il  viendra  pour  juger  tous  les  hommes.  Ce  dernier  avènement  est  appelé,  dans  l’Ecriture,  le  jour  du  Seigneur.  Le  jour  du  Seigneur,  dit  l’Apôtre,  viendra  comme  un  voleur  dans  la  nuit,  personne  ne  connaît  ce  jour  ni  cette  heure,  dit  le  Sauveur  Lui-même . Pour prouver  la  réalité  de  ce  jugement,  Il  nous  suffira  de  citer  cette  parole  de l’Apôtre: nous devons tous comparaître devant le tribunal de Jésus-Christ, afin que  chacun  reçoive  ce  qui  est  dû  aux  bonnes  ou  aux  mauvaises  actions  qu’il aura faites, pendant qu’il était revêtu de son corps. L’Ecriture est remplie d’une foule de témoignages que les Pasteurs trouveront partout, et qui non seulement prouvent cette Vérité, mais peuvent la rendre sensible aux Fidèles. Et si, d’après ces témoignages, dès le commencement du monde, tous les hommes ont désiré très  ardemment  ce  jour  du  Seigneur  où  Il  revêtit  notre  chair,  parce  qu’ils mettaient dans ce mystère l’espoir de leur délivrance, aujourd’hui que le Fils de Dieu est mort et qu’Il est monté au ciel, nos soupirs et nos désirs les plus ardents doivent être pour cet autre jour du Seigneur, où nous attendons la réalisation de la bienheureuse espérance et l’Avènement glorieux du grand Dieu.

    II. — DEUX JUGEMENTS, L’UN PARTICULIER ET L’AUTRE GÉNÉRAL.  

    Pour  bien  mettre  en  lumière  cette  vérité,  les  Pasteurs  auront  soin  de  distinguer  deux  temps  différents  où  chacun  de  nous  doit  nécessairement  comparaître devant Dieu, pour rendre compte de toutes ses pensées, de toutes ses actions, de toutes ses paroles, et pour entendre, séance tenante, la sentence de son Juge.
    Le  premier  arrive  au  moment  où  nous  venons  de  quitter  la  vie.  A  cet  instant-là même,  chacun  paraît  devant  le  tribunal  de  Dieu,  et  là  il  subit  un  examen rigoureux sur tout ce qu’il a fait, tout ce qu’il a dit, tout ce qu’il a pensé pendant sa vie. C’est ce qu’on appelle le Jugement particulier. L’autre arrivera lorsque tous les hommes réunis ensemble, le même jour et dans le même lieu, comparaîtront devant le tribunal de leur Juge. Là, sous les yeux de tous les hommes de tous les siècles, tous et chacun entendront le Jugement que Dieu  aura  porté  sur  eux.  Et  cette  sentence  ne  sera  pas  la  moindre  peine  et  le  moindre  châtiment  des  impies  et  des  scélérats.  Au  contraire,  les  Saints  et  les  Justes y trouveront une partie de leur récompense, puisque leur conduite y sera manifestée, telle qu’elle aura été pendant la vie. Ce  jugement  s’appelle  le  Jugement  général.  Mais  ici  il  faut  nécessairement montrer  pourquoi,  après  un  Jugement  particulier  pour  chacun,  les  hommes doivent subir encore un Jugement général pour tous.

    III. — RAISONS DU JUGEMENT GÉNÉRAL.

    Les hommes, en mourant, laissent habituellement des disciples, ou des amis qui imitent  leurs  exemples,  s’attachent  à  leurs  maximes,  défendent  leur  conduite et leurs  actions.  De  là  une  augmentation  nécessaire  dans  leurs  peines  et  leurs récompenses d’outre-tombe. Mais cette influence bonne ou mauvaise que le plus grand nombre d’entre eux continue d’exercer après la mort, ne peut finir qu’au dernier jour du monde. La Justice demande donc qu’une enquête rigoureuse soit faite sur toutes ces paroles, toutes ces actions dignes de louange ou de blâme. Ce qui est impossible sans un jugement général de tous les hommes. Une  autre  raison,  c’est  que  souvent  la  réputation des bons est attaquée, pendant que  les  méchants  reçoivent  les  louanges  dues  à  l’innocence.  La  Justice  divine  veut que les bons recouvrent, dans une assemblée générale de tous les hommes, et   par   un   jugement   solennel,   l’estime   qu’ils   méritent,   et   qui   leur   a   été injustement ravie ici-bas. D’autre part, chez les bons comme chez les méchants, les corps ne sont jamais étrangers aux actes de cette vie. Le bien et le mal appartiennent donc à nos corps d’une  certaine  manière,  puisque  nos  corps  ont  été  l’instrument  de  l’un  et  de  l’autre. Voilà pourquoi il était de toute convenance de décerner pour les corps, aussi  bien  que  pour  les  âmes,  les  récompenses  ou  les  châtiments  éternels  que  tous  les  deux  méritent.  Or  ce  double  but  ne  peut  être  atteint  qu’avec  la Résurrection et le Jugement général de tous les hommes. Enfin,   comme   sur   cette   terre,   l’adversité   et   la   prospérité,   sont   presque indifféremment  le  partage  des  bons  et  des  méchants,  il  fallait  prouver  que  la  Sagesse et la Justice infinie de Dieu conduisent et gouvernent toutes choses. Or ce n’était pas assez qu’il y eût dans l’autre monde des récompenses pour les bons  et  des  châtiments  pour  les  méchants,  ces  récompenses  et  ces  châtiments  devaient  être  décernés  dans  un  Jugement  publie  et  général.  C’était  le  moyen de les  faire  connaître  à  tous  d’une  manière  très  éclatante,  et  d’obliger  tous  les  hommes  à  rendre  à  la  Justice  et  à  la  Providence  de  Dieu  les  louanges  qu’elle  mérite.  n’avait-on  pas  vu  plus  d’une  fois  les  justes  eux-mêmes,  pendant  leur  séjour  sur  cette  terre,  se  plaindre  injustement  de  cette  Providence,  lorsque  les  méchants  auprès  d’eux  vivaient  au  sein  de  l’opulence  et  des  honneurs? Mes pieds ont chancelé, disait le Prophète David lui-même , mes pas se sont presque détournés de la voie, parce que j’ai vu avec jalousie et avec regret la paix des pécheurs. Voilà, dit-il un peu plus loin, voilà que les pécheurs et les heureux du siècle ont acquis les richesses, et j’ai dit: C’est donc en vain que j’ai gardé mon cœur pur et que j’ai conservé mes mains innocentes, puisque je suis frappé de plaies  tout  le  jour,  et  que  je  suis  châtié  dès  le  matin. Et cette plainte. plusieurs autres  l’ont  fait  entendre  comme  lui.  Il  fallait  donc  de  toute  nécessité  un Jugement général, pour que les hommes ne disent pas: Dieu se promène dans le ciel,  sans  se  soucier  des  choses  de  la  terre. C’est donc avec raison que l’on a placé  cette  Vérité  au  nombre  des  douze  Articles  de  notre  Foi,  pour  affermir  la  croyance  de  ceux  qui  auraient  pu  douter  de  la  Justice  et  de  la  Providence  de  Dieu. D’ailleurs,  il  était  souverainement  utile  de  proposer  ce  Jugement  de  Dieu  aux  bons  et  aux  méchants,  pour  consoler  les  uns  et  effrayer  les  autres,  pour empêcher  les  premiers  de  se  décourager  en  leur  faisant  connaître  la  Justice  de  Dieu, et pour détourner les seconds du mal par la crainte des éternels supplices. Aussi  Jésus-Christ,  notre  Dieu  et  Sauveur,  en  parlant  du  dernier  jour,  a-t-il déclaré Lui-même  qu’il  y  aurait  un  Jugement  général.  Il  en  a  marqué  les  signes  avant-coureurs ,  afin  qu’en  les  voyant arriver, il nous fût possible de connaître que la fin du monde est proche. Puis au moment même où Il montait au ciel, il envoya des Anges consoler par ces paroles ses Apôtres attristés: Ce Jésus qui vient de vous quitter, et de s’élever dans le ciel, reviendra un jour de la même manière que vous L’avez vu y monter.

    IV. — POURQUOI LE JUGEMENT DONNÉ A JÉSUS-CHRIST.

    Nos  Saints  Livres  affirment  que  ce  Jugement  a  été  réservé  à  Notre-Seigneur Jésus-Christ, non seulement comme Dieu, mais comme homme. Il est vrai que le pouvoir de juger est commun aux trois Personnes de la Sainte Trinité, cependant nous  l’attribuons  spécialement  au  Fils,  comme  nous  Lui  attribuons  la  Sagesse.  Que le Fils doive donc juger le monde comme homme, c’est ce qu’Il nous assure Lui-même: Comme  le  Père,  dit-Il, a  la  vie  en  Lui-même, ainsi il a donné au Fils d’avoir aussi la vie en Lui-même; et il lui a donné la puissance de faire le Jugement, parce qu’il est le Fils de l’homme Il  était  d’ailleurs  de  toute  convenance  que  ce  Jugement fût  exercé  par  Jésus-Christ. Puisqu’il s’agissait de juger des hommes, ces hommes ne devaient-ils pas voir  leur  Juge  des  yeux  de  leur  corps,  entendre  de  leurs  oreilles  la  sentence  prononcée,  et  connaître  enfin  leur  Jugement  par  leurs  propres  sens?  n’était-ce pas  aussi  une  justice  à  rendre  à  Jésus-Christ?  Sur  la  terre,  Il  avait  été  jugé  et  condamné  de  la  manière  la  plus  inique  par  des  juges  pervers,  ne  devait-Il pas après cela se montrer à son tour à tous les yeux, assis sur son tribunal pour juger tous les hommes? C’est pourquoi le prince des Apôtres, après avoir exposé dans la  maison  de  Corneille  les  principales  vérités  de  la  Religion  chrétienne,  après  avoir enseigné que Jésus-Christ avait été attaché à la Croix et mis à mort par les Juifs  et  que  le  troisième jour Il était ressuscité, a soin d’ajouter: Et Il nous a ordonné de prêcher au peuple, rendre témoignage que c’est Lui qui a été établi de Dieu le Juge des vivants et des morts.

    V. — SIGNES PRÉCURSEURS DU JUGEMENT.

    Trois principaux signes, nous dit la sainte Écriture, doivent précéder le Jugement général:   la   prédication   de   l’Évangile   par   toute   la   terre,   l’apostasie,   et l’Antéchrist.   En   effet,   Notre-Seigneur   Jésus-Christ   nous   déclare   que l’Evangile  du  Royaume  sera  prêché  dans  le  monde  entier,  pour  servir  de témoignage à toutes les nations, et alors viendra la consommation. A son tour, l’Apôtre nous prévient de ne pas nous laisser séduire, en croyant que le jour du  Seigneur  est  proche.  Car  tant  que  l’apostasie  ne  sera  point  arrivée,  et  que  l’homme dit péché n’aura point paru, le Jugement n’aura pas lieu. Pour  ce  qui  regarde  la  forme  et  la  nature  du  Jugement,  les  Pasteurs  s’en  feront  facilement  une  juste  idée,  en  l’étudiant  dans  les  prophéties  de  Daniel,  les  saints  Evangiles, et l’Apôtre Saint Paul

    VI. — LA SENTENCE DES BONS ET CELLE DES MÉCHANTS.

    Il  faut  ici  examiner  et  peser  avec  le  plus  grand  soin  les  termes  mêmes  de  la  sentence  du  Souverain  Juge.  Jésus-Christ,  notre  Sauveur,  jetant  un  regard  de complaisance sur les bons placés à sa droite, leur dira avec une bonté infinie: Venez, les bénis de mon Père; possédez le Royaume qui vous a été préparé dès le  commencement  du  monde.  Il  est  facile  de  comprendre  que  l’on  ne  peut  rien  entendre  de  plus  agréable  que  ces  paroles,  surtout  si  on  les  compare  à  la condamnation des méchants, et si l’on réfléchit en soi-même que cette sentence appelle  les  Saints  et  les  Justes,  des  fatigues  au  repos,  d’une  vallée  de  larmes  à  des joies ineffables, de toutes les misères de la vie à la béatitude éternelle qu’ils auront méritée par l’exercice de la Charité.
    Se  tournant  ensuite  vers  ceux  qui  seront  à  sa  gauche,  Il  laissera  éclater  contre  eux sa Justice en ces termes:
    Retirez-vous de Moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé au démon et à ses anges.Ces premiers mots: retirez-vous de Moi, expriment la plus grande peine qui frappera les réprouvés, celle d’être chassés  et  privés  entièrement  de  la  vue  de  Dieu,  sans  être  consolés  par l’espérance  de  rentrer  jamais  en  possession  d’un  Bien  si  parfait.  C’est cette peine  que  les  théologiens  appellent  la  peine  du  dam, parce que les damnés dans l’enfer seront privés pour toujours des splendeurs de la vue de Dieu? Le mot qui vient ensuite: maudits, augmente encore cruellement leur effroyable malheur. En effet,  si,  au  moment  de  les  chasser  de  sa  Présence,  Dieu  avait  daigné  laisser tomber  sur  eux  la  moindre  bénédiction,  ils  en  auraient  éprouvé  un  grand soulagement.  Mais,  hélas!  ils  n’ont  rien  de  pareil  à  attendre  pour  adoucir  leur  souffrance,  et  la  Justice  divine,  en les bannissant, n’aura que trop raison de les accabler de toutes ses malédictions. Dans  le  feu  éternel.  Ces  mots  désignent  un  autre  genre  de  peine,  que  les théologiens  appellent  la  peine  du  sens,  parce  que  les  sens  du  corps  en  sont  les  organes, comme dans le supplice des verges, des fouets, ou d’autres plus graves. Mais si, de tous les tourments, le plus sensible et le plus douloureux est celui du feu, et si, d’autre part, on ajoute à cela que ces tourments n’auront jamais de fin, on  demeurera  convaincu  que  la  punition  des  damnés  est  le  comble  de  tous  les  châtiments.  Et  ce  qui  fait  mieux  sentir  encore  l’excès  de  leur  malheur,  ce  sont  ces  mots  qui  terminent  la  sentence  du  Souverain  Juge:
    qui  a  été  préparé  au  démon  et  à  ses  anges.  notre  nature  est  ainsi faite  que  nous  supportons  plus  facilement  tous  les  maux  qui  nous  atteignent,  lorsque  nous  tombons  sur  des compagnons  d’infortune  dont  la  prudence  et  la  bonté  peuvent  les  adoucir  en  quelque  manière.  Mais  quel  ne  sera  pas  le  terrible  malheur  des  réprouvés lorsque,  au  milieu  de  leurs  tortures,  ils  se  verront  dans  l’impossibilité  de s’arracher  à  la  compagnie  des  démons,  ces  êtres  si  pervers?  Cependant  la sentence  de  condamnation  portée  contre  eux  par  le  Sauveur  sera  parfaitement  juste,  puisque,  dans  leur  impiété, ils auront négligé tous les devoirs que la vraie piété  leur  imposait,  refusé de donner à manger à celui qui avait faim, à boire à celui  qui  avait  soif,  repoussé  les  étrangers  sans  leur  donner  l’hospitalité, n’auront point vêtu celui qui était nu, ni visité les prisonniers et les malades. Voilà  des  vérités  que  les  Pasteurs  doivent  redire  aux  Fidèles  le  plus  souvent  possible, afin de les en pénétrer. Rien de plus puissant, si on les croit fermement, pour  réprimer  les  mauvaises  passions  du  cœur,  et  pour  éloigner les hommes du péché.  Aussi  l’Ecclésiastique  nous  dit-il:
    Dans  toutes  vos  œuvres,  souvenez-vous  de  vos  fins  dernières,  et  vous  ne  pécherez  jamais.  C’est  qu’en  effet,  il faudrait  être  poussé  au  mal  avec  une  violence  extraordinaire,  pour  n’être  pas  ramené  à  l’amour  de  la  Vertu  par  cette  pensée  qu’un  jour  il  faudra  paraître  devant le Juge, qui est la Justice même, et Lui rendre compte non seulement de toutes  ses  actions,  de  toutes  ses  paroles,  mais  même  de  ses  pensées  les  plus  secrètes,  et  subir  le  châtiment  qu’elles  auront  mérité.  Le  juste  au  contraire  ne  peut que se sentir de plus en plus porté à la pratique de la Sainteté. Sa joie sera grande, même au sein de la pauvreté, de l’ignominie et des tourments, s’il élève ses  pensées  vers  ce  jour  glorieux  où,  après  les  combats  de  cette  vie  pleine  de  misères, il sera proclamé vainqueur devant tout l’univers, introduit dans la Patrie céleste et comblé d’honneurs divins et éternels. Ici les Pasteurs n’ont donc plus qu’à exhorter les Fidèles, et ils n’y manqueront pas, à ordonner leur vie le mieux possible, à s’exercer à toutes les œuvres de la piété, afin qu’ils puissent attendre avec  une  parfaite  confiance  ce  grand  jour  du  Seigneur,  et  même  le  désirer  avec  la plus vive ardeur, comme il convient à des enfants (qui veulent aller vers leur Père).

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