La Vie de Jésus

* Jérusalem à l'approche de la fête, regorgeait de Juifs et même de Gentils. Les Pontifes discutaient : Comment l'arrêter en plein jour, au plus épais de ce peuple fanatique ? Judas Iscariote savait-il où son Maître passait ses nuits ? Pour l'instant, a peine descendu de l'ânon, il ne se cachait plus :...<< Seigneur, avaient demandé plusieurs Gentils à Philippe, nous voudrions bien voir Jésus. >>

Il y avait des Gentils parmi ceux qui étaient venus adorer Dieu à la fête. Ils s'approchèrent de Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée, et lui adressèrent cette prière :...<< Seigneur, nous voudrions voir Jésus. >> Philippe vint et le dit à André; puis André et Philippe le dirent à Jésus.

Jésus leur répondit :...<< L'heure est venue, où le Fils de l'Homme doit être glorifié. En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de froment tombant sur la terre ne meurt pas, il ne se multiplie pas; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime son âme la perdra;et celui qui hait son âme en ce monde, la conserve pour la vie éternelle. Si quelqu'un me sert, qu'il me suive, et où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu'un me sert, mon Père l'honorera. >>


Source : (S. Jean, XII, 20-26)


* La gloire du vrai Dieu, adoré à Jérusalem, s'était manifesté avec tand d'éclat, que souvent les représentants des peuples païens venaient prendre part aux cérémonies des Juifs : une partie du Temple leur était même réservée. Certains croient que ces Gentils venaient de la part d'Abgar, roi d'Edesse, et portaient à Jésus une lettre de leur maître.

Les Gentils sont timides, ils croient que Jésus est venu pour les Juifs seuls et non pas pour eux; n'osant s'adresser au Sauveur lui-même, ils font passer leur demande par quelques-uns des Disciples qu'ils voient plus familiers avec lui; peut-être aussi connaissaient-ils Philippe, dont le pays d'origine était tout près des peuples païens.

Jésus répond :...<< Oui, laissez venir les Gentils comme les Juifs, car le moment approche où je serai glorifié, c'est-à-dire le moment où, par ma mort, je rachéterai tous les hommes du péché et de la damnation éternelle. >>

Le grain de blé jeté en terre subit d'abord une sorte de décomposition et de mort avant de germer; s'il restait intact, il ne donnerait jamais la moisson qu'on en attend. Ainsi Jésus ne peut accomplir sa mission et sauver le monde que par sa mort.

* Jésus se trouvait dans l'enceinte du Temple et annonçait cette heure où le Fils de l'Homme allait être gloirifié. Quelle sombre gloire ! A l'entendre, pour triompher il faut mourir, pour sauver sa vie, la perdre. Aussitôt après ses paroles, Jésus s'interrompt. On croit voir sa main tremblante glisser de son front à ses yeux, comme pour ne pas voir, à deux pas de lui, cette porte ouverte sur les ténèbres. L'homme en lui se débat :...<< Père délivrez-moi de cette heure ! >> Mais aussitôt il se reprend : c'est pour cette agonie et pour cette mort qu'il est venu. Ce n'est plus au peuple qu'il s'adresse mais à lui-même pour se conforter, lorsqu'il jette ce cri de victoire : Et moi, quand je serai élevé de la terre, j'attirerai tout à moi. >> On le harcelait de questions absurdes. Il allait mourir, la partie était jouée, et personne encore n'avait compris. Voici venus les derniers jours : plus jamais l'auteur de la vie ne toucherait la terre de ses pieds ni, avec ses mains, les fronts des enfants. A bout de forces, Jésus ne pouvait plus que répéter d'une voix affaiblie :...<< Je suis la lumière ! La lumière n'est plus au milieu de vous que pour un peu de temps...Soyez des enfants de lumière. >>

<< Maintenant mon ame est troublée. Et que dirais-je ? Mon Père, délivrez-moi de cette heure. Mais c'est pour cela, pour cette heure que je suis venu ! Père, glorifiez votre nom. >> Il vint alors une voix du ciel :...<< Je l'ai glorifié et je le glorifierai encore. >>

Dans la foule qui était là et qui avait entendu, les uns disaient que c'était un coup de tonnerre, d'autres :...<< Non, c'est un ange qui lui a parlé. >>

Jésus leur répondit :...<< Ce n'est pas pour moi que cette voix est venue, mais pour vous. Voici arrivée la condamnation du monde : maintenant le prince de ce monde va être chassé dehors. Et moi, quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai tout à moi. >>

Il disait cela pour marquer de quelle mort il devait mourir.

Le peuple lui répondit :...<< Nous avons appris par la Loi que le Christ demeure éternellement, et comment dites-vous : Il faut que le Fils de l'Homme soit élevé ? Quel est ce Fils de l'Homme ? >>

Jésus leur dit donc :...<< La lumière est au milieu de vous pour un peu de temps encore. Marchez pendant que vous avez la lumière, de peur que les ténèbres ne vous surprennent : celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va. Pendant que vous avez la lumière, croyez en elle, afin que vous soyez des enfants de lumière. >>


Source : (S. Jean, XII, 27-36)


* On sent déjà dans l'âme de Jésus le trouble qui éclatera le soir du Jeudi saint dans le jardin des Oliviers. La nature a peur de la souffrance et voudrait fuir cette heure suprême; mais la volonté s'y refuse, puisque la Rédemprtion du monde a été précisément le but de la venue du Sauveur. Jésus, victorieux de son trouble, demanda à son Père d'user de tous ses droits, et d'assurer la gloire de son nom, par ses propres souffrances et par sa mort. Dieu répond du ciel, il accepte le sacrifice de son Fils, mais en même temps il honore ce Fils bien-aimé, en lui rendant témoignage devant toute la foule. La voix était claire et distincte, dit saint Chrysostome, mais elle ne fut pas également comprise par tous.

Jésus continue à expliquer les effets de sa mort; le démon qui jusqu'ici a régné sur le monde, va voir son empire détruit; il ne règnait qu'au nom du péché, et le péché sera effacé pour tous ceux qui le voudront. Toutefois, l'empire du monde ne fut effectivement enlevé au démon que dans la mesure où les hommes se firent l'application des mérites de Jésus. Il en est encore de même aujourd'hui. C'est du haut de sa croix que Jésus attire davantage les coeurs, car c'est là qu'il leur donne le suprême gage de son amour, et qu'il leur inspire l'esprit de sacrifice nécessaire pour vaincre tous les obstacles. Tout en mourant sur la croix, le Sauveur demeure éternellement; il ne meurt pas comme Dieu, et même comme homme il ressuscite bientôt, pour ne plus jamais mourir. Les Juifs ne pouvaient associer ces deux pensées.

Finalement, Jésus propose les lumières de la vérité à tous : ceux qui l'écouteront sauront diriger leur vie et parvenir au ciel. Ceux qui refusent de l'entendre, seront bientôt privés de sa présence et de ses grâces , ils resteront dans les ténèbres, s'égareront dans la vie et arriveront à l'enfer.

Jésus ayant ainsi parlé s'en alla, et se cacha des Juifs. Quoiqu'il eût fait de si grands miracles devant eux, ils ne croyaient pas en lui; de sorte que s'accomplissait la parole que le Prophète Isaïe a dit :...<< Seigneur, qui a cru à ce qu'il a entendu de nous ? Et le Bras du Seigneur, a qui a-t-il été révélé ? >>

Non, ils ne pouvaient croire, car isaïe a dit encore :...<< Il a aveuglé leurs yeux et endurci leur coeur, de sorte qu'ils ne voient point de leurs yeux, ne comprennent point de leur coeur, qu'ils ne se convertissent pas et que je ne peux pas les guérir >> Isaïe a dit ces choses quand il a vu la gloire du Seigneur et qu'il a parlé de lui.

Cependant, même parmi les chefs du peuple, beaucoup crurent en lui; mais à cause des Pharisiens, ils ne le déclaraient point publiquement, de peur d'être chassés de la synagogue; car ils aimaient la gloire humaine plus que la gloire de Dieu.

Alors Jésus s'écria :...<< Qui croit ne moi ne croit pas seulement en moi, mais en celui qui m'a envoyé. Et qui me voit, voit celui qui m'a envoyé. Je suis la Lumière et je suis venu dans le monde, afin que tous ceux qui croient en moi ne demeurent point dans les ténèbres. Si quelqu'un entend mes paroles et ne les garde point, je ne le juge pas, moi, car je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour le sauver. Celui qui me méprise et ne reçoit pas mes paroles trouvera qui le juge : la doctrine que j'ai annoncée le condamnera au dernier jour, parce que je n'ai point parlé de moi-même mais mon Père lui-même, qui m'a envoyé, m'a prescrit ce que je dois dire, et ce dont je dois parler. Je sais que son commandement, c'est la vie éternelle. Ainsi ce que je dis, je le dis comme mon Père me l'a ordonné. >>

Alors Jésus vint avec les Douze à Béthanie.


Source : (S. Jean, XII, 37-50)


* Le Bras de Dieu, c'est le Christ, dit saint Augustin. Dieu a fait toutes choses par son Fils; il n'a pas de bras, comme le corps humain, mais si un homme avait une telle puissance, qu'il pût réaliser ses desseins par sa parole, sa parole pourrait être appelée son bras. << Je ne peux pas les guérir >> : L'endurcissement du coeur est le fait des hommes et la suite de leur méchanceté : Dieu n'y a part qu'en retirant ses grâces à ceux qui en ont abusé avec entêtement et perversité. Le prophète Isaïe avait en effet contemplé en esprit la gloire du Fils de Dieu (XV, 6-18). Jésus insiste sur le malheureux de ceux qui n'ont pas foi en lui, ou qui, l'ayant, la cachent au fond de leur coeur pour ne pas perdre l'estime et les faveurs des hommes : c'est Dieu même qu'ils méprisent et cette faute portera son châtiment. Jésus revient souvent sur l'importance de ne pas rester dans les ténèbres : il s'agit des erreurs qui obscurcissent l'intelligence et empêchent de voir clair dans les questions qui intéressent le plus les hommes et dont dépend leur éternité.

A savoir que la foi est la base indispensable de toute vie chrétienne; et le premier devoir des parents est de donner aux enfants une connaissance aussi exacte et aussi complète que possible de la religion chrétienne, de l'expliquer surtout par l'Evangile de Jésus-Christ, de dissiper les objections, les préjugés, les erreurs qui viennent si facilement à l'esprit. Une seule objection non éclaircie peut faire perdre la foi; une seule erreur, acceptée même de bonne foi, entraîne les conséquences les plus graves dans toute la conduite de la vie.

Jésus dans son premier avènement, n'est venu que pour donner sa vie pour le salut des hommes : il viendra les juger à son dernier avènement et il les jugera d'après la religion qu'il a enseignée au nom se son Père. Il n'y a pas à s'y tromper, le seul moyen d'arriver à la vie éternelle, c'est d'observer toutes les prescriptions de la religion chrétienne.

Le lendemain matin, les Disciples, en passant, virent le figuier désséché jusqu'à la racine. Pleins d'étonnement, ils se disaient :...<< Comme il a séché vite ! >> Et Pierre, se ressouvenant dit à Jésus :...<< Maître, voila que le figuier que vous avez maudit s'est désséché ! >>

Jésus leur répondit :...<< Ayez foi en Dieu. En vérité, je vous le dis, si vous aviez assez de foi pour ne pas hésiter, non seulement vous feriez comme je viens de faire au figuier, mais si vous disiez vous-même à cette montagne : Lève-toi et jette-toi dans la mer, il en serait ainsi. Oui, si quelqu'un dit à cette montagne : Lève-toi et jette-toi dans la mer, cela se fera, pourvu qu'il n'y ait aucune hésitation dans son coeur et qu'il croit à l'accomplissement de tout ce qu'il aura dit. C'est pourquoi je vous le dis : tout ce que vous demanderez dans la prière, croyez que vous l'obtiendrez, et il en sera ainsi. Mais quand vous serez pour prier, pardonnez, si vous avez à vous plaindre de quelqu'un, afin que votre Père, qui est dans les cieux, vous pardonne aussi vos péchés. Car si vous ne pardonnez point vous-même, votre Père qui est dans les cieux ne vous pardonnera point non plus vos péchés. >>


Source : (S. Mat., XXI, 20-22; S. Marc, XI, 20-26)


* La malédiction prononcée la veille contre le figuier l'avait fait mourir rapidement, les Apôtres s'en étonnent; Jésus en prend occasion pour recommander à nouveau la foi et la confiance en Dieu. La foi, quand elle est grande, peut réaliser les prodiges les plus éclatants; mais il va sans dire que Dieu ne fait pas de miracles inutiles. C'est la foi aussi qui donne son efficacité à la prière; par là, nous accomplissons presque à chaque instant, de petits miracles, puisque nous faisons agir Dieu, comme il ne l'aurait pas fait, si nous ne l'avions pas prié. La foi n'est pas la seule condition de la prière; nous devons pratiquer la charité envers le prochain et lui pardonner ses fautes à notre égard, si nous voulons que Dieu ne tienne pas compte de nos péchés et nous accorde les faveurs auxquelles nous n'avons pas droit. On ne remarque pas assez cette condition de la prière.

* Chaque jour, ils remontent au Temple et Jésus recommence de se battre, soutenu en apparence par tout le peuple. Aux Pharisiens qui l'interrogent comme un coupable, il ose répondre comme leur juge. Contre les ruses de ces renards, il dresse parfois sa ruse divine. S'ils l'interrogent :...<< Par quelle autorité agis-tu ? >> il leur oppose une question :...<< Le baptême de Jean était-il du ciel ou des hommes ? >> Les renards se dérobent et balbutient :...<< Nous ne savons...>> Alors Jésus triomphant :...<< Eh bien, moi non plus je ne vous dirai pas par quelle autorité je fais ces choses. >> Mais le peuple a compris, et les Pharisiens furieux s'écartent. Jésus content de sa victoire redevient familier comme aux premiers jours, il raconte des histoires et maintenant chacun commence d'en comprendre le sens.

Ils vinrent de nouveau à Jérusalem; comme Jésus se promenait dans le Temple, les Princes des prêtres, les Scribes et les Anciens s'approchèrent de lui, et lui dirent :...<< Par quelle autorité faites-vous ces choses, et qui vous a donné le pouvoir de les faire ? >> Jésus leur dit :...<< Je vous ferai moi aussi une demande; répondez-moi, et je vous dirai par quelle autorité je fais ces choses. Le baptême de Jean, d'où était-il ? du ciel ou des hommes ? Répondez-moi. >>

Mais ces hommes pensaient en eux-mêmes :...<< Si nous répondons L Du ciel : il nous dira : Pourquoi donc n'y avez-vous pas cru ? Et si nous répondons : Des hommes, tout le peuple nous lapidera, car ils sont assurés que Jean était prophète. >> Répondant donc à Jésus, ils dirent :...<< Nous ne le savons pas. >> Jésus leur dit aussi :...<< Je ne vous dis pas non plus par quelle autorité je fais cela. >> Et il commença à leur parler en paraboles.


Source : (S. Mat., XXI, 23-27; S. Marc, XI. 27-38; S. Luc, XX, 1-VIII)


* Les Princes des prêtres étaient les chefs des vingt-quatre classes des prêtres, à leur tête était le souverain prêtre; les Scribes étaient les docteurs, les savants chargés d'interpréter la Loi; les Anciens étaient des vieillards qui, avec les Princes des prêtres et les Scribes, formient le Sanhédrin, ou suprême Conseil du peuple Juif.

Le piège est habilement tendu : si Jésus dit qu'il agit au nom de Dieu, ses ennemis espère le confondre, en disant qu'eux tous ici présents sont les représentants de Dieu, forment le gouvernement seul légitime de la religion divine; or, ils censurent sa conduite, ils la condamnent; elle ne peut donc être inspirée de Dieu. Jésus n'est pas embarrassé pour échapper à cette ruse et confondre les hypocrites ennemis.

Ils vinrent de nouveau à Jérusalem; comme Jésus se promenait dans le Temple, les Princes des prêtres, les Scribes et les Anciens s'approchèrent de lui, et lui dirent :...<< Par quelle autorité faites-vous ces choses, et qui vous a donné le pouvoir de les faire ? >> Jésus leur dit :...<< Je vous ferai moi aussi une demande; répondez-moi, et je vous dirai par quelle autorité je fais ces choses. Le baptême de Jean, d'où était-il ? du ciel ou des hommes ? Répondez-moi. >>

Mais ces hommes pensaient en eux-mêmes :...<< Si nous répondons L Du ciel : il nous dira : Pourquoi donc n'y avez-vous pas cru ? Et si nous répondons : Des hommes, tout le peuple nous lapidera, car ils sont assurés que Jean était prophète. >> Répondant donc à Jésus, ils dirent :...<< Nous ne le savons pas. >> Jésus leur dit aussi :...<< Je ne vous dis pas non plus par quelle autorité je fais cela. >> Et il commença à leur parler en paraboles.


Source : (S. Mat., XXI, 23-27; S. Marc, XI. 27-38; S. Luc, XX, 1-VIII)


* Les Princes des prêtres étaient les chefs des vingt-quatre classes des prêtres, à leur tête était le souverain prêtre; les Scribes étaient les docteurs, les savants chargés d'interpréter la Loi; les Anciens étaient des vieillards qui, avec les Princes des prêtres et les Scribes, formient le Sanhédrin, ou suprême Conseil du peuple Juif.

Le piège est habilement tendu : si Jésus dit qu'il agit au nom de Dieu, ses ennemis espère le confondre, en disant qu'eux tous ici présents sont les représentants de Dieu,  forment le gouvernement seul légitime de la religion divine; or, ils censurent sa conduite, ils la condamnent; elle ne peut donc être inspirée de Dieu. Jésus n'est pas embarrassé pour échapper à cette ruse et confondre les hypocrites ennemis.

<< Donnez-moi donc votre avis. Un homme avait deux fils; s'approchant du premier, il lui dit : Mon fils, va aujourd'hui travailler à ma vigne. >> Celui-ci répondit :...<< Je ne veux pas. >> Mais après, touché de repentir, il s'en alla.

S'approchant ensuite de l'autre, il lui tint le même langage. Et celui-ci répondit :...<< J'y vais, Seigneur. >> Mais il n'y alla point. Lequel des deux a fait la volonté du père ? >> Ils lui dirent :...<< Le premier. >>

Jésus leur répliqua :...<< En vérité, je vous dis que les publicains et les femmes de mauvaise vie vous précéderont dans le Royaume de Dieu. Car Jean est venu à vous dans la voie de la justice, et vous n'avez pas cru en lui, tandis que les publicains et les femmes de mauvaise vie ont cru en lui; et vous, ayant vu cela, vous n'avez pas même eu de repentir ensuite, pour croire en lui.


Source : (S Mat, XXI, 28-32)


* Les Gentils, et le pécheurs ont d'abord désobéi à Dieu, puis ils ont fait pénitence; les Juifs, en se vantant de leur fidélité, n'ont cessé de désobéir. Admirons la patience et la miséricorde du Seigneur, et quelles que soient nos fautes, ayons confiance dans l'efficacité de la pénitence.

* A trois jours de la Passion, le ton de Jésus change et devient agressif. Il va inventer la parabole des vignerons homicides pour les Pharisiens maudits qui, soumis à la foi la trahissent dans leur coeur. Cette parabole est si audacieuse et transparente que les princes des Prêtres veulent se saisir de lui à l'heure même qu'ils l'eussent fait si le peuple ne leur avait fait peur. Cette prophétie a si brève échéance aurait du toucher leurs coeurs, car c'est le Fils bien-aimé qui s'adresse à ces homicides.

La croix existe déjà quelque part, Judas fixe le chiffre de trente deniers, tandis que Pilate lit un rapport sur le tumulte que cause parmi le peuple un certain guérisseur nazaréen. Et pourtant, Jésus, sur qui la synagogue à l'oeil, et n'ira plus loin maintenant, interpelle ces renards spécialisés dans les Écritures et leur met de force le museau dans le texte :...<< Jetant les regards sur eux, Jesus dit :...<< Qu-est-ce donc que cette parole de l'Écriture : la pierre qu'ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue le sommet de l'angle ? Quiconque tombera sur cette pierre sera brisé; et celui sur qui elle tombera sera écrasé. >>

Les Prêtres de Jérusalem ne s'effrayèrent pas, mais ils se rendaient compte qu'ils n'arriveraient à rien sans les Romains. Le délit de blasphème n'existant pas aux yeux de Rome, il s'agissait de rendre Jésus suspect, et c'est le sens de la question insidieuse posée par les agents provocateurs :...<< Nous est-il permis de payer le tribut à César ? >>

Jésus se mit alors à donner au peuple cette parabole :...<< Il y avait un homme, père de famille, qui planta une vigne, l'entoura d'une haie, y creusa un pressoir, et y bâtit une tour; il la loua ensuite à des vignerons, et s'en alla au loin, pour longtemps. Lorsque le temps des vendanges fut venu, il envoya aux cultivateurs un serviteur, afin qu'il lui donnassent du fruit de la vigne; mais eux, l'ayant pris et battu, le renvoyèrent les mains vides. Il envoya ensuite un autre serviteur. Mais l'ayant aussi battu, blessé à la tête et chargé d'outrages, ils le renvoyèrent les mains vides. Enfin, il en envoya un troisième. Les vignerons le blessèrent aussi, le jetèrent dehors et le tuèrent. Il envoya encore d'autres serviteurs plus nombreux que les premiers, et ils les traitèrent de même, frappant et lapidant les uns, massacrant les autres. Or le maître de la vigne avait un fils unique qu'il chérissait, il se dit :...<< Que ferai-je? J'enverrai mon fils bien-aimé; peut-être, lorsqu'ils le verront, le respecteront-ils ? Mais les vingerons, l'ayant vu, pensèrent en eux-mêmes : Celui-ci est l'héritier, tuons-le, afin que l'heritage soit à nous. Et l'ayant pris, ils le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. Lors donc que le maître de la vigne viendra, que fera-t-il de ces vignerons ? >> Ils lui répondirent :...<< Il fera périr misérablement ces hommes méchants et il louera sa vigne à d'autres vignerons, qui lui en rendront le fruit aux tremps marqués. >>

Jésus reprit :...<< Oui, il viendra et perdra ces vignerons, et il donnera sa vigne a d'autres. >> Ce qu'ayant entendu, ils lui dirent :...<< A Dieu ne plaise ! >> Mais Jésus, les regardant, leur dit :...<< Que signifie donc ce qui est écrit : La pierre qu'ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue la pierre angulaire ? Quiconque tombera sur cette pierre sera brisé, et elle broiera celui sur qui elle tombera. C'est le Seigneur qui a fait cela, et la merveille est sous nos yeux ! C'est pourquoi je vous déclare que le Royaume des cieux vous sera enlevé, et il sera donné à une nation qui en portera les fruits. >>

Lorsque les Princes des prêtres et les Pharisiens eurent entendu ces paraboles, ils comprirent qu'il parlait d'eux. Ils cherchèrent sur l'heure meme à mettre les mains sur lui, mais ils craignirent le peuple qui le considérait comme un Prophète.


Souirce : (S. Mat., XXI, 33-45; S. Marc, XII. 1-12; S. Luc, XX, 9-19)


* C'est l'histoire du peuple Juif : Dieu, qui est le père de famille, a traité ce peuple comme une vigne précieuse, l'a protégé contre ses ennemis et lui a donnné toutes sortes de prospérités. En échange de ses bénédictions, Dieu avait le droit d'attendre que son peuple le servirait fidèlement et pratiquerait la vertu. Il en a été tout autrement. Quand les prophètes sont venus, au nom du Seigneur, reprendre les Juifs de leur mauvais conduite, leur rappeler les presciptions de sa Loi sainte, ils n'ont pas été écoutés; au contraire, on les a persécutés, chassés, maltraités et même parfois tués.

Aprés les Prophètes, qui étaient venus en si grand nombre et avec tant d'insuccés parler aux Juifs, Dieu envoie son propre Fils, pour tenter un dernier effort près de ce peuple endurci, qui était son peuple depuis 2.500 ans. C'est au contraire l'occasion du plus grand de ses crimes. Les Juifs ont bien répondu et annoncé le supplice qui attend les coupables, tant qu'ils ont cru a une histoire, à un crime ordinaire. Jésus reprend leur réponse, et la précisant du ton, du regard et du geste, ils leur fait comprendre qu'ils sont eux-mêmes ces vignerons coupables et que le châtiment divin ne les épargnera pas. Alors ils protestent, criant que c'est un conte fait à plaisir et ne reposant sur rien. il faut que le Sauveur leur prouve que David avait parlé de la sorte, et David est pour eux une autorité incontestée.

Jésus a été repoussé par les Juifs, et cependant Dieu l'a établi comme l'unique auteur du salut; il est comme la pierre angulaire et fondamentale sur laquelle repose tout l'édifice divin. Malheur à celui qui ne se rattache pas à lui, sa perte est assurée. La doctrine du Sauveur est aussi la sauvegarde des nations : elle seule peut agir sur les consciences, réprimer les désordres, condamnant tout à la fois les excès du pouvoir comme ceux de la liberté. Voila une vérité sociale digne d'une attention spéciale. Notre histoire moderne en est la confirmation.

Jésus, reprenant, leur parla encore en parabole : Il en est du Royaume des cieux, comme d'un roi qui fit les noces de son fils. Il envoya les serviteurs appeler les convives au repas; mais ils ne voulurent point venir. Il envoya encore d'autres serviteurs, avec cet ordre : Dites aux conviés : Voila que j'ai préparé mon festin; mes boeufs et les animaux engraissés sont tués, tout est prêt, venez aux noces. Mais, ils n'en tinrent pas compte, et s'en allèrent, l'un à sa maison des champs, et l'autre à son négoce. Les autres se servirent des serviteurs, et après les avoir outragés, ils les tuèrent. Lorsque le roi l'eut appris, il en fut irrité, aussi ayant envoyé ses armées, il extermina ces meurtriers et brûla leur ville. Alors il dit à ses serviteurs : Les noces sont préparées, mais ceux qui avaient été invités n'en ont pas été dignes. Allez donc dans les carrefours, et tous ceux que vous trouverez, appelez-les aux noces. Ses serviteurs s'en allant sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, mauvais et bons, et la salle des noces fut remplie de convives. Alors le roi entra pour voir ceux qui étaient à table, et il aperçut un homme qui n'était point revêtu de la robe nuptiale. Il lui dit : Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir la robe nuptiale ? Celui-ci resta muet. Alors le roi dit à ses serviteurs : Liez-lui les pieds et les mains, et jetez-le dans les ténèbres extérieures; là seront des pleurs et des grincements de dents. Beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. >>


Source : (S. Mathieu, XXII, 1-4)


* Cette seconde parabole affirme de nouveau et développe ce qu'a dit la précédente, l'ingratitude des Juifs, leur insoumission à la volonté de Dieu, et leur réprobation. Les noces du fils du roi, c'est d'abord l'Église où Jésus est connu et aimé, puis c'est le ciel où Dieu glorifie son Fils par toutes sortes de magnificences; les hommes y sont tous invités. Les indifférents négligent la grande affaire de leur salut pour s'occuper de leurs plaisirs ou de leurs affaires, les impies ne se content pas de cela, ils persécutent la religion, insultent les ministres de Dieu et les font mourir quand ils le peuvent. Ni les uns ni les autres n'auront part au paradis, à moins qu'ils ne fassent pénitence. Après la réprobation des Juifs, tous les peuples ont été appelés à la foi; Dieu ne rebute personne, ni les bons ni les mauvais, mais à condition que les mauvais réparent leurs crimes et deviennent vertueux.

La robe nuptiale, c'est la charité, l'état de grâce; elle est indispensable pour plaire à Dieu, et mériter l'entrée du ciel. Un seul péché mortel fait perdre la grâce sanctifiante. Malheur au pécheur qui paraît au tribunal de Dieu, après que la mort l'a surpris en état de péché, l'enfer sera son partage éternel. C'est l'enfer qui désigne ces ténèbres extérieurs, où les pleurs et le désespoir sont le sort des réprouvés.

* Vingt années plus tôt, au moment de l'annexion à l'Empire, un autre Galiléen nommé Judas, avait tranché la question :...<< Nous est-il permis de payer le tribut à César ? >>, par le refus et avait été massacré, lui et ses partisans. Si Jésus eut recours au mot fameux :...<< Rends à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu >>, c'est que dans le drame du calvaire, agencé de toute éternité, il ne convenait pas que les Romains eussent un autre rôle que celui de bourreau. Israël se servira d'eux pour immoler sa victime, mais la victime lui appartient d'abord. Rome, en la personne de Pilate, n'a rien trouvé à reprendre dans Jésus.

Alors les Pharisiens laissèrent Jésus, mais en s'en allant ils tinrent conseil pour le surprendre dans ses paroles. Tout en l'épiant, ils lui envoyèrent des gens, qui, feignant d'être justes, lui tendaient des embûches par des questions insidieuses, pour le livrer ensuite aux magistrats et au pouvoir du gouverneur.

Ils envoyèrent donc leurs disciples avec des Hérodiens qui lui dirent :...<< Maître, nous savons que vous êtes vrai, que vous n'avez égard à qui que ce soit : car vous ne considérez point la personne des hommes. Dites-nous donc ce qui vous en semble : est-il permis de payer le tribut à César, ou non ?

Mais Jésus connaissant leur malice, leur dit :...<< Hypocrites, pourquoi me tentez-vous ? Montrez-moi la monnaie du tribut. >> Et ils lui présentèrent un denier. Jésus leur dit :...<< De qui sont cette image et cette inscription ? >> Ils lui répondirent :...<< De César. >> Jésus reprit :...<< Rendez donc à César, ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. >>

Ils ne purent incriminer sa parole devant le peuple et remplis d'admiration pour ses réponses, ils se turent; ils le laissèrent et se retirèrent.


Source : (S. Mat., XXII, 15-22; S. Marc, XII, 13-17; S. Luc, XX, 20-26)


* Les Pharisiens s'insinuent avec perfidie et montrent combien il faut se défier de ceux qui nous abordent avec des louanges. Le piège était tendu avec habilité; si Jésus répondait de ne pas payer l'impôt, il prêchait la révolte contre le gouvernement; s'il conseillait de le payer, il excitait les colères du peuple et l'ameutait contre lui-même. Quelle habilité dans sa réponse à ces maudits !

Les Juifs supportaient impatiemment le joug de Rome : mais puisque l'image de César donnait cours à leur monnaie, ils se reconnaissent ses sujets, et comme tels soumis au tribut. Voici un bon exemple de situation politique pénible et humiliante qu'il faut cependant supporter, dans l'intérêt même du bien commun. En sortir semble impossible, et le tenter serait aggraver le mal. L'essentiel est de rester fidèle à Dieu.

En ce même jour, quelques Saducéens, qui niaient la résurrection, s'approchèrent et l'interrogèrent en disant :...<< Maître, Moïse a écrit pour nous : Si un homme meurt sans enfant, son frère doit prendre sa femme, et susciter une postérité au défunt. Or, il y a parmi nous sept frères : le premier s'étant marié, mourut et comme il n''avait pas postérité, il laissa sa femme à son frère. Celui-ci la prit et mourut lui-même sans enfant. Le troisième l'épousa aussi et tous les sept pareillement; ils ne laissèrent pas de postérité et moururent. Enfin la femme mourut la dernière. A la résurrection donc, duquel des sept sera-t-elle la femme, puisque tous l'ont eue pour épouse ? >>

Jésus leur répondit :...<< Vous êtes dans l'erreur, vous ne connaissez ni les Ecritures, ni la puissance de Dieu, car ceux qui seront dignes du siècle futur et de la résurrection des morts, ne se marieront pas et n'épouseront pas de femmes. Ils ne pourront plus mourir, car ils seront comme des anges; ils seront les enfants de Dieu, puisqu'ils seront les fils de la résurrection. Que les morts ressuscitent, Moïse l'a montré auprès du buisson. N'avez-vous pas lu la parole qui vous a été dite par Dieu : Je suis le Dieu d'Abraham, le dieu d;Isaac, et le Dieu de Jacob ? Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants, car tous vivent en lui. >>

Et la foule, l'entendant, etait dans l'admiration de sa doctrine. Alors quelques-uns des Scribes, prenant la parole, lui dirent :...<< Maître, vous avez bien parlé. >>Dès lors, aucun des Saducéens n'osa plus l'interroger.


Source : (S. Mat., XXII, 23-33; S.Marc, XII, 18-27; S. Luc, XX, 27-39)


* La constitution particulière de la nation juive avait fait établir des lois spéciales. Ainsi pour conserver autant que possible toutes les familles, et leur laisser le coin de terre qui leur était attribué, la loi du "lévirat" fixait qu'une veuve sans enfant devait être prise en mariage par son beau-frère, et le premier enfant de ce second mariage était, au point de vue légal, réputé l'enfant du premier mari défunt et héritait de lui. Cette question était un grand sujet de discussion parmi les docteurs; les Saducéens croyaient la question insoluble, et ils en profitaient pour nier la vie future. Le but principal du mariage a été la propagation de la race humaine; les enfants doivent combler les vides faits par la mort, et la mort n'exercera plus son empire dans l'éternité. Ce n'est pas dire qu'au sein du bonheur éternel, les personnes qui se sont aimés sur la terre et les époux ne se reconnaîtront pas, ne conserveront pas les uns pour les autres une affection particulière : c'est le contraire qui est la vérité.

Les Pharisiens, apprenant que Jésus avait imposé silence aux Saducéens, se réunirent. L'un des Scribes qui avait entendu leur conversation et avait constaté comme il leur avait bien répondu, s'approcha et l'interrogea pour le tenter :...<< Maître, quel est le grand commandement de la Loi ? >>

Jésus lui répondit :...<< Le premier de tous les commanements est : Ecoute, Israël : Le Seigneur ton Dieu est le seul Dieu; tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Tel est le plus grand et le premier commandement. Mais le second est semblable à celui-là : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n'y a pas d'autre commandement plus grand que ceux-là. Ceux deux commnandements renferment la Loi et les Prophètes. >>

Et le Scribe lui dit :...<< Bien, Maître, ce que vous avez dit est la vérité, car il n'y a qu'un seul Dieu, et il n'y en a point d'autre que lui. On doit l'aimer de tout son coeur, de toute son intelligence, de toute son âme et de toute sa force; et aimer son prochain comme soi-même est plus que tous les holocaustes et tous le sscrifices. >>

Jésus voyant que cet homme avait sagement répondu, lui dit :...<< Tu n'es pas loin du Royaume de Dieu. >> Et personne parmi les Scribes n'osait plus l'interroger.


Source : (S. Mat., XXII, 34-40: S. Marc, XII, 28-34; S. Luc, XX, 40)


* Remarquons la mesure qui est indiquée pour l'amour de Dieu et pour l'amour du prochain. Il ne suffit pas de dire que nous aimons, il faut voir si mous plaçons Dieu au-dessus de tout et si nous l'aimons de tout notre être. Il faut examiner si nous avons pour le prochain les mêmes sentiments que pour nous-mêmes, si nous lui faisons en tout comme nous désirons qu'on nous fasse à nous. Combien sommes nous difficiles pour nous-mêmes et peu pour les autres !

Tous les préceptes du Seigneur ont pour but de régler nos rapports avec Dieu et avec le prochain. L'amour sincère du prochain conduit à l'action : on ne peut rester indifférent à côté du malheureux qui souffre dans son corps et que nos richesses nous permettent de soulager. On ne peut songer sans émotion au malheur de l'ignorant et du pécheur qui s'en va en enfer; le zèle rend courageux et habile pour assurer sa conversion. Voila le plus sûr moyen de plaire à Dieu.

Les Pharisiens étant rassemblés, Jésus leur demanda :...<< Que vous semble du Christ ? De qui est-il fils ? >> De David répondient-ils.

Jésus repartit, en s'adressant à la foule qui était dans le Temple :...<< Comment les Scribes disent-ils que le Christ est Fils de David ? Pourquoi donc David l'appelle-t-il en esprit son Seigneur, disant dans le libre des Psaumes : Le Seigneur a dit à son Seigneur : Asseyez-vous à ma droite, jusqu'à ce que je fasse de vos ennemis l'escabeau de vos pieds ? Si donc David l'appelle son Seigneur, comment est-il son fils ? >>

Personne ne pouvait rien lui répondre; aussi depuis ce jour, nul n'osa plus l'interroger. Mais la foule du peuple l'écoutait avec joie.


Source : (S. Mat., XXII, 41-46; S. Marc, XII, 35-37; S. Luc, XX, 41-44)


* Au psaume 109, en effet, David prononce ces paroles, dans l'inspiration prophétique : il parle du Messie et l'appelle son Seigneur, reconnaissant en lui une dignité supérieure à la nature humaine. L'Incarnation du Verbe, la double nature de Jésus, qui réunissait dans une seule personne divine le corps et l'âme du fils de David avec la divinité du Fils de Dieu, était le grand mystère que les Juifs n'arrivaient pas à saisir.

Alors Jésus, voyant le peuple attentif, parla à la foule et à ses Disciples : C'est sur la chaire de Moïse qu sont assis les Scribes et les Pharisiens. Aussi tout ce qu'ils vous disent, observez-le et faites-le; mais n'agissez pas selon leurs oeuvres, car ce qu'ils disent ils ne le font pas. Ils attachent des fardeaux pesants, qu'on ne peut porter, et ils les mettent sur les épaules des autres, mais ils ne veulent pas les remuer eux-mêmes du bout du doigt.

Ils font toutes leurs oeuvres pour être vus des hommes, ils portent de très larges phylactères et des franges fort longues; ils affectent de marcher avec de longues tuniques. Ils aiment les premières places dans les festins et les premiers sièges dans les synagogues, les salutations sur les places publiques, et il leur plaît d'être appelés maîtres par les hommes. Ils recevront une condamnation plus rigoureuse.

Pour vous, ne cherchez pas à être maîtres; car un seul est votre maître et vous êtes tous frères. N'appelez sur la terre personne votre père : car vous n'avez qu'un père, lequel est dans les cieux. Qu'on ne vous appelle point non plus docteurs, parce qu'un seul est votre docteur, le Christ. Celui qui est le plus grand parmi vous sera votre serviteur, car quiconque s'exaltera sera humilié, et quiconque sa'humiliera sera exalté.

Mais malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous fermez aux hommes le Royaume des cieux ! Vous n'entrez pas par vous-mêmes, et vous ne laissez pas entrer les autres.

Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que, sous le prétexte de vos longues prières, vous dévorez les maisons des veuves; c'est pour cela que vous subirez un jugement plus rigoureux.

Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous parcourez la mer et la terre pour faire un prosélyte, et quand il est fait, vous le rendez digne de la damnation, deux fois plus que vous.

Malheur à vous, guides aveugles ! Vous dites : Quiconque jure par le Temple, ce n'est rien; mais quiconque jure par l'or du temple, doit ce qu'il a juré. Insensés et aveugles, lequel est le plus grand, l'or, ou le Temple qui sanctifie l'or ?

Et quiconque jure par l'autel, ce n'est rien; mais quiconque jure par l'offrande déposée sur l'autel, est engagé. Aveugles, lequel est le plus grand, l'offrande, ou l'autel qui sanctifie l'offrande ?

Celui donc qui qui jure par l'autel, jure par lui, et par tout ce qui est sur lui. Et quiconque jure par le Temple, jure par lui, et par Celui dont il est la demeure. Et celui qui jure par le ciel, jure par le trône de Dieu et par Celui qui y est assis.

Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, qui payez la dime de la menthe, de l'aneth et du cumin, et qui avez négligé les choses les plus graves de la Loi, la justice, la misericorde et la foi. Ces choses, il fallait les accomplir, mais ne pas omettre les autres. Guides aveugles, vous employez un filtre pour ecarter un moucheron, et vous avalez un chameau.

Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, tandis qu'au dedans vous êtes pleins de souillures et de rapines.

Pharisien aveugle, nettoie d'abord le dedans de la coupe et du plat, et veille après que le dehors soit également net.

Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous ressenblez à des sépulcres blanchis, qui au dehors paraissent beaux aux hommes, mais au dedans sont pleins d'ossements de mort et de toute sorte de pourriture. Ainsi vous, au dehors, paraissez justes aux yeux des hommes, mais au dedans vous êtes pleins d'hypocrisie et d'iniquité.

Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ! Vous bâtissez les tombeaux des Prophètes et ornez les monuments des justes, et vous dites : Si nous avions été du temps de nos pères, nous n'aurions pas été leurs complices pour verser le sang des Prophètes. Ainsi vous vous donnez à vous-mêmes le témoignage que vous êtes les fils de ceux qui ont tué les Prophètes.

Comblez donc aussi la mesure de vos pères. Serpents, race de vipères, comment fuirez-vous la condamnation de la géhenne ?

Voici que moi-même je vous envoie des prophètes, des sages et des docteurs; vous tuerez et crucifierez les uns, vous flagellerez les autres dans vos synagogues, et vous les poursuivrez de ville en ville; en sorte que retombera sur vous tout le sang innocent qui a été versé sur la terre, depuis le sang du juste Abel jusqu'au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le Sanctuaire et l'autel.

En vérité, je vous le dis, tous ces crimes retomberont sur cette génération.

Jérusalem ! Jérusalem ! qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés, conbien de fois ai-je voulu rassembler les enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et tu ne l'as pas voulu !

Voila que votre maison abandonnée restera déserte. Car je vous le dis, vous ne me verrez plus, jusqu'à ce que vous disiez : Béni celui qui vient au nom du Seigneur !


Source : (S. Mat., XXIII, 1-36; S. Marc, XII, 38-40; S. Luc, XX, 45-47)


* Les Scribes et les Docteurs avaient pouvoir pour enseigner la religion au peuple, mais c'est un grand malheur quand ceux qui enseignent ne donnent pas, par leurs vertus, autorité à leur parole. Jésus avait épuisé les voies de la douceur pour ramener ses ennemis, il avait réfuté toutes leurs objections, au point de les réduire tous successivement; au silence. Ne soyons pas surpris par l'indignation du Sauveur. Ses malédictions représente une image des reproches, qui attendent les pécheurs au jour du jugement. Veillons à ne pas les mériter. jesus est Dieu, il doit venger l'outrage qui est fait à son infinie majesté; il est Sauveur, il ne peut contenir son indignation contre les fourbes qui perdent les âmes, alors que lui-même fait tout pour les sauver.

Note : Interprétant à la lettre et non d'après leur esprit certains textes de Moïse, où il est commandé d'avoir la Loi toujours devant les yeux, les Juifs en écrivaient des maximes sur des bandelettes de parchemin, qu'ils s'attachaient au bras et au front.

Le mot << phylactère >> signifie mémorial de la Loi du Seigneur. Les Pharisiens se piquaient de porter ces bandelettes plus larges que les autres.

Au temps de Jésus-Christ, il y avait deux classes d'hommes : les uns étaient libres, et eux seuls étaient traités comme des hommes; les autres étaient esclaves, et c'était de beaucoup le plus grand nombre. Jésus montre que tous les hommes sont frères. Rien n'a plus fait pour changer l'état social et supprimer l'esclavage. Le sens des recommandations de Jésus est clair : assurément il doit y avoir des maîtres et des serviteurs dans la société, il y a aussi des pères et des enfants; mais n'ayez pas l'esprit orgueilleux et dominateur des Pharisiens, regardez-vous tous comme des frères et traitez-vous avec une fraternelle bonté.

La seule ambition qui doive exister au sein de la famille chrétienne est celle de rendre plus de services, de faire plus de bien avec une abnégation absolue, n'attendant de récompense qu'au ciel.

Les Docteurs empêchaient le salut des fidèles, en les scandalisant par leur mauvaise conduite, en exigeant d'eux des sacrifices trop difficiles, et en combattant l'oeuvre de Jésus. C'était un scandale d'employer pour leurs usages personnels des aumônes qui devaient avoir un emploi plus utile et plus digne. Leur vie scandaleuse faisait les prosélytes evenir parjures, et retourner au paganisme. Les prosélytes étaient des Gentils convertis au judaïsme.

<< Vous dites : Quiconque jure par le Temple, ce n'est rien; mais quiconque jure par l'or du temple, doit ce qu'il a juré. >> : On voit là une des distinctions subtiles et odieuses, par lesquelles les Pharisiens déshonoraient la religion.

Jésus emploie les comparaisons les plus saisissantes et les plus populaires, pour que sa pensée frappe tous les esprits : s'effrayer d'un moucheron et avaler un chameau, comme c'est bien l'hypocrite qui montre de l'horreur pour de légères imperfections, et se rend coupable sans rougir des crimes les plus odieux. Les deux comparaisons suivantes sont aussi frappantes et rappellent qu'il n'y a pas de vertu réelle, si elle n'est d'abord dans le coeur.

Jésus dit aux Scribes et aux Pharisens que, malgré leurs protestations hypocrites, ils ne valent pas mieux que leurs pères :...<< La conduite que vous tenez à mon égard et celle que vous tiendrez à l'égard de mes Disciples le prouve bien; aussi on vous demandera compte de tant de sang injustement versé par vous et par les vôtres. >>

Le grand châtiment mentionné par Jésus :...<< En vérité, je vous le dis, tous ces crimes retomberont sur cette génération >> : fut infligé au peuple Juif par la prise de Jérusalem et la destruction de la ville, la mort incalculable de Juifs après toutes les horreurs d'un long siège, et la dispersion du reste de la nation à travers le monde. Cela arriva en 70, trente et quelques années après que Jésus l'avait prédit et alors que vivaient encore la plupart de ceux qui l'avaient entendu. << Voila que votre maison abandonnée sera déserte. >> : Votre ville sera détruite, vous serez délaissés de Dieu, je ne vous visiterai plus, si ce n'est à la fin des temps, lorsque vous me reconnaîtrez pour le Messie.

* Les Pharisiens n'interrogent plus Jésus, pour ne pas être humiliés devant la foule. Au courant de ce qui se trame, ils prennent patience. Parfois le Nazaréen les provoque avec une parabole, mais ils se dérobent; ils préparent leur réponse qui sera sanglante. Dans l'attente de l'heure, le Seigneur n'agit presque plus. Il en est à regarder passer les gens : les scribes vêtus de longues robes salués part ous à cause de leurs prières qui n'en finissent pas, les fidèles qui mettent leurs offrandes dans le tronc. Appuyé à une colonne, dans l'entrée du Temple, Jésus s'irrite, se moque des Pharisiens, mais aussi s'attendrit sur la veuve qui offre à Dieu son indigence même.

Jésus, étant assis vis-à-vis du tronc, regardait comme le peuple y jetait l'argent; or nombre de riches en jetaient beaucoup. Il vint aussi une pauvre veuve qui y mit deux petites pièces, le quart d'un as.

Appelant alors ses Disciples, il leur dit :...<< En vérité je vous le dis, cette pauvre a déposé plus que tous ceux qui ont mis dans le tronc. Car tous ont mis de leur abondance, mais celle-ci a mis de son indigence même, tout ce qu'elle avait, tout ce qui lui restait pour vivre. >>


Source : (S. Marc, XII, 41-44; S. Luc, XXI, 1-4)


* L'as valait environ 8 centimes, donc, la veuve avait donné 2 centimes. Grande consolation pour les pauvres et les petits : Dieu ne regarde pas à l'importance de ce que l'on donne ou de ce que l'on fait pour lui, mais au sacrifice que l'on s'impose et à l'amour qui inspire le don. Le riche peut avoir sa récompense comme le pauvre, mais il est obligé de donner davantage, selon ses ressources, et avec un égal amour pour Dieu et pour le prochain.

* Ainsi, durant ces dernières heures, Jésus regarde les gens passer, comme un agitateur filé par la police serait assis à la terrasse d'un café, sachant qu'on peut l'arrêter d'une seconde à l'autre. Comme aucun visage ne retenait plus son attention, ses yeux demeurèrent fixés sur le temple. La voix de l'un de ses Disciples se fit entendre :...<< Ah ! Maître, les belles pierres ! et comme elles sont ornées ! quelle bâtisse ! >> Alors Jésus dit :...<< Des jours viendront où de tout ce que vous regardez-là, il ne restera pas une pierre sur une autre pierre qui ne soit renversée. >> Ce fut le silence et personne n'osa lui répondre, alors que maintenant, il franchissait le Cédron qui coule au bas du temple et gravissait le mont des Oliviers. Enfin ils se décidèrent à lui demander :...<< Maître, quand ces choses arriveront-elles ? A quel signe reconnaîtra-t-on qu'elles sont près de s'accomplit ? >> Jésus répondit :...<< Cette génération ne passera pas que tout cela se soit accompli. >> Cette génération fut en effet, le témoin et la victime de la ruine de Jérusalem. Seuls les Chrétiens surent échapper aux soldats de Rome et trouver le salut dans les montagnes d'Edom, selon ce que leur avait recommandé le Seigneur.

Comme Jésus sortait du Temple et qu'il s'en allait, ses Disciples s'approchèrent de lui pour lui faire remarquer la structure de cet édifice. L'un d'eux lui dit :...<< Maître, voyez quelles belles pierres et quels bâtiments. >> D'autres vantaient ses belles assises et la richesse de ses ornements. Mais Jésus prenant la parole leur dit :...<< Vous voyez toutes ces choses, toutes ces grandes cosntructions. En vérité, je vous le dis, il viendra un jour ou tout sera détruit; il n'en restera pas pierre sur pierre. >>

Et lorsqu'il se fut assis sur la montagne des Oliviers, en face du temple, les Disciples s'approchèrent discrètement de lui. Pierre, Jacques, Jean et André l'interrogèrent à part :...<< Maitre, dites-nous quand ces choses arriveront, quel sera le signe de votre avènement et de la consommation du siècle. A quels indices enfin verra-t-on que toutes ces choses von s'accomplir > >>


Source : (S. Mat., XXIV, 1-2; S. Marc, XIII, 1-2; S. luc, xxi, 5-6)


* On sait que Titus avait ordonné de préserver le Temple lors de la prise de Jérusalem. Un soldat poussé, dit-il, par une force irrésistible, y jeta un tison embrasé, et toutes les splendeurs du Temple furent réduites en cendres. Les Apôtres n'ont pas compris la parole de Jésus, ils croient que le Temple sera détruit seulement à la fin du monde. De fait, la ruine de Jérusalem étant la figure de la fin des temps, la Sainte Ecriture ne sépare guère ces deux évènements, appliquant à l'un ce qui convient à l'autre. La réponse de Jésus est dans le même sens.

* Entre cette ruine et les signes dans les astres et les raz-de-marée qui annonceront le commencement de la fin, Jésus ne place qu'un intervalle indéterminé. Et lui qui sait tout, sait aussi que sa vision n'est pas conforme a celle des siens et qu'elle les induit en erreur. Mais cette erreur bienheureuse les armera d'une espérance assez forte pour conquérir la terre. Rien ne comptera plus à leurs yeux des gloires de ce monde condamné, et condamné à brève échéance. S'ils avaient cru qu'après dix-neuf siècles, les chrétiens en seraient encore à attendre la manifestation du Fils de l'homme, peut-être se seraient-ils endormis.

Au vrai, le Seigneur, en brouillant les perspectives, ne les trompe pas. Car le monde finit pour chacun de nous, au jour de notre mort. Et c'est vrai d'une vérité individuelle, qu'aucun de nous ne sait ni le jour ni l'heure où le soleil s'éteindra pour lui, où la lune aura fini de baignez les charmilles de son enfance, où les étoiles se perdront toutes à la fois dans l'immense ténèbre qui se renfermera sur lui. Terreur de la mort subite.

Sans doute, un jour, Jésus Notre Seigneur apparaîtra dans la nuée avec une grande puissance et une grande gloire. Cette lumière éclairera en plein, la destinée de chaque âme humaine. Quelle espérance ! Quelle surprise et quelle révélation pour ceux qui ignorent le Christ ou qui ont oublié son Saint nom. Nous devrions toujours garder à l'esprit que Jésus est déguisé et masqué au milieu des hommes, caché dans les pauvres et dans les infirmes.

Veillez donc, parce que vous ne savez pas à quelle heure votre Seigneur doit venir. Prenez garde surtout que vos coeurs ne s'appesantissent dans la gourmandise, l'ivresse et les soins de cette vie, et que ce moment ne vous surprenne soudain. Comme un filet, il enveloppera tous ceux qui habitent sur la face de la terre. Veillez donc et priez toujours, afin que vous soyez dignes d'éviter tous ces maux à venir et de paraitre avec confiance devant le Fils de l'Homme. Ayez soin de veiller et de prier, car vous ne savez quand ce temps doit venir.

Quand un homme part pour un long voyage et laisse sa maison, il donne pouvoir à ses serviteurs, à chacun suivant sa fonction, et recommande au portier de veiller. Veillez donc, vous aussi, car vous ignorez quand viendra le maître de la maison, le soir ou au milieu de la nuit, ou au chant du coq, ou le matin; craignez que, venant subitement, il ne vous trouve endormis.

Et ce que je vous dis, je le dis à tout le monde : veillez.


Source : (S. Mat., XXIV, 42-51; S. Marc, XXIII, 33-37; S. Luc, XXI, 43-36)


* Que la mort vienne dans une catastrophe générale, ou dans un accident personnel, elle arrive toujours à l'improviste, et quand on y pense le moins: soyons donc toujours prêts, afin qu'elle ne nous surprenne pas en mauvais état. Quelle folie de vivre dans un état où l'on ne voudrait pas mourir !

Nous sommes les serviteurs de Dieu; à chacun une mission a été confiée, il lui sera demandé un compte sévère à la fin de la vie. Ne nous exposons jamais à être pris en défaut.