La Vie de Jésus

Alors il en sera du royaume des cieux comme de dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, allèrent au-devant de l'époux et de l'épouse. Cinq d'entre elles étaient folles et cinq étaient sages. Or, les cinq folles prirent leurs lampes, sans prendre d'huile avec elles; tandis que les sages prirent de l'huile dans leurs vases avec les lampes. L'époux tardant à venir, elles s'assoupirent toutes, et s'endormirent. Mais, au milieu de la nuit, un cri s'éleva : Voici l'époux qui vient; allez au-devant de lui.

Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et préparèrent leur lampe, les folles demandèrent aux sages :...<< Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s'éteignent. >> Les sages leur répondirent :...<< Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous; allez plutôt vous en procurer chez les marchands. >> Pendant qu'elles allaient en acheter, l'époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces et l'on ferma la porte. Plus tard, les autres jeunes filles arrivèrent à leur tour et dirent :...<< Seigneur, Seigneur, ouvrez-nous !. >> Il leur répondit :...<< Amen, je vous le dis, je ne vous connais pas. >> Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure.


Source : (S. Mat., XXV, 1-13)


* C'est une allusion à ce qui avait lieu dans les mariages Juifs; l'époux en habits de fête, avec ses compagnons d'honneur, se rendait à la fin du jour chez les parents de sa fiancée. Celle-ci l'attendait, parée et entourée de dix compagnes d'honneur. Le cortège se formait et, à la lueur des lampes, on se rendait à la maison de l'époux, où avait lieu le festin nuptial, dont les étrangers étaient soigneusement exclus. Cette parabole nous apprendre à traiter Dieu comme l'époux de nos âmes.

Jésus parlait à ses disciples de sa venue; il disait cette parabole :...<< un homme, qui partait en voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens. A l'un il donna une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul, à chacun selon ses capacités. Puis il partit. Aussitôt, celui qui avait reçu cinq talents s'occupa de les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n'en avait reçu qu'un creusa la terre et enfouit l'argent de son maître. Longtemps après, leur maître revient et il leur demande des comptes. Celui qui avait reçu cinq talents s'avança en apportant cinq autres talents et dit : Seigneur, tu m'as confié cinq talents; voila, j'en ai gagné cinq autres. Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître. Celui qui avait reçu deux talents s'avança ensuite et dit : Seigneur, tu m'as confié deux talents; voila, j'en ai gagné deux. Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maitre. Celui qui avait reçu un seul talent s'avança ensuite et dit : Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n'as pas semé, tu ramasses là où tu n'as pas répandu le grain. J'ai eu peur, et je suis allé enfouir ton talent dans la terre. le voici. Tu a ce qui t'appartient. Son maître lui répliqua : Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n'ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l'ai pas répandu. Alors il fallait placer mon argent à la banque; et, à mon retour, je l'aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix. Car celui qui a recevra encore, et il sera dans l'abondance. Mais celui qui n'a rien se fera enlever même ce qu'il a. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dehors dans les ténèbres; l à il y aura des pleurs et des grincements de dents ! >>


Source : (S. Mathieu, XXV, 14-30)


* Le talent était une monnaie romaine de grande valeur. Ce texte parle d'un homme qui partait en voyage et qui appela ses serviteurs et leur confia ses biens. L'homme de cette parabole, c'est Jésus lui-même, les serviteurs sont ses disciples et les talents représentent les dons que Jésus leur confie. Ces talents représentent aussi les richesses que Notre Seigneur Jésus-Christ nous a laissées en héritage, afin que nous les fassions fructifier. Cette parabole insiste sur l'attitude intérieure avec laquelle il faut accueillir et valoriser ce don. L'attitude à ne pas avoir est celle de la peur, car une pièce de monnaie cachée par crainte dans la terre ne produit aucun fruit. N'est-ce pas ce qui arrive à ceux qui reçoivent le Baptême, la Communion, la Confirmation, mais ensevelissent ces dons sous une couche de préjugés, sous une fausse image de Dieu, laquelle paralyse la foi et les oeuvres ? Cette parabole souligne davantage les bons fruits portés par les disciples de Jésus qui, heureux du don reçu, l'on fait fructifier en le partageant.

Quand le fils de l'homme viendra dans sa gloire, escorté de tous les anges, alors il prendra place sur son trône de gloire.

Devant lui seront rassemblées toutes les nations, et il séparera les gens les uns des autres, tout comme le berger sépare les brebis des boucs. Il placera les brebis à sa droite, et les boucs a sa gauche.

Alors le Roi dira à ceux de droite : "Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparer depuis la fondation du monde. Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire, j'étais un étranger et vous m'avez accueilli, nu et vous m'avez vêtu, malade et vous m'avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir. "

Alors les justes lui répondront : "Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te désaltérer, étranger et de t'accueillir, nu et de te vêtir. malade ou prisonnier et de te venir te voir ?

Et le Roi leur fera cette réponse : "En vérité, je vous le dis, dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. "

Alors il dira encore à ceux de gauche : "Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges. Car j'ai eu faim et vous ne m'avez pas donné à manger, j'ai eu soif et vous ne m'avez pas donne à boire, j'étais un étranger et vous ne m'avez pas accueilli, nu et vous ne m'avez pas vêtu, malade et prisonnier et vous ne m'avez pas visité."

Alors ceux-ci lui demanderont à leur tour : "Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé où assoiffé, étranger où nu, malade ou prisonnier, et de ne te point secourir ?"

Alors il leur répondra : "En vérité, je vous le dis, dans la mesure où vous ne l'avez pas fait à l'un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l'avez pas fait.?"

Et ils s'en iront, ceux-ci à une peine éternelle, et les justes à une vie éternelle.


Souirce : (S. Mathieu, XXV, 31-46)


* Ce récit situe clairement l'action à ce jour annoncé par les prophètes et les textes d'apocalypse juive comme le dernier, celui du jugement ultime préludant à l'élimination définitive du mal dans l'humanité, un jour dominé par Dieu. Le récit du Jugement dernier met en face du Juge les chrétiens mais aussi les païens, ceux qui ne connaissent pas le Christ mais ont vécu, sans le savoir, en conformité avec la règle principale autour de laquelle les hommes sont jugés. Quand il est dit que le Fils de l'homme rassemblera << les élus >> en présence de toutes les races de la terre, les élus sont évidemment les membres de l'Église. Ce sont eux qui seront directement soumis au jugement final, en fonction de ce qu'ils auront été supposés faire durant leur vie.

Quand Jésus eut achevé tous ces discours, il dit à ses  Disciples :...<< Vous savez que la Pâque se fera dans deux jours, et que le Fils de l'homme sera livré pour être crucifié. >> Le lendemain, dès le matin, tout le peuple se portait vers le Temple, pour entendre Jésus, mais il ne vint pas ce jours-là.

La Pâque et le temps des azymes commençaient deux  jours après.

Alors les Princes des prêtres, les Scribes et les Anciens du peuple s'assemblèrent dans la salle du grand-prêtre appelé Caïphe, et tinrent conseil sur les moyens de s'emparer de Jésus par ruse et de le faire mourir. Mais ils craignaient le peuple, aussi disaient-ils :...<< Que ce ne soit pas au jour de la fête, de peur qu'il ne s'élève du tumulte dans la foule. >>

En ce même temps, Satan entra dans Judas qui était nommé Iscariote, l'un des Douze. Il s'en alla trouver les Princes des prêtres et les Magistrats pour leur livrer Jésus. Il leur dit donc :...<< Que voulez-vous me donner et je vous le livrerai ? >>

En l'entendant, ceux-ci furent ravis et ils promirent de le payer trente pièces d'argent. Judas s'engagea donc, et il chercha l'occasion favorable de le leur livrer sans tumulte.


Source : (S. Mat., XXVI, 1-6-14-16; S. Marc, XIV, 1-11; S. Luc, XXII, 1-6)


* Jésus ne parut pas à Jérusalem le mercredi : il passa ses dernières heures à Béthanie, dans la prière et de suprêmes épanchements avec sa divine Mère, avec ses Disciples et avec la famille aimée qui lui offrait l'hospitalité. Pendant les huit jours de la Pâque, les Juifs ne devaient manger que des pains azymes, ou sans levain, en souvenir de leur départ précipité de l'Egypte. 

Judas n'avait pas correspondu aux grâces qu'il avait reçues depuis son appel à l'apostolat. Loin de refréner son avarice, il l'avait développée volant les aumônes déposées dans la bourse du Sauveur, dont il avait la garde; il va devenir l'instrument docile du démon. Judas n'était pas un mauvais homme, puisque Jésus en avait fait un de ses Apôtres et lui donna le don des miracles. Les autres avaient des défauts comme lui, à commencer par saint Pierre, dont on connaît l'apostasie, mais avec patience, ils travaillèrent à s'en corriger, tandis que Judas abusa des grâces. L'offre de Judas fit modifier la résolution des prêtres; ils crurent pouvoir impunément profaner la fête.

* Chaque soir à Béthanie, Jésus vivait l'angoisse de ce qu'il allait souffrir. Il vivait dans sa pensée la Passion, coup de fouet par coup de fouet, crachat par crachat. Il traînait déjà le bois de la croix. Les disciples observaient le maître en se taisant, ils se raccrochaient à sa promesse de revenir bientôt. 

La dernière nuit avant celle de l'agonie, au chant du coq, il avertit Pierre et Jean d'aller à la ville préparer le repas pascal. La Pâque de cette année-là tombait le jour du sabbat. Sans doute un ami averti attendait les disciples. Ce frère disposant dans sa maison les tapis et les coussins autour de la table, et fait immoler au Temple l'agneau rituel. A peine arrivés, ils se disputèrent les places autour de Jésus. Jean se plaça à la droite du Seigneur. Selon le rite, Jésus bénit la première coupe de vin. Il leur rappela que parmi eux le plus grand devait être le plus petit.

Enfin arriva le jour des azymes, où l'on devait immoler l'agneau pascal. Les Disciples s'approchèrent de Jésus et lui dirent :...<< Où voulez-vous que nous allions vous préparer le repas de la Pâque ?>>

Jésus envoya deux de ses  Disciples, Pierre et Jean, en leur disant :...<< Allez, préparez tout pour que nous mangions la Paque. >>  Mais ils lui dirent :...<< Où voulez-vous que nous la préparions ? >> Il leur répondit :...<< Dès que vouis entrerez dans la ville, vous rencontrerez un homme portant une cruche d'eau, suivez-le dans la maison où il entrera, et vous direz au père de famille de la maison :...<< Le Maitre vous dit : Mon temps est proche; c'est chez vous que je ferai la Pâque avec mes Disciples. Où est la salle dans laquelle je pourrai manger l'agneau pascal avec eux ? Et il vous montrera un grand cénacle meuble; faites-y les préparatifs. >>

Ses Disciples s'en allèrent et vinrent dans la ville; ils trouvèrent tout comme il le leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque. 

Avant le jour solennel de la Pâque, Jésus sachant que son heure était venue de passer de ce monde à son Père, et ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'à la fin. 

Le soir étant arrivé, il vint avec les Douze, et quand l'heure fut venue, il se mit à table avec eux. Alors il leur dit :...<< J'ai souhaité d'un ardeur désir manger cette Pâque avec vous, avant de souffrir. Car je vous le dit, je ne la mangerai plus désormais, jusqu'à ce qu'elle soit accomplie dans le Royaume de Dieu. >> 

Et ayant pris le calice, il rendit grâces, en disant :...<< Prenez-le et distribuez-le entre vous. Car je vous le dis, je ne boirai plus du fruit de la vigne, que le Royaume de Dieu ne soit arrivé. >>


Source : (S. Mat., XXVI, 20; S. Marc, XIV, 16-27; S. Luc, XXIV, 18; S. Jean, XIII, 1)


* Les habitants de Jérusalem se faisaient un devoir d'offrir à leurs frères étrangers un local pour la Pâque. Le soir du jeudi, on ne mangeait l'agneau pascal qu'après le coucher du soleil, alors que commençait un nouveau jour. D'après la manière de compter des Juifs, la Cène avait lieu, cette année-là, le vendredi; d'après la nôtre; le jeudi soir. Jésus préparait depuis longtemps l'institution de l'Eucharistie; il souhaitait ardemment donner aux hommes cette suprême marque d'amour. Ce n'est point encore le calice eucharistique, mais un usage patriarcal dans ces sortes de festins. Je ne boirai plus de vin avant d'avoir réalisé les conditions exigées pour l'établissement de mon Église et l'exécution du salut du monde.

* Cherchant le plus grand abaissement, Jésus lava les pieds de ses Disciples, lui pourtant, qui est l'auteur de la vie. Il lava les pieds de Judas tandis que seul, Pierre se débattait et protestait. Il fallut que Jésus insista avec fermeté :...<< Si je ne te lave pas, tu n'auras pas part avec moi ! >> Alors Pierre dit :...<< Seigneur, non seulement les pieds, mais encore les mains et la tête...>>

* L'âme pure et simple de Pierre dit Céphas resplendit, mais en même temps, tout près de lui, s'élève cette odeur de corruption et de mort spirituelle que Notre Seigneur Jésus-Christ ne peut plus supporter. Il murmure :...<< Vous êtes purs, mais non pas tous. >> L'odeur de cette âme le tourmente et il ne peut plus supporter cette odeur. 

Les Disciples n'ont rien deviné et rien compris. Peut-être n'aime-t-il pas Judas leur camarade, trop près de ses sous, comme on dit. Pourtant il a raison de défendre la bourse commune; certes, il est un peu sournois, mais chacun à sa nature. Jésus n'a plus la force de dissimuler :...<< En vérité, je vous le dis : l'un d'entre vous me trahira. >>

Cette parole terrible éclate dans la salle assombrie et maintenant silencieuse. Chacun des Disciples s'interroge lui-même, examine sa conscience et tous harcèlent le Maître :...<< Est-ce moi ? Mais non, ce n'est pas moi ! >> A la gauche du Christ, tout près de son oreille, la voix de Judas tremble :...<< Maître, serait-ce moi ? >> Sans doute il ne savait pas encore; il hésitait. On peut penser que tout au fond de lui, une lutte désespérée  le déchirait, lorsque l'âme se debat contre les mauvaises pensées. Mais à la fin elle sera vaincue. Pourtant Jésus a aimé Judas et peut-être l'aime-t-il encore. 

Judas se sent défaillir et angoissé, il demande au Maitre :...<< Maître, serait-ce moi ? >> La réponse du Christ fut donnée à voix basse d'un accent déchirant:...<< Tu l'as dit. >> Le Seigneur venait de perdre un de ses petits, parce que Judas était un de ceux qu'il avait choisis. Pourtant, durant ces trois années, il y avait eu entre eux tant de tendres paroles échangées entre eux. Jésus s'en va selon ce qui est écrit mais malheur à l'homme par qui est trahi le Fils de l'Homme. Il eut mieux valu pour lui n'être jamais né.

C'est un lourd silence qui s'ensuit et Pierre qui était à la dernière place fait signe à Jean couché sur l'épaule du Seigneur, pour lui demander :...<< De qui parle-t-il ? >> C'est à celui à qui sera présenté le morceau de pain trempé dans le plat. La bouchée fut présentée à Judas qui, assis de l'autre côté de la table, avait du entendre; du moins il avait vu la tête de Jésus se pencher sur celle de Jean, son préféré. A cette seconde précise :...<< Satan entra en lui. >>

Judas était fou de jalousie, trop fin pour ne pas avoir compris qu'on le tenait à l'écart. La haine qui tout à coup se déchaîne dans ce malheureux, Jésus n'était plus en état de la supporter, lui qui avait à souffrir encore toute la Passion. Cette présence réelle, substantielle, de Satan dans une âme créée pour l'amour, excédait ce qui lui restait de forces. Il supplia donc Judas :...<< Ce que tu as dessein de faire, fais le vite. >>

Judas, fou de haine, se leva. Puisque le Maître l'envoyait à son destin, pourquoi y aurait-il résisté ? Il avait été aimé juste assez pour être inexcusable de trahir. Sa rancune l'étouffait. Il ouvrit donc la porte et entra dans la nuit.

Lorsqu'il eut dit ces paroles, Jésus fut troublé en son esprit; puis il prla ouvertement à ses Disciples qui étaient à table et continuaient le repas :...<< En vérité, en vérité, je vous le dis, un de vous me trahira. La main de celui qui me trahira est avec moi, à cette table. il mange avec moi. >>

Les Disciples se regardaient l'un l'autre, se demandant de qui il parlait : accablés sde tristesse et d'effroi, ils commençèrent à lui demander en particulier :...<< Est-ce moi, Seigneur ? >> Mais Jésus répondit :...<< L'un des Douze, qui met avec moi la main dans le plat, c'est celui qui me trahira. Pour ce qui est du Fils de l'Homme, il s'en va, selon ce qui a été écrit de lui; mais malheur à l'homme par lequel il sera livré ! Il vaudrait mieux pour cet homme qu'il ne fût pas né. >>

Prenant à son tour la parole, Judas le traître dit :...<< Est-ce moi, Maître ? >> Il lui répondit :...<< Tu l'as dit ! >>


Source : (S. Mat., XXVI, 21-25; S. Marc, XIV, 18-21; S. Luc, XXII, 21-23; S. Jean, XIII, 21-34)

Cependant, dit Jésus, voici que la main de celui qui me trahit est avec moi à table. Ils se demandaient encore qui était celui d'entre eux qui devait faire cela. Or, l'un des Disciples, celui que Jésus aimait, reposait sur son sein. 

Simon Pierre lui fit donc signe, et lui dit :...<< De qui parle-t-il ? >> Ce Disciple s'étant penché sur la poitrine de Jésus lui dit :...<< Seigneur, qui est-ce ? >> Jésus répondit :...<< C'est celui à qui je présenterai du pain trempé. >> 

Et ayant trempé du pain, il le donna à Judas, fils de Simon Iscariote. Dès que Judas eut mangé le pain, Satan entra en lui, et Jésus lui dit :...<< Ce que tu fais, fais-le au plus tôt. >>

Mais aucun de ceux qui étaient à table ne sut pourquoi il faisait cela : quelques-uns pensaient que, comme Judas avait la bourse, Jésus lui avait dit :...<< Achète ce qu'il nous faut pour la fête, ou donne quelque chose aux pauvres. >>

Judas ayant donc pris le pain sortit aussitôt. Il était nuit. Dès qu'il fut sorti, Jésus dit :...<< Mainternant le Fils de l'Homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu a été glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même, et c'est bientôt qu'il le glorifiera. >>


Source : (S. Jean, XIII, 23-32)


* Sans doute le mot de Jésus à Judas lui avait été dit trop bas pour être entendu de tous. Saint Jean se trouvait devant Jésus et mieux placé pour s'entretenir avec le divin Maître. La Passion de Jésus glorifie le Père, et le Père glorifiera le Fils par la Résurrection.

Mes petits enfants, je ne suis que pour un peu de temps encore avec vous. Vous me chercherez, et comme j'ai dit aux Juifs : Ou je vais, vous ne pouvez venir, je le dit aussi présentement. 

Je vous donne un commandement nouveau : c'est que vous vous aimiez les uns les autres, comme je vous ai aimés. C'est en cela que tous connaîtront que vous êtes mes Disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres.

Simon Pierre lui dit :...<< Seigneur, ou allez-vous ? >> Jésus lui répondit :...<< Ou je vais, tu ne peux me suivre à présent; mais tu me suivras plus tard.  >> Pierre lui dit :...<< Pourquoi ne puis-je vous suivre à présent ? Je donnerais ma vie pour vous ! >> 

Jésus lui répondit :...<< Tu donnerais ta vie pour moi ! En vérité, en vérité, je te le dis, le coq ne chantera pas que tu ne m'aies renié trois fois. >>


Source : (S. Jean, XIII, 33-38)


* Le précepte de la charité est en effet un commandement nouveau sous la forme et au degré que Jésus réclame. On n'en trouve pas trace dans l'antiquité. Quiconque veut être disciple du Sauveur et obtenir une vie éternelle doit attacher la plus grande importance à ce précepte, donné avec tant de solennité, et au moment suprême. Il faut aimer comme Jésus, non pas seulement de sentiment et de parole, mais d'action et de dévouement, sacrifiant, s'il le faut, nos biens et notre personne pour nos frères.

Jésus parle de ses supplices et de sa mort : Pierre le suivra  dans cette voie, mais seulement plus tard. L'apôtre proteste, entraîné par son amour pour le Christ. Le reniement de saint Pierre est prédit par trois fois.

Le Seigneur dit encore :...<< Simon, Simon, voila que Satan a demandé à vous cribler comme le froment, mais j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point; et toi, quand tu seras  converti, affermis tes frères. >> 

Pierre lui dit :...<< Seigneur, je suis prêt à aller avec vous, et en prison, et à la mort. >> Mais Jésus lui répondit :...<< Je te le dis, Pierre, le coq aujourd'hui ne chantera point que par trois fois tu n'aies nie me connaître. >>

Jésus dit ensuite à tous :...<< Quand je vous ai envoyés sans sac,. sans bourse et sans chaussures, quelque chose vous a-t-il manqué ? >> Ils répondirent :...<< Rien. >> ... << Mais maintenant, reprit Jésus, que celui qui a un sac ou une bourse les prenne; et que celui qui n'en a point vende sa tunique, et achète une épée. Car, je vous le dis, il faut encore que cette parole de l'Ecriture s'accomplisse en moi : Il a été mis au rang des scélérats.  Or, tout ce qui me regarde sera bientôt accompli. >>

Ils répondirent :...<< Voici deux épées. >> ... << C'est assez >> leur dit-il.


Source : (S. Luc, XXII, 31-38)


* Le Seigneur met le singulier pour faire éclater l'infaillibilité de Pierre. Tous les autres peuvent être ébranlés par les assauts de Satan; Pierre et ses successeurs, les Papes, resteront toujours fermes dans la foi. Cette faveur ne lui est pas accordée pour un avantage personnel, c'est une grâce préparée ainsi pour tous les chrétiens, puisque, en suivant docilement les enseignements du Pape, ils seront préservés des erreurs si funestes au salut. 

Jésus ne révoque pas la doctrine qu'il a donnée et qu'il vient de rappeler : mais enviageant les terribles scènes de la Passion qui se préparent, il dit que le moment serait venu de déployer la plus grande énergie, s'il fallait agir à la façon des hommes et chercher à fuir le danger. << C'est assez. >> : C'est assez de parler sur ce sujet, puisque Jésus ne veut pas fuir les humiliations et le supplice qui lui sont réservés. 

Que votre coeur ne se trouble point. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi.

<< Dans la maison de mon Père, il y a beaucoup de demeures. S'il n'en était pas ainsi, je vous l'aurais dit; je vais vous préparer une place. Je m'en vais donc, mais quand je vous aurai préparé une place, je reviendrai, et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis vous soyez aussi. Or, où je vais vous le savez, et vous en savez le chemin. >>

Thomas lui dit :...<< Seigneur, nous ne savons pas où vous allez, comment pouvons-nous en savoir le chemin ? >>

Jésus lui répondit :...<< C'est moi qui suis la voie, la vérité et la vie. Personne ne vient à mon Père que par moi. Si vous m'aviez connu, vous auriez aussi connu mon Père; mais bientôt vous le connaîtrez, et même vous l'avez déjà vu. >>

Philippe lui dit :...<< Seigneur, montrez-nous votre Père et cela nous suffit. >>

Jésus lui répondit :...<< Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissdez pas ? Philippe, qui me voit,  voit aussi mon Père Comment dis-tu : Montrez-nous votre Père ? Ne croyez-vous point que je suis en mon Père, et que mon Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même.  Et pour mes oeuvres, elles sont accomplies par mon Père qui demeure en moi. Ne croyez-vous pas que je suis dans mon Père, et mon Père est en moi ? Croyez-le au moins à cause de mes oeuvres. En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit ne moi fera lui-même les oeuvres que je fais, et il en fera de plus grandes encore, parce que je m'en vais à mon Père. Et quoi que vous demandiez à mon Père en mon nom, je le ferai, afin que mon Père soit glorifié dans le Fils. Et si vous me demandez quelque en mon nom, je le ferai. Si vous m'aimez, gardez mes commandements. Pour moi, je prierai mon Père, et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu'il demeure éternellement avec vous. C'est l'esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit pas et ne le connaît pas : mais vous, vous le connaîtrez, parce qu'il demeurera au milieu de vous, et qu'il sera en vous. Je ne vous laisserai point orphelins; je viendrai avec vous. Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus. Mais vous, vous me verrez, parce que je vis, et que vous vivrez aussi. En ce jour-là, vous connaîtrez que je suis en mon Père, vous en moi, et moi en vous. Celui qui connaît mes commandements et les garde, c'est celui-là qui m'aime. Or, celui qui m'aime sera aimé de mon Père, et moi je l'aimerai, et je me manifesterai à lui. >>

Judas, un autre que l'Iscariote, lui dit :...<< Seigneur, d'où vient que vous vous manifesterai à nous et non au monde ? >>

Jésus lui répondit :...<< Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon pere l'aimera, nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure en lui. Celui qui ne m'aime point ne garde pas mes paroles. Or la parole que vous avez entendue n'est pas de moi, elle est de mon Père, qui m'a envoyé. Je vous ai instruits pendant que je demeurais avec vous. Mais le Paraclet, le Saint-Esprit, que mon pere enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix; mais ce n'est pas comme le monde la donne que je vous la donne. Que votre coeur ne soit pas trouble, qu'il ne s'effraie surtout point. Vous avez entendu que je vous ai dit : Je m'en vais et je reviens à vous. Si vous m'aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais à mon Père, parce que mon Père est plus grand que moi. Je vous dis ceci maintenant, avant que la chose n'arrive afin que vous croyiez quand elle sera arrivée. Je ne vous parlerai plus longtemps, car le prince de ce monde vient, quoiqu'il n'est aucun droit sur moi; mais il faut que le monde connaisse que j'aime mon Pere et que j'accomplis ce que mon Père m'a commandé. Levez-vous, sortons d'ici. >>

Ayant récité l'hymne d'actions de grâces, il sortit pour aller selon sa coutume sur la montagne des Oliviers : ses Disciples le suivirent.


Source : (S Jean, XIV, 1-31; S. Mat., XXVI, 30; S. Marc, XIV, 26; S. luc, XXII, 39)


* Le Sauveur veut fortifier ses Apôtres contre les tristesses qui les attendent : le ciel est la grande joie qui soutient au milieu de toutes les épreuves. Ce sublime discours jetait les Apôtres dans le ravissement. Les enseignements de Jésus, pendant trois ans, n'avaient tendu qu'à prouver sa divinité; croire en Dieu et pratiquer sa doctrine, c'est la voie du ciel. Les Apôtres le savaient, mais ne l'avaient encore compris : Jésus retournait à son Père. Philippe comprend qu'il s'agit d'une connaissance matérielle, comme dans les apparitions faites aux Patriarches : mais le Sauveur parle de la connaissance de la divinité même, que nous avons par la foi. Qui connait le Fils connaît aussi le Père, puisque les deux ne possèdent qu'une seule et même divinité.

Les Apôtres et d'autre saints ont fait des prodiges plus remarquables que ceux du Sauveur lui-même et converti des foules plus nombreuses. Jésus affirme son égalité avec le Père; que nous nous adressions au Père ou au Fils, nous pouvons tout obtenir. Paraclet veut dire consolateur, et aussi avocat, assistant, aide : Jésus-Christ a été tout cela, le Saint-Esprit le sera aussi. Jésus quittera le monde, mais ses amis sentiront encore sa présence invisible par l'effet de la grâce; ils jouiront de lui intérieurement et aussi par l'Eucharistie, en attendant la pleine manifestation du ciel. Puisque cette manifestation intime est l'effet de la grâce sanctifiante, elle ne peut se produire que dans ceux qui évitent le péché, en accomplissant tous les Commandements de Dieu. Par la grâce, l'âme est intimememt associée à Dieu. Le Saint-Esprit a pour mission de donner la vie à l'Eglise, d'en être l'âme jusqu'à la fin des siècles : c'est lui qui éclaire les esprits, anime les coeurs,  inspire la pratique des vertus, suscite et développe  le magnifique mouvement de foi, de bonté et de civilisation qui transforme le monde et le ramène au plan primitif de Dieu.

La paix que donne le Sauveur est d'un ordre tout intime et surnaturelle. Elle assure le calme, la confiance et le bonheur au milieu des luttes les plus terribles, en face des supplices et de la mort même. Jésus est l'égal de son Père, comme Dieu, il lui est inférieur comme homme. Le démon, prince de ce monde, va accomplir son oeuvre de haine; il vient en compagnie de la personne de Judas et des Juifs. Jésus consent à être livré, afin d'accomplir la volonté de son Père, qui lui a donné mission de racheter ainsi le monde. La suite de ce discours fut prononcée pendant le trajet, depuis le cénacle jusqu'au jardin des Oliviers.

Jésus :...<< Je suis la vraie Vigne, et mon Père est le Vigneron. Toutes les branches qui ne porteront pas de fruit en moi, il les retranchera; et toutes celles qui porteront du fruit, il les émondera pour qu'elles en portent encore davantage. Vous êtes déjà purs et émondés, selon la parole que je vous ai dite. Demeurez en moi et moi en vous. Comme la branche ne peut porter de fruit par elle-même, si elle ne demeure unie à la vigne, ainsi vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Je suis la vigne, et vous les branches. Si quelqu'un demeure en moi, et moi en lui, il portera beaucoup de fruit; mais, sans moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il sera jeté dehors comme le sarment, et il séchera; on le ramassera, on le jettera au feu, et il brûlera. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez tout ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé. C'est la gloire de mon Père que vous portiez beaucoup de fruit, et que vous deveniez mes disciples. Comme mon Père m'a aimé, je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi-même j'ai gardé les commandements de mon Père et je demeure dans son amour. Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit complète. Voici mon commandement, c'est que vous vous aimiez les uns les autres, comme je vous ai aimés. Personne n'a un plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appellerai plus mes serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître. Mais vous, je vous ai appelés parce que tout ce que j'ai appris de mon Père, je vous l'ai fait connaître. Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis et vous ai établis, pour que vous alliez, que vous rapportiez du fruit, et que votre fruit demeure. Pour cela, tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, il vous le donnera. Ce que je vous commande, c'est que vous vous aimiez les uns les autres. >>


Source : (S. jean, XV, 1-17)


* En se rendant au jardin des Oliviers, Jésus et les Apôtres traversèrent les nombreux champs de vigne qui s'étendaient sur les coteaux autour de Jérusalem : le Seigneur en prend occasion pour donner les plus sublimes enseignements. 

La comparaison du chrétien et de la vigne contient les instructions les plus pratiques et les plus utiles. Ainsi le jardinier doit tailler, couper impitoyablement pour que la récolte soit plus abondante : de même Dieu éprouve ses serviteurs par la tentation, la persécution, la souffrance sous toutes les formes, afin d'affermir dans les vertus et d'augmenter les mérites. C'est par la pureté du coeur et la grâce sanctifiante que nous appartenons à la vigne mystique qui est Jésus : le péché mortel nous en séparerait. 

Si vous m'êtes unis par la charité, mon Père vous exaucera comme il m'exauce moi-même : c'est un des motifs de la fécondité assurée à l'union avec Jésus. Vos vertus, le fruit de vos prédications, les hommes que vous aurez convertis glorifieront mon Père; il  sera en effet mieux connu, mieux aimé et mieux loué par un grand nombre de ses créatures. 

Au moment suprême où le coeur de Jésus laisse déborder tous ses secrets, c'est le grand précepte de la charité fraternelle qui revient sans cesse et est affirmé avec la plus grande énergie. Personne ne peut prétendre au titre d'ami de Jésus, s'il n'imite le Maître; s'il n'a au coeur un vif et profond désir de contribuer au salut des hommes, ses frères; s'il n'est disposé à sacrifier ses forces, son influence, sa fortune, sa santé et sa vie pour les arracher à l'erreur et au vice, à la misère présente et à l'éternelle damnation.

Les nations de ce monde ressemblent en cela aux individus; on peut leur faire l'application complète de cette doctrine. Qu'elles la pratiquent, ce sera le bonheur de tous et la paix universelle.

Si le monde vous hait, sachez qu'il m'a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui est à lui; mais parce que vous n'êtes point du monde, et que je vous ai séparés du milieu du monde, c'est pour cela que le monde vous hait. 

Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : Le serviteur n'est pas plus grand que son maître. S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi; s'ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre. Mais ils vous traiteront de la sorte à cause de mon nom, parce qu'ils ne connaissent point celui qui m'a envoyé.

Si je n'étais pas venu,  et que je ne leur eusse point parlé, ils ne seraient point coupables; mais maintenant ils n'ont pas d'excuse de leur péché. Qui me hait, hait aussi mon Père. Si je n'avais pas fait parmi eux des oeuvres que nul n'a faites, ils n'auraient point de péché; mais maintenant ils les ont vues, et ils me haïssent, moi et mon Père. Ainsi s'accomplit la parole qui est écrite dans leur Loi : Ils m'ont haï sans motif.

Mais lorsque sera venu le Paraclet que je vous enverrai du Père, l'Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage de moi. Et vous aussi, vous me rendrez témoignage, parce que depuis le commencement vous êtes avec moi.

Je vous ai ainsi prévenus afin que vous ne soyez point scandalisés. Ils vous chasseront des synagogues, et l'heure vient où quiconque vous fera mourir croira rendre hommage à Dieu. Ils vous traiteront ainsi, parce qu'ils ne connaissent ni mon Père ni moi.

Je vous ai dit ces choses, afin que lorsque leur heure sera venue, vous vous souveniez que je vous les ai dites. Je ne vous les ai pas dites dès le commencement, parce que j'étais encore avec vous. Mais maintenant je m'en vais à Celui qui m'a envoyé, et personne de vous ne me demande : Où allez vous ? Mais parce que je vous ai ainsi parlé, votre coeur s'est rempli de tristesse.


Source : (S. Jean, XV, 18-27; XVI, 1-6)


* << Qui me hait, hait aussi mon Père > : Ceci est surtout contre les Juifs qui croyaient honorer le Père, en rejetant Jésus, qui se disait Fils de Dieu.

<< Mais lorsque sera venu le Paraclet que je vous enverrai du Père, l'Esprit de vérité qui procède du Père >> : Si l'Esprit est envoyé par le Fils, il y a aussi relation ou procession du Fils au Saint-Esprit; c'est donc avec raison que l'Église enseigne que le Saint-Esprit procède à la fois du Père et du Fils, c'est-à-dire qu'il est produit par les deux.

<< Et vous aussi, vous me rendrez témoignage, parce que depuis le commencement vous êtes avec moi >> : Le Saint-esprit, en venant, comme le Sauveur l'avait annoncé, et en accomplissant tous les prodiges qui ont marqué la fondation de l'Église, a bien prouvé que Jésus était Dieu et avait fait une oeuvre divine. Les Apôtres, soutenus par le Saint-Esprit, l'ont aussi affirmé dans le monde entier, et leur parole méritait confiance, puisqu'ils disaient ce qu'ils avaient vu et entendu, et qu'ils fortifiaient leur prédication par beaucoup de miracles.

<< Ils vous chasseront des synagogues, et l'heure vient où quiconque vous fera mourir croira rendre hommage à Dieu >> : Il y a eu réellement des persécuteurs de bonne foi, qui, mal instruits de la religion, ont cru bien faire en persécutant le christianisme. Leur erreur les excusait, peut-être, parce que leur ignorance pouvait être involontaire, mais elle ne dispensait pas de rester fidèle à la religion.

Jésus doit parler plus clairement qu'il ne la jamais fait, afin d'éclairer et de fortifier ses Apôtres. Mais ceux-ci ont tort de s'arrêter aux choses de la terre; ils feraient mieux de s'informer du lieu où va leur Maître, de ce qu'il y fera, de la protection dont il les entourera en demeurant près de son Père : un tel entretien leur donnerait joie et confiance.

Les Apôtres devaient être tristes, après les effrayantes confidences de Jésus, et en présence du changement si considérable qui s'annonçait pour eux. Il serait bon de se mettre à leur place pour mieux apprécier leurs sentiments; avoir si longtemps cru que Jésus ferait un royaume avec une cour et des armées, pour sauver le pays à la façon de David... puis entendre toutes ces explications ! Quel bouleversement ! Ils n'y comprennent plus rien. Cependant, quand le Saint-Esprit les eut éclairés, ils comprirent la beauté et la grandeur de leur mission, le bonheur de travailler et de souffrir pour le Sauveur.

Jésus :...<< Encore un peu de temps et vous ne ne verrez plus; et encore un peu de temps et vous me reverrez, parce que je vais à mon Père. >>

Alors plusieurs de ses Disciples se dirent l'un à l'autre :...<< Que veut-il nous dire : Encore un peu de temps et vous ne ne verrez plus; et encore un peu de temps et vous me reverrez, parce que je vais à mon Père.  >> Ils disaient donc :...<< Que signifie ce : Encore un peu de temps ? Nous ne savons ce qu'il veut dire. >> 

Mais Jésus, voyant qu'ils voulaient l'interroger, leur dit :...<< Vous vous demandez les uns les autres ce que signifie ce que j'ai dit : encore un peu de temps et vous ne ne verrez plus; encore un peu de temps et vous me reverrez. En vérité, en vérité, je vous le dis, vous gémirez, vous pleurerez, et le monde se réjouira; vous serez dans la tristesse, mais votre tristesse se changera en joie. La femme, lorsqu'elle enfante, est dans l'angoisse, parce que son heure est venue : mais lorsqu'elle a mis son enfant au jour, elle ne se souvient plus de sa souffrance, à cause de sa joie qu'un homme soit ne au monde. Et vous aussi,  vous voila maintenant dans la tristesse; mais je vous verrai de nouveau, votre coeur se réjouira, et personne ne vous ravira votre joie. En ce jour-la vous n'aurez plus à m'interroger sur rien. >>


Source : (S. Jean, XVI, 16-23)


* Jésus prédit à la fois sa Résurrection et la récompense qu'il accordera aux Apôtres, à leur mort. Mais ces vérités restent mystérieuses et obscures pour eux jusqu'à la venue du Saint-Esprit. Les Apôtres vont être dans la désolation, par suite de la Passion et de la mort du Sauveur; sa résurrection les consolera. Et aussi, pendant toute votre vie désormais, vous aurez des épreuves à supporter, vous n'aurez aucune part aux joies du monde : mais votre mort marquera le commencement d'une joie sans fin. C'est dans ce sens surtout que Jésus ajoute, quelques lignes plus loin : personne ne pourra vous ravir votre joie, et alors vous n'aurez plus besoin de m'interroger sur rien, connaissant toutes choses dans la vision des bienheureux au ciel.

En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous demandez quelque chose à mon Père en mon nom, il vous le donnera. Jusqu'ici vous n'avez rien demandé en mon nom : demandez, vous recevrez et vous serez au comble de la joie.

Je vous ai souvent enseigné par des paraboles. L'heure vient où je ne parlerai plus en paraboles, mais je vous parlerai ouvertement de mon Père. En ce jour-là, vous demanderez en mon nom, et je ne vous dis pas que je prierai mon Père pour vous, car mon Père lui-même vous aime, parce que vous m'avez aimé et que vous avez cru que je suis sorti de Dieu.

Je suis sorti de mon Père, et je suis venu dans le monde : je quitte de nouveau le monde, et je vais à mon Père.

Ses Disciples lui dirent :...<< Voila que maintenant que vous parlez ouvertement, et que vous n'employez aucune parabole. Maintenant nous voyons que vous savez toutes choses et que vous n'avez pas besoin que l'on vous interroge; en cela nous croyons que vous êtes sorti de Dieu. >>


Source : (S. Jean. XVI, 23-30)


* C'est une grande consolation encore, que la ressource et la puissance merveilleuse de la prière, dans la tristesse que cause aux Apôtres le départ du Sauveur. Souvent Jésus en a parlé, il ne l'a jamais fait avec autant de netteté et de précision. 

Nous sommes les maîtres de toutes les richesses du ciel, nous avons la certitude d'obtenir tout ce que nous voudrons : non seulement Jésus obtient pour nous, en mettant tout son crédit à notre disposition, mais Dieu le Père nous aime d'un amour paternel et s'empresse d'exaucer nos désirs. 

Quel dommage que tant de chrétiens sachent si peu utiliser cette toute-puissance de la prière et méritent le reproche du Sauveur :...<< Jusqu'ici, vous n'avez rien demandé en mon nom. >>

Jésus leur répondit :...<< Vous croyez maintenant ? Voici que l'heure vient, déjà elle est venue, où vous serez dispersés, chacun de son côté, et vous me laisserez seul. Cependant non, je ne suis pas seul, parce que mon Père est avec moi. Vous tous vous serez scandalisés à cause de moi cette nuit, car il est écrit : Je frapperai le Pasteur et les brebis du troupeau seront dispersées. Mais après que je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée. >>

Alors Pierre lui dit :...<< Quand tous seraient scandalisés à cause de vous, pour moi, jamais je ne me scandaliserai. >> Jésus lui répondit :...<< En vérité, je te le dis, cette nuit même, avant que le coq chante, avant qu'il ait fait entendre deux fois sa voix, tu me renieras trois fois. >> Mais Pierre répliquait encore :...<< Quand il me faudrait mourir avec vous, je ne vpus renierai point. >> Et tous les Disciples parlèrent aussi de la même manière.

Jésus ajouta :...<< Je vous ai dit toutes ces choses, afin qu'en moi vous ayez la paix. Dans le monde vos aurez des tribulations. Mais ayez confiance; j'ai vaincu le monde. >>


Source : (S. Mat., XXVI, 31-35; S. Narc, XIV, 27-31; S. Jean, XVI, 31-32)


* Malgré cet entretien si profond avec ses Apôtres, Jésus ne perd pas de vue la passion qui approche : son âme en contemple toutes les circonstances et en sent le poids accablant; c'est avec une amère trtistesse que lui échappe cette réflexion, comparant la foi enthousiaste de ses Apôtres en ce moment avec le lâche abandon dont il sera victime dans quelques heures.

Pierre aimait le Sauveur avec l'impétuosité de sa nature ardente, la seule pensée d'une infidélité le fait bondir. Mais l'amour de Pierre est gâté par deux défauts qui amenèrent la chute du malheureux apôtre. D'abord il est présomptueux, il compte sur lui-même et ne songe pas à demander à Dieu la grâce qui lui serait nécessaire pour persévérer au moment du danger; puis son orgueil le porte à mépriser les autres; tous les autres peuvent vous abandonner, moi jamais.

<< Mais ayez confiance; j'ai vaincu le monde. >> : Voila la suprême consolation des fidèles dans l'épreuve et la souffrance : aprés tout, je ne suis pas abandonné, Dieu est mon père et il demeure avec moi.

Voila résumé le but de tout ce long et admirable discours; le temps des persécutions approche, n'ayez pas de découragement, conservez toujours la paix et la confiance. Les persécutions ne vous surprendront pas, puisque je vous les ai indiquées d'une manière si nette et si affirmative; elles ne doivent pas vous abattre, puisque je ne vous abandonnerai jamais, que ma protection vous entourera toujours. Par ma mort, je triomphe du monde; par vos souffrances et votre mort, je complèterai ma victoire et je convertirai des peuples entiers.

Après ces paroles, Jésus leva les yeux au ciel et dit :...<< Mon Père, l'heure sst venue, glorifiez votre Fils, afin que votre Fils vous glorifie, selon la puissance que vous lui avez donnée sur toute chair, afin qu'il communique la vie éternelle à tous ceux que vous lui avez donnés  La vie éternelle, c'est vous connaître, vous le seul vrai Dieu, et celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ. Je vous ai glorifié sur la terre; j'ai achevé l'oeuvre que vous m'avez chargé d'accomplir. Et maintenant, vous, mon Père, glorifiez-moi en vous-même de la gloire que j'ai eue en vous, avant le commencement du monde. >>


Source : (S. Jean, XVII, 1-5)


* L'heure suprême est arrivée; Jésus demande à son Père de le glorifier, c'est-à-dire qu'il le soutienne, qu'il lui donne d'accomplir son sacrifice, car ce sacrifice montre mieux que tout le reste sa sainteté, sa puissance et sa divinité. Son but et sa preoccupation sont de glorifier son Père, d'user du pouvoir qu'il a reçu sur tous les hommes pour les conduire au ciel.

La gloire de Dieu est le seul bien auquel le Créateur et le Souverain Maître ne peut renoncer; elle consiste en ce qu'il soit connu par lui-même et dans ses oeuvres, en ce qu'il soit loué et aimé comme il le mérite. C'est aussi en cela que consiste la vie éternelle, le souverain bien des créatures se confondant avec le souverain bien de Dieu. 

Jésus-Christ, comme Dieu, même pendant sa vie terrestre, n'a jamais pu être privê de cette gloire; mais son Humanité sainte, son corps et son âme, va bientôt être associée à cette gloire ineffable, au lieu des humiliations et des souffrances qui ont été ici-bas son partage.

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